Bonjour Boris Wolowiec,
Un très grand merci d’avoir suivi la suggestion d’Ivar [Ch’Vavar] et donc de m’avoir envoyé votre livre À Oui. Je sais que ce n’est pas rien pour vous de donner à lire ce manuscrit. Je vous suis donc très reconnaissante.
J’ai déjà commencé la lecture mais je n’en dis rien pour l’instant.
En fait, lorsque je lis, je note, de façon souvent assez libre, relevés de passages, de citations du livre et quelquefois rêverie, élucubrations, glose à partir de ces extraits. Tout cela va dans un document au long cours que j’ai appelé Flotoir (avec un seul t, car nom forgé sur mon prénom et l’initiale de mon nom de famille, mais j’assume la dimension flottoir de la chose, avec tous les aléas de la navigation non contrôlée). Du dit Flotoir, je publie quelques extraits en ligne et notamment ce qui concerne mes lectures (je vous mets les liens de mes sites ci-dessous)
Puis-je en user ainsi avec votre livre, tenir donc ce que j’appelle un journal de lecture ? Ou bien y êtes-vous totalement opposé, ce que peut me laisser supposer ce que m’a écrit Ivar, auquel cas cela restera bien entendu dans le Flotoir « off »…. Notes que je pourrais partager avec Ivar et vous, si cela vous dit. Je respecterai totalement votre désir, cela va de soi.
Par ailleurs, me permettez-vous éventuellement de vous questionner sur tel ou tel point qui me reste obscur, sur telle idée qui me vient ?
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Florence Trocmé
Madame Florence Trocmé,
Je suis d’accord pour commencer une correspondance en votre compagnie, si et seulement si cette correspondance reste réservée à vous-même et à Ivar Ch’Vavar. Le jour où qui sait A Oui sera édité, vos notes de lecture pourront peut-être alors devenir publiques. Pas avant. Je préfère que nos phrases ne soient pas diffusées sur internet. Pour comprendre cette réticence, lisez le chapitre Electricité de A Oui. Ce sera une manière un peu abrupte d’inaugurer notre échange. Malgré tout pourquoi pas, c’est le cœur du problème.
A Bientôt Boris Wolowiec
Je vous enverrai sans doute rapidement quelques notes prises en vous lisant : c’est une lecture au jour le jour, à nu, et qui s’efforce d’être libre, de dire ce qu’elle comprend, ce qu’elle sent, ce qui lui échappe, ses avancées, ses doutes, ses rejets. Lecture souvent chaotique, au fil des jours, avec et sans…
Et comme je vous l’ai dit, je respecterai complètement votre choix ; rien de tout cela ne sera communiqué à qui que ce soit d’autre qu’Ivar.
Et bien entendu vous êtes libre de revenir quand vous voudrez sur cette décision de ne rien montrer.
Libre aussi d’interrompre l’échange avec moi s’il ne vous convient pas.
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Florence
Et je vais lire le chapitre électricité… ce sera d’ailleurs une première question, la lecture dans l’ordre est-elle recommandée ? Ou pas forcément.
Bonjour Florence,
Lisez A Oui selon l’ordre ou le désordre qui vous plaira. La langue française a une formule magnifique pour dire cela. Comme cela vous chante.
Evidemment A Oui a une composition précise. La composition de A Oui essaie de s’abstraire à la fois de l’ordre et du désordre. C’est pourquoi cette composition apparait comme celle d’une suite. (Voir à ce propos le chapitre Par Suite). Il y a donc une composition thématique, celle des chapitres et aussi une composition rythmique, la composition rythmique de la suite des phrases à l’intérieur de chaque chapitre.
Ce que je tente globalement ce serait d’inventer une forme de rythme aveugle, l’avalanche d’un rythme aveugle. Quelque chose de proche de la peinture de Jackson Pollock. Je dis toujours que j’aimerais écrire comme Jackson Pollock peint. C’est-à-dire écrire un livre qui ressemble à ce que Ivar a très bien appelé « une muraille cyclopéenne ». Il est inutile d’essayer d’interpréter A Oui. Essayez plutôt d’y répondre, même de manière fragmentaire. N’essayez pas d’y déchiffrer un sens, jouez plutôt à répondre à sa forme. Voilà, j’ai le sentiment que la manière la plus efficace de lire A Oui ce serait de lire comme un enfant qui joue à jeter un ballon, le ballon de son âme, à la fois face et contre la muraille cyclopéenne d’un tableau de Jackson Pollock.
A Bientôt Boris Wolowiec
Bonjour Boris et un grand merci pour votre lettre, ce que vous dites est très éclairant.
Il me semble que votre suggestion répond à une façon de lire que je peux avoir parfois… ne pas essayer de comprendre et d’interpréter à tout prix, mais plutôt éprouver le texte, le laisser être, sans le forcer avec une sorte d’intrusion interprétative forcément partielle et partiale (mais qui peut être présente aussi). J’appelle ça parfois la lecture flottante….
Je vous envoie bientôt mes premières notes, un peu inquiète bien sûr… mais je ne veux pas tricher.
Oui, à bientôt
Florence