Parole de l’Enfant.

 

 

 

L’enfant parle sur les mots.

 

L’enfant parle sur ou sous les mots sans jamais parler avec les mots.

 

L’enfant parle sur les mots comme l’acrobate marche sur les mains. L’enfant parle sur les mains comme l’acrobate marche sur les mots.

L’enfant entend les intonations de la parole sans comprendre les mots du langage.

 

L’enfant saisit au vol les intonations de la parole comme il prend à la légère les mots du langage.

 

L’enfant parle sur les mots comme il marche sur les mains. L’enfant marche sur les mots comme il parle sur les mains.

 

 

L’enfant ne parle pas. L’enfant rencontre de temps à autre la parole sur son chemin. L’enfant rencontre de temps en temps l’avec aussi de la parole, l’avec aussi encore de la parole sur son chemin.

 

L’enfant écoute la silhouette des hommes. L’enfant écoute la silhouette de langage des hommes. L’enfant écoute la silhouette de parole des hommes. L’enfant collectionne les timbres de voix des alentours.

 

 

Selon l’enfant, aussi parle.

 

L’enfant sait que parler ne vient pas de je. L’enfant sait que parler vient d‘aussi. L’enfant sait que parler vient de prendre et jeter aussi.

 

L’enfant parle aussi à la surface d’avec. L’enfant parle avec à la surface d’aussi.

 

L’enfant parle avec à la surface d’encore. L’enfant parle encore à la surface d’avec.  

 

L’enfant parle avec ça à la surface d’encore si. L’enfant parle encore ça à la surface d’avec si. L’enfant parle avec si à la surface d’encore ça. L’enfant parle encore si à la surface d’avec ça.

 

 

L’enfant dit encore. L’enfant dit encore à la terre et au ciel. L’enfant dit encore au jour et à la nuit. L’enfant dit encore à la terre au ciel au jour et à la nuit.

 

L’enfant sait que parler vient de prendre et jeter le silence. L’enfant sait que parler vient de prendre et jeter le silence avec aussi. L’enfin sait que parler vient prendre et jeter le silence avec encore aussi, avec comme aussi, avec comme encore aussi.

 

L’enfant sait que parler vient de prendre et jeter le silence comme si comme ça. L’enfant sait que parler vient de prendre et jeter le silence comme avec si, comme encore ça, comme encore si, comme avec ça.

 

 

L’enfant grave ses paroles avec une bougie.

 

L’enfant grave ses paroles à l’intérieur de l’espace avec la bougie de sa main. L’enfant grave ses paroles à l’intérieur de l’espace d’un instant  avec la bougie d’amnésie de sa main.

 

 

L'enfant métamorphose le silence.

 

L’enfant parle avec le feu du silence. L’enfant parle avec le feu de silence de ses gestes.

 

L’enfant apparait comme l’architecte de son silence. L’enfant apparait comme l’architecte du feu de son silence.

 

 

Il n’y a pas de signes de ponctuation pour l’enfant, ni virgule, ni point, ni point de suspension.  Entre les phrases et les gestes, il existe seulement pour l’enfant des blancs, des blancs de matière, des blancs de monde.

 

L’enfant sait écrire et ne sait pas lire. L’enfant ne sait pas lire ce qu’il écrit.

 

L’enfant écrit avec l’oscillation de ses cils des fables qu’il ne sait pas lire. L’enfant écrit avec l’oscillation de ses cils des fables d’éblouissements qu’il ne sait pas lire.