Cher Boris,

                    je sors bien abêti et affaibli du long tunnel de cet été. Vacciné qui plus est (bien contre mon gré !). Au moins aurai-je beaucoup travaillé (huit cents pages : mon dictionnaire du parler berckois).

   J'ai commandé ton livre chez Laurent et deux ex. supplémentaires de Nuages, pour les passants, ici.

   Je t'envoie quelques pages de Tarkos.

   Bien amicalement,

Ivar

 

 

 

 

 

 

Salut Ivar,

 

 

 

Je trouve le premier texte de Tarkos que tu m’as envoyé très beau. Ces phrases en particulier surtout.  

 

J’écris sur la lecture, la lecture à voix basse, la lecture sans voix, dans la tête, qui est faite simplement en lisant, en regardant le même endroit, toujours les yeux sur le même endroit et en suivant.

 

 

je ne sais pas ce qui va se passer plus loin, j’en reste à mon morceau je suis au bord. Je ne m’arrête pas au bord, c’est le bord qui se déroule, qui s’ouvre progressivement, je regarde le bord, je ne regarde que ça, je ne saurais parler d’autre chose que de ce bord que je suis des yeux, que je suis.

 

 

Ces phrases indiquent ainsi que Tarkos était un auteur à l’évidence borderline. Pour Tarkos ce sont les yeux, les yeux du cerveau qui surviennent à chaque instant borderline. Ou bien  encore qui sait, écrire pour Tarkos ce serait une manière de transmuter le borderline en eyeliner. Ecrire ce serait une manière de farder les atours de ses yeux, le contour de ses yeux avec son cerveau ou à l’inverse de farder les atours de son cerveau, les contours de son cerveau avec ses yeux, avec la lecture de ses yeux, avec la lecture littérale de ses yeux.

 

 

Post-scriptum.

 

Un nouveau livre de Pacôme Thiellement intitulé L’Enquête Infinie vient de paraitre. Il me semble qu’il y a des passages qui pourraient t’intéresser. S’y trouvent en effet des études à propos de Van Gogh de Breton, de Artaud et de P.K Dick. (Et pour indication il y a aussi des études à propos de Poe, Jarry, Browning, Hitchcock, Fellini et Bowie.) 

 

Je t’envoie déjà ci-joint des extraits du blog de Thiellement à propos de Dick et de Colette Thomas.  

 

 

 

 

                                                                                                       A Bientôt                      Boris

 

 

 

 

 

 

 

 

Cher Boris, je te remercie pour ces pages passionnantes que tu m'envoies, de Thiellement sur Philip K. Dick et sur Colette Thomas. J'ai vu Thiellement sur RT France (Radio Russia), la télé que je regarde -- un entretien enthousiaste, et qui communique l'enthousiasme !

   J'acheterai son livre (ce sera le deuxième) même si je ne vois pas bien quand je pourrai le lire, avec le retard tétanisant que j'ai dans mes lectures (dont beaucoup de livres d'amis). Je travaille énormément, sacrifiant tout, ma santé, mes yeux... les sorties, les rencontres...

    (...)

Pour ma part je lis des livres sur Berck, qui me font passer la majeure partie de mes journées et de mes nuits à Berck, passant de la fin du Moyen Age aux années 60 et 70, allées et retours dans le temps. J'écris le dictionnaire de la langue berckoise, j'entends la voix de ma grand-mère (surtout) et celle de mon arrière-grand-mère (quelquefois). J'arpente une quantité de rues et de chemins.

   Bien amicalement,

Ivar