Michaux en Désordre
Michaux mime l’hésitation du chemin. Michaux mime l’hésitation du chemin avec ses mâchoires. Michaux mime l’hésitation du chemin avec la catatonie de ses mâchoires.
Michaux s’achemine parmi les poignards de la poussière, parmi les sabres du sable, parmi les épées de dentelles et parmi les couteaux de coton.
Michaux cherche son chemin parmi l‘explosion de son corps. Michaux cherche son chemin parmi l’amnésie de son corps. Michaux cherche son chemin parmi l‘explosion d’amnésie de son corps.
Pour Michaux, chaque empreinte de pas révèle la chausse-trappe du grand combat.
Pour Michaux, chaque empreinte de pas de l’homme révèle aussi un piège à tigre. Et parfois même l’empreinte de pas du tigre apparait elle aussi comme un piège à tigre.
Michaux cherche le chemin du ciel au cœur même de la bataille.
Michaux distingue méthodiquement la blessure et douleur. Michaux sait qu’il y a des blessures insouciantes et des douleurs indemnes.
Michaux enchevêtre la violence et la prudence. Michaux enchevêtre la violence et la prudence en une bobine de circonspection, en une bobine de circonspection brutale.
Michaux frappe l’autre comme si l’autre était la porte de quelque chose et frappe quelque chose comme si quelque chose était la chausse-trappe de quelqu’un.
Michaux utilise le poignard de son épuisement pour combattre. Michaux utilise le poignard de farine de son épuisement, le poignard de chaux de son épuisement pour combattre.
Michaux éduque l’épouvante à coups de coton. Michaux éduque la paix à coups de revolver.
Michaux essaie de découvrir des conjonctions de coordination parmi les massacres.
Michaux cherche la sainteté de la violence. Michaux cherche la sainteté explétive de la violence. Michaux cherche la sainteté apocryphe de la violence.
Michaux écorche le nom du secret. Michaux sait que les écorchés attendent entre les secrets des hommes.
Michaux prend le bien de l’autre en impatience. Michaux perd son mal en patience et le bien de l’autre en impatience.
Michaux dissèque le flux des métamorphoses comme un requin, comme un requin inquiet. Michaux a une allure de requin épuisé, de requin épuisé et inquiet.
Michaux doute de ses amis et a foi en ses ennemis.
Michaux appelle ses ennemis au secours. Michaux appelle l’armée de ses ennemis au secours.
Michaux emploie ses ennemis comme vide-poches. Michaux emploie ses ennemis comme vide-poches de son ombre.
Michaux oscille à chaque instant entre le mépris et l’humilité. Michaux oscille à chaque instant entre la morgue, la morgue magnanime et la sagesse humble.
Michaux a des pulsions d’hésitation. Michaux a des pulsions de circonspection. Michaux a des pulsions de perplexité.
Michaux ausculte le chômage de l’âme. Michaux ausculte les déflagrations de chômage de l’âme.
Michaux mâche le travail de son oisiveté. Michaux mâche le travail du vide. Michaux mâche le travail d’oisiveté du vide.
Michaux exorcise même les excuses.
Michaux enseigne l‘exorcisme dans l’œil de la mouche. Michaux escroque l’exorcisme dans l’œil de la mouche. Michaux coordonne l’exorcisme dans l’œil de la mouche.
Michaux est si faible qu’il se fracasse souvent contre ses propres frissons.
Michaux n’est pas de ces hommes forts qui retiennent les locomotives avec ses mâchoires. Michaux est faible, si faible qu’il est de ceux qui regardent plutôt passer leurs dents au-devant d’eux comme un train de marchandises.
Michaux oscille mi-égyptien mi-anglais. Michaux oscille mi-français mi-belge. Michaux oscille mi-Hun mi deux. L’oscillation de Michaux multiplie des moitiés de deux.
Michaux a une allure de mante religieuse, une allure de mante religieuse mâle. Michaux oscille mi-dromadaire, mi mante religieuse. Michaux oscille mi-dromadaire femelle mi mante religieuse mâle. Michaux oscille mi-chameau mi mante religieuse. Michaux oscille mi-chameau femelle mi- mante religieuse mâle.
Michaux oscille mi-dromadaire, mi-chameau. Michaux oscille majestueusement. Michaux oscille majestueusement mi-massai, mi-chinois.
