Animaux

 

 

 

 

 

 

 

Lichtenberg dompte des tigres d’étincelles.

 

 

 

Lichtenberg chasse le tigre avec une chandelle. Lichtenberg chasse le tigre à la lueur d’une bougie.

 

 

 

Lichtenberg apprend aux tigres à sauter comme des puces. Lichtenberg apprend aux puces à sauter comme des tigres et aux tigres à sauter comme des puces. Lichtenberg apprend aux tigres à sauter comme des puces et aux puces à jongler comme des otaries.

 

 

 

 

 

Lichtenberg tisse des toiles d’araignées avec des bourdonnements de mouches.

 

 

 

Lichtenberg étudie le palimpseste des toiles d’araignées. Lichtenberg étudie le palimpseste des toiles d’araignées avec une seringue ou avec un chausse-pied, avec une seringue-chausse pied.

 

 

 

 

 

Lichtenberg frappe à la porte d’hier avec des ailes de papillons.

 

 

 

Lichtenberg tisse des cordes de pendus avec des ailes de papillons.

 

 

 

 

 

Lichtenberg se tient à chaque phrase entre la libellule et le grain de sable.

 

 

 

Lichtenberg évolue entre Kant et Diogène, entre l’aigle et la taupe, entre la libellule et le kangourou.

 

 

 

Lichtenberg pense comme une genette stellaire, comme une libellule souterraine.

 

 

 

Lichtenberg délibère comme une libellule au centre de la terre. Lichtenberg médite comme une libellule d’extravagance discrète au centre de la terre.

 

 

 

Lichtenberg joue aux échecs avec la libellule de son ombre. Lichtenberg joue aux échecs avec la libellule de l’oubli.

 

 

 

Lichtenberg élève des libellules à l’intérieur des horloges. Lichtenberg élève des chauves-souris à l’intérieur des baromètres et des libellules à l’intérieur des horloges.

 

 

 

 

 

Lichtenberg écrit comme le bourreau des hirondelles.

 

 

 

Lichtenberg tisse des chemises avec des vols d’hirondelles. Lichtenberg tisse des chemises de démence tranquille avec des vols d’hirondelles.

 

 

 

 

 

Lichtenberg porte des chaussures en ailes de chauve-souris.

 

 

 

Lichtenberg utilise les queues de kangourou comme béquilles.

 

 

 

« Peut-être que le chien, peu avant de s’endormir, ou bien qu’un éléphant ivre, ont des idées  qui ne seraient pas indignes d’un maitre en philosophie. »

 

Lichtenberg écrit à la fois vif comme la belette et sage comme l’éléphant. Lichtenberg écrit à la fois sage comme la belette et vif comme l’éléphant.

 

 

 

 

 

Lichtenberg joue aux échecs avec les baleines et au mikado avec les bergeronnettes.

 

 

 

Lichtenberg joue aux cartes avec les renards et au mikado avec les écureuils.

 

 

 

Lichtenberg médite entre le triangle et le kangourou. Lichtenberg détermine les caractéristiques géométriques du triangle équilatéral du point de vue de l’ornithorynque.

 

 

 

 

 

Lichtenberg travaille comme la cigale et chante comme la fourmi.

 

 

 

Lichtenberg étudie le comportement des fourmis entre les deux cornes de la girafe.

 

 

 

Lichtenberg médite parfois comme un aigle charognard de ses propres cendres, comme un aigle charognard de sa propre candeur, comme un aigle charognard de ses cendres candides.

 

 

 

« L’animal qui, dans une larme, se noie. »

 

Lichtenberg sait qu’un banquier se cache parfois dans le chant d’un oiseau.

 

 

 

 

 

Lichtenberg accomplit des hybridations de bêtes et d’outils. Lichtenberg indique que l’homme est une hybridation de bête et d’outils, de bêtes luxueuses et d’outils angéliques.

 

 

 

« Dans les ramifications les plus subtiles de nos sciences et de nos arts se cache quelque part la racine de note sauvagerie ou de notre barbarie. »

 

Lichtenberg révèle qu’il y a à l’extrémité du savoir, à l’extrémité du savoir plutôt qu’au centre, une volonté secrète de non-savoir, une volonté secrète de bestialité. Ainsi c’est comme si pour Lichtenberg l’arbre du savoir et l’arbre de la bestialité étaient des arbres siamois, des arbres qui se touchent à l’envers de leurs extrémités : le sommet de l’arbre du savoir coïncide avec les racines de l’arbre de la bestialité et de même le sommet de l’arbre de la bestialité coïncide avec les racines de l’arbre du savoir. L’arbre du savoir et l’arbre de la bestialité apparaissent ainsi comme des arbres siamois tête-bêche.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Herbe

 

 

 

 

 

 

 

« L’organisation de l’univers est certainement plus facile à expliquer que celle de la plante. »

 

Lichtenberg écrit comme le botaniste des atomes. Lichtenberg écrit comme l’herboriste des molécules.

