Langage
Le langage est une prothèse d’existence.
Le langage est un outil à provoquer le vide.
Le langage invente la forme d’un vide au lieu précis où surgit malgré tout une présence.
Le langage est la machine à devenir je au sommet du vide.
Le tact du langage immisce l’excroissance du squelette en marge du vide.
Le langage révèle la soif d’illusion du jour.
Le langage existe en dehors de l’homme et la malédiction de l’homme est de ne pas savoir comment exister en dehors du langage. Le langage est la transcendance dérisoire de l’homme, sa religion ridicule.
Le langage n’est rien d’autre que la religion du possible. Le langage explétive la matière à travers la lumière du possible.
Le lapsus ontologique du langage est de signifier pour l’éternité avant même d’apparaître au monde.
La lettre du langage est ontologiquement divertie à travers la lumière du sens. La lettre du langage est toujours lue à travers la distraction de lumière du sens avant d’exister. La lettre du langage est toujours lue à travers n’importe qui avant d’apparaître écrite. La lettre du langage est toujours lue à travers l’indifférence du désir de l’espèce humaine avant d’apparaître lue par l’existence particulière à qui elle apparaît destinée.
L’apparition du monde n’est pas abolie par l’approximation irresponsable du langage, l’apparition du monde est abolie à travers la responsabilité infinie du sens. Que le langage ne coïncide pas avec le monde tel est le hasard miraculeux de son humour, cependant que le langage croie pouvoir se substituer au monde même est la niaiserie fastidieuse de l’interdit.
Le tout dire s’adresse au néant de la lumière.
Celui qui dit tout ne peut le dire qu’à personne. Celui qui dit tout ne peut le dire qu’au néant de son identité.
Il est futile de désirer tout dire. En effet la nécessité de dire a lieu selon une suite particulière d’instants qui fragmente le tout.
Le désir de tout dire souhaite dissimuler le rire de terreur du hasard de l’oubli. Le hors-tout dire apparaît destiné à la mystification de l’aujourd’hui.
Le logos reste comme un os superflu en marge du corps. Le logos reste comme un os de luxe. Le logos reste comme l’os de syncope de la déraison en dehors de la pensée.
L’homme dispose d’un os en surplus, un os d’utopie automatique, un os comme une prothèse à tout faire, l’os du logos. Cet os en trop est l’instance qui hallucine l’identité du corps. Lorsque l’os du logos supplée le corps, le corps devient un squelettre.