Michaux oscille mi-dromadaire massai mi-chameau chinois. Michaux oscille mi-dromadaire chinois mi-chameau massai. Michaux oscille mi-dromadaire égyptien mi-chameau anglais. Michaux oscille mi-dromadaire anglais mi-chameau égyptien
Michaux oscille mi-dromadaire d’étincelles mi-chameau de plâtre, mi-dromadaire de plâtre mi chameau d’étincelles.
Michaux marche comme un dromadaire parmi le désert de son désarroi. Michaux marche comme un dromadaire parmi le désert d’ecchymoses de son désarroi étincelant.
Michaux bégaie comme un kangourou karateka. Michaux bégaie mi-martial mi-marsupial.
Michaux suicide le reste. Michaux suicide le reste avec l’œuf.
Michaux entend le bégaiement de l’œuf à l’intérieur de l’éloquence de la foudre. Michaux entend l’hésitation de la foudre à l’intérieur de l’emphase de l’œuf.
Michaux couve l’œuf avec le volcan. Michaux couve le hurlement de l’œuf avec le rire du volcan.
Michaux sait que l’œuf de la colère jongle avec les tombeaux. Michaux sait comment l’œuf de la colère jongle avec les tombeaux.
L’œuf marche sur Michaux. L’œuf marche sur le fil de Michaux. L’œuf marche sur la prudence de Michaux. L’œuf marche sur le fil de prudence de Michaux. Michaux est si prudent que l’œuf marche sur la lueur de son ombre.
L’œuf marche sur Michaux comme le fakir hésite à marcher sur la mousse, comme le fakir hésite à marcher sur un tapis de mousse.
Michaux se tient en équilibre entre le clown et le fakir. Michaux marche sur les braises comme un clown et s’assoit sur les chaises comme un fakir.
Michaux chante parfois déchiqueté, éparpillé à terre comme un tapis d’atomes sur lequel aucun fakir n’ose cependant marcher.
Michaux sait que chaque chaise apparait comme un fagot de blessures. Michaux sait que chaque chaise apparait comme un cageot de blessures.
Michaux s’assoit sur les siècles et la chaise s’assoit sur Michaux.
Michaux couve le désert. Michaux couve le désert avec la chaise. Michaux couve le désert avec l’œuf. Michaux couve le désert avec la chaise de l’œuf. Michaux couve le désert avec l’œuf de la chaise.
Michaux mange les assiettes et lave ensuite la viande.
Michaux s’assoit sur les assiettes et dépose ensuite la nourriture sur les chaises.
Michaux sait que les chaises ont encore plus faim que les hommes. Michaux sait que les chaises ont une faim de cannibale, une faim de cannibale discret.
Michaux sait que les mains surviennent à la fois modestes et extrêmement vulnérables. Michaux sait que les mains surviennent immenses et presque indestructibles.
L’aisance de Michaux est celle du manchot. Michaux se tient manchot comme un couteau. Michaux attend comme un héros manchot. Michaux attend comme le héros manchot du couteau.
Michaux a deux bras d’un côté et est manchot de l’autre. Michaux est manchot avec mains et bras. Michaux est manchot avec d’innombrables mains et d’innombrables bras. Michaux est manchot comme Shiva.
Michaux marche une main dans la poche et l’autre main comme une poche dans un couteau.
Michaux cherche des boutons de manchette parmi les cailloux avec le manchot. Michaux cherche des boutons de manchettes parmi les grumeaux des sacs de chaux avec le manchot.
Michaux sort des tibias de sa manche comme le prestidigitateur de son ébriété. Michaux cache des pensées de chaux dans sa manche à la manière d’une carte à jouer qui dissimule le chapeau d’un prestidigitateur.
Michaux sait comment fixer ses doigts gauches sur sa main droite et des doigts droits sur sa main gauche. Et Michaux dissocie alors ses mains de ses doigts avec le couteau du vide.
Michaux sourit entre le manche et la lame du couteau. Michaux sourit manchot comme le couteau de Lichtenberg.
Michaux frappe avec son membre fantôme. Michaux frappe avec le couteau de Lichtenberg.
Michaux utilise le couteau de Lichtenberg comme cerveau. Michaux utilise le couteau de Lichtenberg comme vide-poche. Michaux utilise le couteau de Lichtenberg comme cerveau-vide poche.
