Amiens, le 10 avril (2013).

 

 

 

                                                    À Boris Wolowiec, salut

 

 

 

et pardonnez-moi de vous écrire déjà : c’est prématuré. Je n’ai lu que vingt-sept pages de À oui, reçu ce midi, de Laurent Albarracin. Mais je ne puis me refréner plus longtemps, ronger davantage mon frein sans que toutes mes dents ne sautent !

 

J’ai répondu à Laurent dès la septième page. Je me refrénais déjà…

 

La lecture de votre texte est un choc conséquent. On est embouti. – Pas pris une telle gifle depuis ma découverte de Christophe Tarkos – qui ne m’avait pas aveuglé à ce point (il me faudrait remonter alors jusqu’à la Saison, le « sonnet en -yx », Maldoror, Artaud : on est sur ces pics, et par ces abysses).

 

Monde, gravitation Oubli, terrifiant. Tétanisant. Nuit, dont je n’ai lu encore (j’ai m’arrêter) que l’amorce…

 

J’ai écrit à Laurent que « ça » ne vient pas de nulle part. Qu’on peut penser à Serge Pey, mais on passe de la corneille  au ptérodactyle, ça ne fait pas tout à fait la même ombre… À Tarkos, encore, mais on ne regarde pas les mêmes choses. Tarkos n’est pas comme ça  tout de suite dans le fond d’horizon des apocalypses mais plutôt le nez dans de vieux cartons… enfin, ce sont peut-être les « mêmes choses », par un bout, mais l’accommodation est complétement différente…Dans ces minutes  j’ai pensé beaucoup à … Hugo ! le grand pan noir. Pan qui pend, vraiment grand.

 

Et je vois maintenant que c’est sans doute d’Albarracin que vous êtes le plus proche. Evidemment vous en êtes proche – c’est presque … délicat ! – dans un formidable éloignement.

 

Bon. Peut-on vous parlez de publication ?

 

Ou votre clandestinité  doit cesser parce que la poésie  ne se relèvera pas* – au point où elle en est ! – de votre manque…

 

Ou bien on dit que c’est l’occultation  qu’il faut choisir (pour la poésie, toute, alors) – dans le sens où Breton  a vu nécessaire, à un moment, l’occultation totale du surréalisme.

 

Mon élan va à la première option, mais sans certitude  ni la moindre intuition : plutôt « par principe ». Autant dire une sorte de réflexe.

 

J’ai grande envie de parler de vous  à certains sans plus tarder. Mais c’est sûr qu’ils ne vont pas me croire sur parole et demanderont à juger plutôt sur pièces ! à avoir À oui sous les yeux… Est-ce qu’on peut envisager cela ? Si oui, comment faire, vous avez un fichier informatique ? – Je pense tout d’abord à Charles-Mézence Briseul, François Leperlier, Lucien Suel. À Claude Vercey  aussi, qui vous parait sans doute très loin mais justement il est au travail, une série d’articles, sur des poètes qu’il voit  comme les plus exorbités du temps comme Jaffeux ou « à la marge de la respectabilité poétique » pour citer Dominique Quélen  parlant de moi-même. Ça vaudrait le coup, de voir comment quelqu’un de profondément « tempéré » comme lui (Vercey) prendrait le choc et le réfléchirait.

 

 

 

C’est tout joyeux, même pétochant, que je vous adresse mes meilleures salutations !

 

 

 

                                                                                                                 Ch’ Vavar

 

 

 

*  Bizarre… je n’arrive pas à utiliser le conditionnel, ici.

 

   

 

 

 

 

 

Intrusion crustacée

 

 

 

 

 

Ivar Ch’Vavar à Boris Wolowiec, salut.

 

Laurent me dit que vous ne me répondrez pas tout de suite, voulant d’abord m’avoir lu, et qu’il vous a conseillé Travail du poème. Pourquoi pas – mais je vous préviens qu’il y a beaucoup de brou de noix là-dedans. La « genèse » du livre explique que j’y ai(e) mis TOUT ce que j’avais écrit alors « sur » la poésie. Je ne suis pas un théoricien, et maintenant que j’ai compris le truc je laisse le poème écrire lui-même sa théorie, voir en pièce-jointe Une « théorie » de l’image poétique. Je vous envoie deux autres pièces-jointes : Ma mort avec Lucien Suel et le « Konradslied », tel qu’il va paraître en revue, mais qui est un extrait de mon dernier texte, un poème narratif de plus de deux mille vers, L’Arche. Ça date de six ou huit mois, je n’écris presque jamais, juste une bonne pandiculation de temps à autre...

