Roger Federer
La grande force du jeu de Federer c’est la coordination de ses muscles, c’est son extraordinaire coordination musculaire. La grande force du jeu de Federer c’est la coordination musculaire de ses mouvements, la fluidité sophistiquée de ses mouvements.
Il y a en effet une étrange sophistication du jeu de Federer, une distillation presque de ses mouvements, une distillation dandy, une distillation dandy de ses mouvements.
Il y a une merveilleuse souplesse, une merveilleuse douceur même des déplacements de Federer, des appuis au sol de Federer. Federer se déplace à la fois avec rapidité et majesté. Federer se déplace avec une rapidité majestueuse, de même que Steffi Graf chez les femmes.
Federer semble jouer au tennis en smoking, en smoking d’ange, en smoking d’archange, en smoking doté d’ailes d’anges, en smoking de félicité et parfois aussi en redingote, en redingote d’extrême efficacité, en redingote de léger dédain.
Il y a un aspect majordome chez Federer. Federer frappe ses coups comme s’il présentait des plats. Federer frappe ses coups comme s’il présentait les plats du festin du tennis.
Federer joue à la fois comme un majordome et comme un seigneur, comme le majordome de sa propre seigneurie, comme le majordome presque infaillible de sa propre seigneurie.
Par son profond fair-play de joueur, par l’attitude digne et distinguée de son corps, Federer ressemble parfois au gardien de football G. L. Buffon. Pour Federer, le sport doit en effet avoir la forme d’un combat noble et loyal.
Comme pour Buffon, ce qui caractérise Federer c’est son incroyable puissance mentale à l’intérieur d’un match, son flegme d’aigle, son flegme de rapace, son flegme d’ange, son flegme de rapace archangélique, son prodigieux sang-froid, son prodigieux sang-froid d’archange.
Federer joue comme un gentleman archange, comme le gentleman archange de la félicité, comme le gentleman archange de l’efficacité, comme le gentleman archange de la félicité efficace.
Federer c’est d’abord un front, un front à la fois entêté et altier, un front entêté d’altitude. Pour Federer, jouer c’est d’abord affronter, c’est essentiellement affronter. Pour Federer, jouer c’est s’affronter soi-même afin ensuite d’affronter l’autre. Il ne faut jamais à ce propos oublier que Federer était un jeune joueur extrêmement nerveux et colérique. Ce qu’il a donc dans un premier temps affronté c’est cette nervosité et cette colère, qu’il a décidé de sublimer. En cela le jeu de Federer est l’inverse absolu de celui de Mc Enroe.
Il reste malgré tout parfois de façon fugace au détour d’un échange des reflets de violence quasi luciférienne dans le regard de Federer. Federer c’est une sorte de Lucifer parfaitement repassé, un Lucifer aux ailes parfaitement repassées, aux ailes parfaitement amidonnées, une sorte de Lucifer sans péché, de Lucifer impeccable si j’ose dire. Federer c’est ainsi le gentleman parfait, le gentleman parfait qui a gobé le diable comme un œuf.
Federer est en effet le tennisman le plus éduqué, le plus civilisé qui soit. Federer appartient à une lignée de joueurs de tennis disons classiques, la lignée de Rod Laver et de Pete Sampras. Federer vient accomplir la loi du tennis. Federer vient accomplir la loi du tennis et Sampras fut son prophète. Federer a peaufiné Sampras. Federer a poncé la technique de Pete Sampras. Il l’a aussi subrepticement renforcée, métallisée et durcie. Federer c’est un Sampras discipliné et tonifié, un Sampras dépourvu de fatigue, un Sampras dépourvu de paresse, un Sampras à la fois densifié et cinglant.
Ce qui est surprenant c’est que Federer est devenu le plus grand joueur de l’histoire du tennis sans y ajouter quoi que ce soit, sans inventer quoi que ce soit. Federer n’est pas venu pour transformer ou même intensifier le jeu du tennis comme Borg ou Mc Enroe. Federer est venu pour accomplir le jeu, pour accomplir la finalité même du jeu, pour révéler la téléologie même du jeu. Federer est venu pour peaufiner le tennis, pour peaufiner la finalité du tennis, pour peaufiner définitivement le jeu du tennis. Federer est venu pour révéler la statue définitive du tennis, pour peaufiner la statue grecque du tennis, de même que Carl Lewis était venu pour peaufiner la statue grecque de la course.
Federer ne vient pas révolutionner le tennis. Federer vient parfaire le tennis. Federer apparait ainsi comme le Raphael du tennis. Federer joue au tennis comme Raphael peint.
Les coups de Federer semblent détourés, détourés sur du papier calque, détourés à la surface du papier calque. C’est comme si Federer parvenait à modéliser ses propres gestes à volonté. Federer joue ainsi comme un top model, comme un top model archangélique.
Il y a aussi un aspect presque fardé des gestes de Federer, un aspect à la fois fardé et farté. D’une manière étrange, Federer semble farder ses gestes avec ses muscles. Federer semble farder ses gestes avec la précision de ses muscles. Ainsi c’est comme si ses muscles maquillaient ses os.
Le jeu de Federer révèle à chaque instant à la fois une superbe élégance et un superbe équilibre. Le jeu de Federer révèle à la fois l’élégance de l’équilibre et l’intensité de l’équilibre. Le jeu de Federer révèle l’élégance intense de l’équilibre.
Il y a une ellipse de l’équilibre à l’intérieur des gestes de Federer. Federer tient la pose. Federer tient la pose d’ellipse de l’équilibre. Federer tient la pose d’équilibre de l’ellipse.