Michaux mâchonne Lichtenberg. Michaux mâchonne Lichtenberg comme un champignon de cendres.
Michaux écrit comme un Lichtenberg qui aurait lu Lautréamont. Michaux réécrit l’œuvre de Lautréamont avec le couteau de Lichtenberg.
Michaux cheville le couteau. Michaux sait comment utiliser le couteau comme échelle et l’échelle comme couteau.
Michaux immisce le poignard d’un poignet entre ses mains et ses doigts. Michaux immisce le poignard de poignet du mépris entre ses mains et ses doigts.
Michaux a des mains de rapace. Michaux attend comme un dromadaire aux mains de rapace, comme un dromadaire aux gestes d’épervier, comme un dromadaire aux attitudes d’épervier.
Michaux prie comme l’épervier. Michaux prie comme l’épervier du mépris.
Michaux poivre l’imprévisible. Michaux poivre le rapace de l’imprévisible. Michaux poivre l’épervier de l’imprévisible.
Michaux a un pendu sur le bout de la langue.
Michaux reste muet comme il avale le sabre de sa langue.
Michaux a parfois des mots coincés sur le bout de la tête ou dans l’angle de la langue.
Michaux écoute avec une langue-oreille au centre du front. Michaux écoute avec deux yeux sur les côtés du visage et une langue-oreille au milieu du front. Michaux écoute avec une langue-oreille-œuf. Michaux écoute avec une langue-oreille-œuf au milieu du front.
Michaux pose sa chaussure gauche sur sa tête droite et sa chaussure droite sur sa tête gauche. Ensuite il pose son chapeau gauche sur son pied droit et son chapeau droit sur son pied gauche. Voilà il est désormais prêt pour parler. Voilà il est désormais prêt à dire quelque chose. Il est prêt à dire quelque chose à quelqu’un ou encore à dire quelqu’un à quelque chose.
Michaux égoutte les cris de quelqu’un. Michaux distille les cris de quelqu’un.
Michaux invente une langue singulière uniquement pour les combats et les coïts.
Michaux a des rois et des reines plein les cheveux. Michaux a des rois et des reines plein son placard, plein les cheveux de son placard. Michaux a des rois et des reines comme une foule de poux plein les cheveux de son placard.
Le peuple de Michaux semble composé d’un homme unique impuissant et d’une masse indéterminée de rois et de reines qui grouillent à la façon de la vermine, à la façon d’une vermine de vicissitudes, à la façon d’une vermine de non-sens.
Michaux chatouille la métallurgie.
Michaux mediumise les outils. Michaux mediumise la boite à outils. Michaux mediumise les outils de l’innommable. Michaux mediumnise la boite à outils de l’innommable.
Michaux laboure avec les nageoires et nage avec la charrue.
Michaux arrache la chute de la terre avec la charrue de ses vertèbres.
Michaux laboure les bombes pour y semer des hommes. Michaux massacre les bombes. Michaux massacre les bombes avec des miettes de pain.
Michaux ratisse le minuscule.
Michaux sucre le suicide avec la colère.
Michaux pioche la somnolence du verglas.
Michaux pèse le tonnerre avec la pyramide.
Michaux mine et démine l’échiquier à chaque pas.
Michaux torpille le mur avec l’échelle. Michaux torpille le désert avec le puits.
Michaux creuse un puits à l’intérieur d’une goutte d’eau. Michaux tamise le désert à l’intérieur d’un grain de sable.
Michaux brosse le désert. Michaux brosse le désert afin d’extraire une bobine de fil de chaque grain de sable.
Michaux observe la bobine de fil comme une camisole de force.
Michaux allume la mèche du désert. Michaux utilise l’immensité du désert comme bâton de dynamite.
Michaux utilise le bâton de dynamite comme bâton de pèlerin. Michaux évolue comme le pèlerin des explosions.
Michaux sait que l’envoûtement révèle le nombril du vent.
Michaux équilibre des guillotines avec des grains de riz.
Michaux enamoure le chignon du borgne. Michaux énamoure le chignon d’orbite du borgne.
Michaux sait que chaque poil a son propre horizon.
Michaux contemple le vice à coups de ciel.
Michaux chie des hommes-troncs.
Michaux mutile la métaphysique. Michaux mutile la métaphysique avec l‘homme-tronc. Michaux mitraille la métaphysique. Michaux mitraille la métaphysique avec l’homme-tronc.