 

Voilà, avec ça, c’est bien suffisant pour vous faire une idée. C’est pénible de lire sur écran, mais là vous avez de petites pièces que vous pouvez tirer sans trop d’encre.

 

La « théorie » de l’image peut vous intéresser, un peu a contrario – mais il y a un rapprochement possible avec votre propre système – dans une sorte de cosmos !

 

Allez, je vais pandiculer un peu (pardon de vous taquiner) dans un autre courriel, pour ne pas trop charger celui-ci !

 

Ivar Ch’Vavar

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Salut à vous cher Ivar Ch’Vavar,

 

 

 

 

 

Merci beaucoup pour l’envoi de votre lettre. C’est la première fois que j’entends une voix répondre avec autant d’enthousiasme à la lecture de A Oui. Avec autant d’audace aussi, c’est de l’audace à l’intérieur même de la terreur, malgré tout c’est de l’audace, ce que les auteurs de tragédie classique appelaient me semble-t-il, de la témérité. L’immédiateté de votre réponse m’a plu. C’est en effet une attitude très différente de la foule des subversifs de pacotille et des transgressifs chichiteux qui s’effarouchent à chaque fois qu’ils rencontrent une phrase semblable à une bombe de sensations. J’ai le sentiment qu’à l’inverse vous avez été plutôt content de recevoir des bombes de sensations sur la gueule. Eh bien j‘en suis heureux. Même si j’aimerais aussi que la violence de mes phrases compose un paysage de paix. 

 

 

 

Cependant c’est à moi de me retrouver dans le rôle ridicule du timide et de l’effarouché. Voilà, je ne sais pas exactement à qui je m’adresse, quand bien même j’ai une confiance intégrale dans le discernement de mon très subtil ambassadeur Albarracin. J’ai dit à Laurent au téléphone que je ne savais pas comment répondre avec précision et tact à votre enthousiasme. Et cela simplement parce que je ne vous ai pas encore lu. (La lecture de vos livres est imminente). Un titre Le Jardin Ouvrier, la plaquette L’Ane, la Brebis, la Coccinelle et le Dindon et puis encore quelques bribes à propos du soleil et de la lune, de vous je ne sais que cela. Vous dégainez très vite et je ne sais pas si je parviendrai à vous répondre en ayant lu de vous moins de 7 pages. Reconnaissez que c’est difficile. Allez ceci par exemple que j’aime bien « La coccinelle, elle soulève ses ailes comme la fermière ses seaux. » Il y a en effet une coquetterie grave sinon lourdingue, à la fois laborieuse et laborantine dans la coccinelle, une coquetterie quasi chtonienne, une coquetterie de volcan. L’accroc subreptice de ses ailes est semblable à une scorie de volcan, une scorie de volcan avec un score d’envol inscrit dessus, avec un score d’envol flocké, floculé sur son dos, sur la coquille de sang de son dos, sur la goutte de coquille de son dos.

 

 

 

Il y a aussi votre pseudonyme. Laurent m’a dit que Ch’Vavar veut dire crabe en picard. J’y entends aussi quelquechose de hongrois. C’est ainsi que je vous imagine, comme un crabe magyar, un crabe rabelaisien, un Rabelais magyar qui jardine parfois tranquille parfois brutal, qui creuse la terre comme un crustacé mallarméen, un jardinier magyar recouvert d’un bouclier de lune qui cherche à accomplir l’hybridation chavirante, charivarante de Rabelais et de Mallarmé. Voilà, c’est simplement une intuition, une rêverie à propos de votre pseudonyme, je ne sais si elle est exacte ou non. Il y a aussi cette transposition étonnante de votre nom (Ivart) en prénom (Ivar), transposition pour séparer peut-être le bon grain de l’ivraie ou le bon glas de l’ivresse ou le bon gars de l’invention, une fois encore je ne sais, et dynamiter ainsi le scrupule potentiel d’une église universelle (Pierre). La pseudonymie serait ainsi pour vous une manière de faire disparaitre un prénom d’apôtre avec un nom ivre de son art, avec un nom ivre de son art de devenir prénom, avec l’ivresse d’art à la va vite d‘un nom devenu prénom.

