Nombres
Les mathématiciens miment l’intact.
Les mathématiciens miment le temps et l’espace avec l’ossature d’imminence de leur disparition.
Les mathématiciens ont le tact d’audace d’oublier la mort.
Chaque démonstration mathématique révèle une constellation de morsures et de sourires.
Chaque démonstration mathématique multiplie tranquillement les morsures et les sourires.
Le mathématicien dissèque ses propres organes avec les mâchoires d’hallucination courtoise de son haleine.
Les mathématiciens ont un œil à la place du nombril, des oreilles à la place des yeux et des paupières à la place des oreilles. Ils désirent ainsi comme des tortionnaires délicats.
La mathématicienne dissèque par tendresse et l’écrivain symbolise par violence. Ces deux gestes apparaissent destinés l’un à l’autre à l’instant où ils dorment à ciel ouvert.
Les nombres mutilent la finitude.
Les nombres indiquent sans jamais le révéler l’intervalle infini qui les relie. Un nombre n’est pas une matière ou une forme, il est une relation. Chaque nombre est une relation singulière de l’infini. Chaque nombre est la relation d’ombre singulière de l’infini.
Le nombre change le nom de l’ombre en nombril de l’infini.
Un nombre est un sentiment qui change de nom à chaque seconde.
Les nombres révèlent la bonté intolérante des noms.
Avant que le zéro soit inventé, un moins un est je vois.
Le gag du zéro jongle la destruction du choix entre un et deux.