Machine

 

 

 

 

 

 

 

La machine est le pur esprit.

 

 

 

Les ordinateurs emploient leur mémoire à l’infini. Les ordinateurs ne savent pas créer parce qu’ils ne rencontrent jamais la joie d’oublier, ils ne rencontrent jamais l’extase de perdre.

 

 

 

Lorsque le corps délègue sa mémoire à la machine, il n’est plus apte à mémoriser son oubli, il n’est plus apte à transformer sa disparition en mémoire. La mémoire de la machine n’est pas une composition de formes, elle est un réseau de signes. La machine mémorise, cependant elle n’imagine pas la forme de son oubli. A travers la machine, le corps ne fait qu’enregistrer son oubli en tant qu’information ou en tant que phantasme.

 

 

 

L’homme délègue sa mémoire à la machine comme s’il désirait mémoriser le monde en dehors de sa chair. Cependant la maladresse de l’homme est de ne pas mémoriser à l’intérieur de sa chair l’événement du don de sa mémoire à la machine, de ne pas mémoriser l’événement de l’invention même de cette machine.

 

 

 

La machine occupe une place cependant elle ne révèle pas la particularité d’un lieu. La machine n’a pas lieu parce qu’elle ignore l’oubli. La machine ignore la posture d’apparaître. La machine ne fait que concevoir à chaque seconde la substance de substitution du possible.

 

 

 

 

 

Le travail des machines intéresse sans jamais passionner. L’oisiveté de l’âme passionne sans jamais intéresser.

 

 

 

Au lieu d’utiliser les machines, saluer leur mémoire avec le magma de fragilité de l’oubli.

 

 

 

Ritualiser les contacts avec les machines afin de transformer les actes techniques en gestes érotiques.

 

 

 

La machine à détruire les machines somnole à l’intérieur du lait par contumace du crâne.