Salut Ivar,

 

 

Et je viens de retrouver ces phrases de Maurice Blanchot à propos de la faim.

 

« Il y a aussi cette limite où le besoin n’aide plus à vivre, mais est (…) obsession de tout l’être là ou l’être s’est défait. Les yeux ternes, éteints, brillent tout à coup d’une lueur sauvage pour un morceau de pain « même si subsiste la conscience qu’on va mourir dans quelques instants » (R. Antelme) et qu’il n’est plus question de se nourrir. Cette lueur, cet éclat n’illuminent rien de vivant. Cependant par ce regard, qui est un dernier regard, le pain nous est donné comme pain. » M. Blanchot, L’Ecriture du Désastre

 

 

Merci pour le texte de Cyrano de Bergerac. Je n’ai jamais lu ses livres. J’ai malgré tout un sentiment extrêmement favorable à son égard. Par la virtuosité de ses formules d’inversion, cela ressemble bizarrement parfois à du Chesterton.

 

 

(Et j’aimerais bien aussi savoir s’il y a un lieu où Cyrano de Bergerac parvient à rencontrer  Maurice Blanchot. Eh bien je dirais Lichtenberg.)

 

 

 

 

                                                                                                         A Bientôt                    Boris

 

 

 

 

 

 

Salut Ivar,

 

 

Je t’envoie quelques phrases de Georges Perros qui m’ont fait penser à toi.

 

 

« L’homme qui écrit n’a aucune raison de s’arrêter pour la bonne raison qu’il n’en a eu aucune de commencer. »

 

« La poésie se laisse faire, mais jamais prendre. (…) Tout le monde peut s’y essayer, comme on tire dans les stands de foire. »

 

« Ecrire ne saurait être qu’un acte de fraternité ambiguë dont les limites évidentes ne dépendent plus de nos rapports immédiats avec autrui, mais de ceux, mystérieux, qu’un homme décide d’avoir avec la poésie de ses semblables. »

 

« Tout mon malheur (...) vient d’avoir plutôt recherché la poésie de mes semblables, ce qu’ils secrétaient de poésie sans le savoir, que tout le reste qui est néant à l’état pur. » 

 

« Le poète regarde le monde comme s’il n’en faisait pas partie. Et l’accepte comme si lui seul  en faisait partie. » 

 

 

 

 

 

                                                                                                             A Bientôt               Boris

 

 

 

 

 

 

 

Salut Ivar,

 

 

Je viens de découvrir un chanteur émouvant. Il s’appelle Allain Leprest.

 

Tu pourras par exemple écouter Goodbye Gagarine sur You Tube, avec surtout le petit prélude aussi amusant que profond.

 

 

Et je t’envoie aussi ci-joint quelques paroles de ses chansons.

 

 

 

Post-scriptum.

 

« Hier soir, en écoutant au téléphone le bulletin météorologique, j’ai ressenti une forte émotion à l’endroit où il était question de « pluies éparses ». Ce qui prouve bien que la poésie est en nous et non dans l’expression, encore qu’éparses ait de quoi susciter une imperceptible vibration. » Cioran, Cahiers  

 

 

 

 

 

                                                                                                             A Bientôt               Boris

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cher Boris, je suis coincé ! C'est ce qui explique mes retards, mon retard à rallonges ... J'avais commencé Paraboles, par impatience, mais je savais que je ne pourrais pas mener de fronts plusieurs lectures. A ce moment, je suis principalement dans le quarto de Sylvia Plath, après avoir lu ses "journaux" dans un autre volume. Mais j'ai une grosse pile de livres en cours de lecture. Faute de temps je n'écoute plus du tout de musique (toutefois ... on m'a fait découvrir la chanteuse Zaho de Sagazan, 22 ans, une nouvelle Colette Magny, en plus fort !)

(...)

Tu m'adresses de belles formules de Perros. Mais "L'homme qui écrit n'a aucune raison de s'arrêter pour la bonne raison qu'il n'en a eu aucune de commencer", c'est vrai pour toi, sans doute, pas pour moi. J'ai bien senti quand j'ai commencé, plus nettement encore quand je recommençais (à l'époque de Hölderlin au mirador surtout) ; et l'arrêt a toujours été là : une évidence.

   J'espère que le prieuré n'a pas trop souffert des tempêtes et que tu te portes bien.

   Amicalement,

Ivar