 

 

 

La liste des auteurs que vous proposez en regard aveugle de A Oui est un peu écrabouillante. Rimbaud, Mallarmé, Lautréamont, Artaud, Tarkos, Hugo. Cela fait quand même un sacré escadron de dinosaures. Pour Rimbaud, c’est non. A Oui méprise les saisons en enfer, j’essaie plutôt d’y entasser des météores de paradis. A l’inverse A Oui a en effet quelquechose d’intensément mallarméen, la sensualité de gel de la phrase, une manière de phraser la sensualité stellaire du froid, la volupté ascétique du froid. Le problème du hasard aussi, j’essaie d‘y coincer une avalanche à l’intérieur d’un dé. J’admire beaucoup Lautréamont, cependant je n’ai pas le sentiment que A Oui en soit si proche. Lautréamont est un génie de la rhétorique, ce qu’il invente c’est une manière de s’extraire de la rhétorique par excès de rhétorique. Sur ce point mon attitude est beaucoup plus simple, j’essaie seulement de sortir de la rhétorique par la sensation, par la certitude de la sensation. En ce qui concerne Artaud, je serais plus réticent. Disons que A Oui affirme plutôt des formes d’extase que des rythmes d’exorcisme (quoique, mais ce serait trop long et technique à expliquer). Quant à Tarkos, s’il y a entre nous des proximités évidentes, ce serait plutôt dans un autre texte La Posture des Choses. (Laurent en a un exemplaire dactylographié). A propos de Tarkos, je vous trouve un peu sévère « le nez dans ses vieux cartons ». Soit, il y a du brocanteur baudelairien chez Tarkos, et aussi une sorte de burlesque atonal de déménageur du cerveau. Tarkos transmute le couvercle du ciel de Baudelaire en panoplie de carton, en babioles de banalité rocambolesque (Le Petit Bidon) qu’il dispose à l’intérieur de son appartement de drogué de l’argent taré toqué et ultra littéral. La comparaison qui me surprend et m’intéresse le plus est celle avec Hugo. Je n’ai jamais lu Hugo avec assez d’attention, cependant votre comparaison (en particulier à propos des premières pages de A Oui) est sans doute acceptable. Cela ressemblerait en effet au Hugo des Contemplations. J’irai le relire pour en avoir le cœur confus. À propos de Hugo vous évoquez aussi Pan, « le Pan qui pend ». Il est certain que A Oui essaie de retrouver un sentiment païen. Malgré tout (autrement dit malgré Pan même), le paganisme de A Oui est un paganisme aberrant, un paganisme sans dieux, un paganisme comparable à un matérialisme mystique athée hors-tout. Et en effet, ce matérialisme mystique athée hors-tout donne à contempler la pendaison du cosmos, le surgissement d’un monde pendu à la forme impeccable comme indestructible de sa chute, d’un monde pendu à l’extase de candeur de l’apocalypse.

Enfin, A Oui répond surtout à Sens Plastique de Malcolm de Chazal. A l’époque de l’écriture de A Oui  je n’avais pas encore lu le livre de Chazal, pourtant paradoxalement j’y répondais déjà sans l’avoir lu.

 

 

 

Pour être franc, saoul de franchise comme un polonais plutôt que sobre d’obliquité comme un français, je dois vous dire que Laurent n’avait pas résisté à la tentation stratégique de me faire parvenir un duplicata de la lettre que vous lui aviez envoyée après votre lecture des 7 premières pages de A Oui. Cette duplicité diplomatique a aussi provoqué une bizarre catalyse. A la lecture de cette lettre, j’en suis resté pantois. Le mélange d’exaltation et de trivialité de vos formules m’a fait trembler de bonheur. Ce que vous y dites sur le tournoiement de la vision est extrêmement exact. La phrase comme tournure rythmique de la contemplation, voilà ce qui profondément me plait.

 

 

 

Pour vous tranquillisez aussi à propos du monstre, soyez sans crainte. Je n’ai qu’une bouche, deux yeux, un nez, même si à l’instant de l'euphorie, cette bouche, ces yeux et ce nez s’amusent parfois à tourner autour de ma tête comme des satellites d’étincelante obscurité. Vous voyez, le monstre a lu Racine. Ainsi même s’il apparait asocial, le monstre reste malgré tout civilisé.

 

 

 

Parmi les noms d’écrivains et d’éditeurs vivants que vous indiquez dans votre lettre, j’en connais très peu. Je ne connais que celui de Charles-Mézence Briseul, l’éditeur du Corridor Bleu. J’ai trouvé par exemple l’édition du Verre de l’Eau de Laurent très élégante - la tranche verte du livre comme une belle lame d’herbe et la couverture vernissée qui évoque magnifiquement le filtre vibratile du verre. J’ai demandé à Laurent d’envoyer A Oui à Charles-Mézence Briseul. Il est d’accord. Il vous en parlera. Pour les autres (Leperlier, Suel, Vercey), parlez de A Oui à qui vous voulez et comme bon vous semble. Si vous le désirez,  je vous en envoie quelques exemplaires. Pour offrir.  « J’vous ai apporté des bomboms, parce que les fleurs c’est périssable…»

 

 

 

Pour répondre enfin à votre paragraphe à propos de la publication, j’ai toujours eu un amour presque dément pour la clandestinité, amour de la clandestinité que je distingue pourtant de manière extrêmement problématique du désir de secret et d’occulte pour lequel je n’ai aucun penchant. Je sais cela semble absurde. Voilà, et si un exemplaire de A Oui est parvenu entre vos mains, c’est que je sais qu’il est temps d’essayer de résoudre ce problème de la publication c’est à dire celui de la publicité de l’âme.