 

 

 

« Laissons tranquillement croitre l’herbe sur ce sujet. »

 

Lichtenberg utilise un escabeau pour cueillir un brin d’herbe. Lichtenberg utilise un escabeau pour cueillir un trèfle à quatre feuilles.

 

 

 

Lichtenberg utilise le brin d’herbe comme télescope. Lichtenberg ausculte les constellations avec un brin d’herbe.

 

 

 

Lichtenberg utilise les herbes comme lutrins. Lichtenberg utilise le rhizome de démence de l’herbe comme lutrin, comme lutrin de loterie angélique, comme lutrin de lutinerie angélique. Lichtenberg utilise le rhizome de démence de l’herbe comme lutrin de sentiments-idées.

 

 

 

 

 

« C’est la voie des philosophes. Ceux-ci ont découvert que la meilleure des choses est de vivre comme s’il s’agissait d’une promenade d’herboriste qui va, zigzagant, ici tentant de sauter un fossé, plus loin encore un autre, et qui hasarde une pirouette, là où nul ne le voit, pour poursuivre ensuite. »

 

Lichtenberg herborise parmi les déflagrations. Lichtenberg herborise parmi les déflagrations chimiques. Lichtenberg herborise parmi les déflagrations du chant, parmi les déflagrations chimiques du chant.

 

 

 

Lichtenberg herborise parmi les météores. Lichtenberg herborise les météores du sentiment. Lichtenberg herborise les météores métaphysiques du sentiment.

 

 

 

Lichtenberg herborise la limaille des sentiments. Lichtenberg herborise la limaille métaphysique des sentiments.

 

 

 

Lichtenberg herborise les clowneries des météores. Lichtenberg herborise les clowneries de météores du sentiment.

 

 

 

Lichtenberg herborise parmi les escaliers des sentiments. Lichtenberg herborise parmi les escaliers de météores des sentiments. Lichtenberg herborise parmi les escaliers de météores métaphysiques des sentiments.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chimie

 

 

 

 

 

 

 

Lichtenberg accomplit des expériences de chimie à cloche-pied.

 

 

 

Lichtenberg essaie de faire coïncider les valences chimiques des choses avec les fréquences mentales de l’homme. Lichtenberg essaie de faire coïncider les valences chimiques des choses avec les variations mentales de l’homme, avec les oscillations mentales de l’homme.

 

 

 

 

 

« Et les ruines artificielles commencèrent, peu à peu, à devenir des ruines naturelles… »

 

Lichtenberg étudie les valences chimiques des ruines. Lichtenberg étudie les valences chimiques du mystère. Lichtenberg étudie les valences chimiques des ruines du mystère.

 

 

 

Lichtenberg lynche les ruines. Lichtenberg lynche le mystère. Lichtenberg lynche les ruines du mystère.

 

 

 

Lichtenberg lynche les valences chimiques des ruines. Lichtenberg lynche les valences chimiques du mystère. Lichtenberg lynche les valences chimiques des ruines du mystère.

 

 

 

Lichtenberg joue au bilboquet avec les valences chimiques des ruines du mystère.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ivresse

 

 

 

 

 

 

 

« Je nomme ivresse cet état suave de sensibilité au sein duquel la moindre impression extérieure correspond à des pensées neuves et indicibles. »

 

Lichtenberg oscille ivre de raison. Lichtenberg oscille ivre de raison à la vitesse de la lumière.

 

 

 

« J’ai connu des gens qui se sont saoulés en privé et qui furent ivres en publics. »

 

Lichtenberg sait comment se saouler de déraison en privé pour devenir ivre de raison en public. Et il sait aussi comment se saouler de raison en privé pour devenir ivre de sobriété en public, ivre de déraison sobre en public.

 

 

 

Lichtenberg dispose à chaque instant de deux corps et de deux âmes. Parfois Lichtenberg saoule ses deux corps de déraison en privé afin que son âme devienne ivre de raison en public. Parfois Lichtenberg saoule ses deux âmes de déraison en privé afin que son corps devienne ivre de raison en public. Parfois Lichtenberg saoule ses deux corps de raison en privé afin que son âme devienne ivre de déraison sobre en public. Parfois Lichtenberg saoule ses deux âmes de raison en privé afin que son corps devienne ivre de déraison sobre en public. Et Lichtenberg essaie ainsi de tenir à chaque phrase en équilibre parmi la multitude aléatoire de ces parfois.

 

 

 

« De la transsubstantiation de l’eau en vin par le moyen du compas et de la règle. »

 

L’ivresse de sobriété de Lichtenberg c’est de savoir comment viser une cible de gouttes d’eau avec la flèche du vin.