Cher Boris,
j’achève de relire Fenêtre – à haute voix c’est plus facile pour moi. J’ai de plus en plus de mal à lire avec l’œil seulement : comme si par ce canal ça arrivait au cerveau plus lentement.
C’en est au point que si je dois me relire, souvent me faut-il le faire avec la voix. – Mais c’est bizarre alors, que dans les lectures publiques j’ai beaucoup de mal à écouter ce qui est lu, parce que très vite je cesse de comprendre.
Fenêtre – c’est un peu un paradoxe que pour moi, ça demande plus l’oreille que l’œil . On écoute aux portes, pas aux fenêtres. On regarde par les fenêtres, plutôt que par les portes.
J’ai informé plusieurs dizaines de personnes de la parution de ton livre, de ce grand poème.
Je t’envoie le prologue de mon poème-document, Ajustement. (Mais je vais changer encore de titre, prendre le nom de l’héroïne, parce que j’ai envie d’indiquer, aussi immodeste que ce soir, la filiation... Aurélia... Nadja... et maintenant Emille, donc.)
J’espère que je ne t’ai pas adressé ces trois pages déjà – je ne sais plus trop ce que je fais, j’existe à l’état résiduel ! Enfin, je suis parti pour ça.
Ce prologue est le type même du texte qui doit passer par la voix. Il est musical.
A toi fraternellement,
Ivar