Salut Ivar,
La pandiculation apprend la pendaison par cœur. La pandiculation apprend la pendaison entre terre et ciel par cœur. La pandiculation apprend la pendaison entre terre et ciel par poitrine du cœur. La pandiculation apprend la pendaison de l’étonnement entre terre et ciel par poitrine d’éclairs du cœur, par poitrine abracadabrante du cœur, par poitrine d’éclairs abracadabrants du cœur.
La pandiculation prend en tenailles d’ouverture. La pandiculation prend en tenailles de transfinitude, en tenailles d’ouverture transfinie.
La pandiculation serait une caricature de crucifixion c’est à dire (pour reprendre l’intuition de Chesterton) une crucifixion plus ressemblante encore que celle accomplie par le Christ. Le problème reste de savoir plus ressemblante à quoi. La pandiculation serait une crucifixion qui ressemble à la chute immobile du paradis. La pandiculation serait une forme de crucifixion sans résurrection. La pandiculation serait une manière d’abandonner la chair à une crucifixion frivole, à une crucifixion désinvolte, à une crucifixion insouciante à la fois en dehors de la mort et de l’éternité. La pandiculation serait une manière paradoxale d’abandonner la chair à la crucifixion du vide, à la crucifixion de vide du cosmos, à la tournure de crucifixion du cosmos, à la tournure de vide crucifié du cosmos, à la tournure de vide crucifié de la matière immortelle du cosmos, à la tournure de vide crucifié de la chute immortelle du paradis.
La pandiculation serait une parodie de crucifixion, une caricature païenne de crucifixion, une manière de s’amuser à crucifier sa chair avec le vide même de la matière, avec les tournures de vide de la matière, avec les tournures de trous noirs de la matière. La pandiculation révélerait ainsi la figure mythologique paradoxale d’un Christ-Pan.
La pandiculation serait peut-être aussi une pantomime lunaire de crucifixion, celle d’un Christ-Pierrot.
La pandiculation serait une forme de crucifixion dandy, une forme de crucifixion excentrique, dandy excentrique athée.
La pandiculation serait la tentation d’effectuer une crucifixion par laquelle la croix ne serait plus posée au sommet de la sphère du cosmos et où ce serait plutôt à l’inverse la sphère de je ne sais quoi qui tenterait de se tenir en équilibre, en équilibre contorsionniste à l’extrémité de la croix, à l’extrémité de l’incarnation paradoxale de la croix, c’est à dire à l’extrémité de la connivence paradoxale des os et des muscles comme forme-gag de la croix. La pandiculation serait une manière de projeter la crucifixion comme gag, comme gag impeccable du silence. La pandiculation serait une manière d’affirmer le rire de la crucifixion, le rire de silence de la crucifixion. La pandiculation serait une manière d’affirmer le gag de désinvolture de la crucifixion, le gag de frivolité de la crucifixion, le gag d’insouciance de la crucifixion.
Le mépris que j’évoquais dans une lettre antérieure a un aspect étrange, c’est une forme de mépris enfantin. Ce n’est pas un mépris spirituel et encore moins subjectif. Cela veut dire que ce n’est pas moi qui méprise, ce n’est pas moi qui méprise quelqu’un. C’est un mépris matériel, un mépris charnel où précisément à l’inverse la matière de la chair méprise le souci de la pensée.
C’est une forme de mépris extatique, l’extase du mépris. C’est comme si l’existence méprisait la vie, comme si l’extase de l’existence méprisait le sens de la vie, comme si la jubilation extatique de l’existence méprisait le sens quotidien de la vie.
A Bientôt Boris
Salut Ivar,
J’ai envoyé à Laurent des extraits de notre conversation épistolaire à propos de A Oui, de Heidegger, de Tarkos et de Parant.
(…)
Je t’envoie des extraits en désordre de la suite de A Oui. Tu Sauf.
A Bientôt Boris