Michaux n’est théologien qu’à l’intérieur de l’entonnoir.
Michaux coordonne les constellations de l’anxiété. Michaux excite les constellations de l’anxiété.
Michaux se savonne avec des missiles. Michaux se savonne avec des omissions. Michaux se savonne avec des missiles d’omissions.
Michaux examine les idées de l’instant comme un pharmacien assis au centre du désert. Michaux examine les idées de l’instant comme un oculiste assis sur un tas de charbon.
Michaux met les pieds dans le chaudron.
Michaux déchausse les yeux du Bouddha.
Michaux connait la fatigue du Minotaure. Michaux connait la fatigue labyrinthique du Minotaure.
Michaux mijote des acharnements. Michaux mijote des acharnements de rêve.
Michaux rêve le chaudron de la sainteté. Michaux rêve le chaudron du cannibale. Michaux rêve le chaudron de sainteté du cannibale.
Michaux a des cannibales plein les manches. Michaux a des bouddhas plein les chaussures.
Michaux méprise l’aigle avec la fourmi.
Michaux met la fourmi sur un piédestal et le piédestal sur l’aigle.
Michaux sait que le vol de l’aigle est plus élégant des cintres et qui il froisse cependant les costumes de la modestie.
Michaux klaxonne les traumatismes.
Michaux tuerait père et mère pour ne pas faire de mal à une mouche.
Michaux fait infuser ses frères et ses sœurs à l’intérieur du feu.
Michaux fait frire les frères parmi les réflexions du rire.
Michaux fonde une famille dans le cancer de l’anus.
Michaux se méfie des alléluias des phallus.
Michaux se méfie des farandoles des phallus. Michaux se méfie du fanatisme des phallus, des farandoles de fanatisme des phallus.
Michaux pense que les phallus tournoient parfois autour des ampoules électriques à la façon des phalènes.
Michaux évade la prison avec le précipice.
Michaux pense que le précipice reste aussi une impasse. Michaux sait que le précipice a honte de rester une impasse.
Michaux rumine l’impasse du précipice. Michaux maintient le cap du précipice. Michaux maintient le cap du précipice avec l‘éventail de ses orteils
Michaux cherche le niveau du maçon au fond du précipice. Michaux orne la porte des toilettes avec des précipices.
Michaux chantonne le dimanche du gouffre. Michaux chantourne le dimanche du gouffre.
Michaux éternue des millénaires de millimètres.
Michaux amasse des tonnes de fourmis. Michaux dépense des millimètres d’éléphants.
Michaux mâche le champignon de son ombre. Michaux mâche le champignon de son ombre avec les pieds.
Michaux minaude des cheminées. Michaux minaude des cheminés d’usines.
Michaux va au charbon les mains dans les poches. Michaux va aux charbons les mains dans les poches sous les yeux. Michaux va au charbon les mains dans les poches sous les yeux de la paresse.
Michaux révolte le blé avec le feu. Michaux récolte les cendres avec les moissonneuses-batteuses. Michaux chante les cendres avec les moissonneuses-batteuses.
Michaux tient la tête de l’océan hors de l’eau. Michaux tisse la cage avec les ailes de l’oiseau.
Michaux fait sa toilette quotidienne parmi les vagues du naufrage.
Michaux chuchote des Hymalaya et hurle des microbes. Michaux hurle des microbes et chuchote des Himalaya.
Michaux joue au bowling avec les microbes et au scrabble avec les bactéries.
Michaux installe des bibliothèques à l‘intérieur des boucheries.
Michaux emplume les crabes. Michaux emplume les crabes pour se fabriquer des pantoufles.
Michaux mithridatise l’arc-en-ciel. Michaux mithridatise le chewing-gum de l’arc-en-ciel.
Michaux empaquette les bombes atomiques. Michaux empaquette les bombes atomiques en un clin d’œil.
Michaux s’habille d’ombres. Michaux s’habille d’innombrables ombres afin de toréer les animaux invisibles du feu.
Michaux fait des tours de manège entre les animaux disparus et les atomes à venir. Michaux fait des tours de manège entre les mammouths et les neutrinos.
Michaux plante de corps déchiquetés dans des vases précieux et dépose des fleurs de pays inatteignables dans les poubelles.
Michaux attend son heure à l’intérieur de l’aiguille de hara-kiri du haricot.
(…)