 

 

 

Je vous remercie encore de la vivacité instinctive de votre réponse.

 

                                                      

 

 

 

                                                                                                                               

 

                                                                            A Bientôt                  Boris Wolowiec

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ch’Vavareries

 

 

 

Cher Boris, je réponds à votre très belle lettre, comme je peux, et en pièce jointe (ce sera un peu moins pénible à lire que sur l’écran messagerie). Salutations fraternelles,

 

Ivar Ch’Vavar

 

 

 

 

 

Ivar Ch’Vavar à Boris Wolowiec

 

 

Amiens, 3 mai.

 

Cher Boris,

 

 

 

vous m’adressez là une très belle lettre — à serrer dans mes archives, en attendant quoi ? car la postérité, certes, n’est plus ce qu’elle était.

 

En mettant à côté du vôtre les noms de Rimbaud, Ducasse, Mallarmé, et ceux d’Hugo, d’Artaud, de Tarkos aussi, je ne pensais pas aux lignées ou aux compagnonnages. Je vous signifiais « seulement » la force d’impact pour moi de votre poème, je vous disais à quelle hauteur elle m’atteignait, compte non obligatoirement tenu des filiations et des connivences.

 

Devant toute œuvre poétique, je suis quelqu’un de très ouvert, en réalité, considérant que la force, l’énergie, l’emportement sont présentement ce qui nous manque le plus, ce qui nous est le plus nécessaire. Ainsi, votre métaphysique ne m’intéresse que secondairement. Je vois dans quel état est la poésie, et qu’elle ne surmontera (peut-être) sa décadence actuelle qu’au prix du plus grand déchaînement de force, fût-il aveugle ou idiot !

 

De cette force-là, je manque moi-même terriblement, et depuis le début de mon aventure : il y a chez moi une faiblesse de puceau, sur fond de niaiserie, oui, une sorte de veulerie que j’ai le plus grand mal à surmonter. – Qu’on me considère assez généralement comme un poète énergique, voilà qui m’a toujours sidéré. Mais passons.

 

Bon, la « violence » de vos phrases « compose un paysage de paix », c’est sans doute vrai, mais ça n’a rien d’évident à la première lecture ! « Paix dans les abattoirs », comme il y a « paix dans les brisements » chez Michaux ?

 

Ne vous inquiétez pas (je suis votre lettre) de mon pseudo- ou plutôt hétéronyme principal. Ivar a toujours été un prénom (nordique) et mon père, déjà, à Berck, garçon, puis jeune ouvrier, était taquiné d’un « ch’vavar » pour la rime, et aussi parce que vavar désigne chez nous non pas immédiatement tout crabe, mais d’abord ce petit qu’on appelle en français l’enragé. Mais j’ai signé de 111 noms (démultiplication du un, et du poète), plus quelques autres. — Une manière un peu torve, disons paradoxale, d’en finir avec LE Poète.

 

Vous ne me dites rien de Serge Pey… Ça ne m’étonne qu’à moitié mais j’ai réellement cru que ses litanies chamanoïdes avaient pu vous lancer sur la voie !

 

Laurent Albarracin est votre frère. Peut-être fonde-t-il un « paysage de paix ». Mais pas un monde. Ce n’est pas son propos. Vous, vous en êtes bien à fonder un monde.

 

Lautréamont-Ducasse est votre frère en rhétorique, en rhétorique pulvérisée ! et en humour, donc. — Rimbaud, c’est étonnant que vous le rejetiez ainsi ? tout de même, il est le plus grand, et le plus fraternel, même dans son retrait. Mallarmé, oui, bien sûr. C’est le moment de glisser René Ghil ! Hugo ? C’est inépuisablement qu’il est grand. Reproche qu’on peut peut-être lui faire. Plutôt qu’aux Contemplations, retournez à La Fin de Satan.

 

« Le Pan qui pend ». Je ne pensais pas tant au dieu qu’à cette pandiculation, je crois. Cosmique. Ou tout aussi bien à la Nuit.

 

Malcolm de Chazal ? Figurez-vous que j’avais bien songé à Sens plastique, mais je ne m’y étais pas arrêté, connaissant vraiment trop mal ce poète.

 

Je ne suis que cahotiquement votre lettre, dans une réponse impulsive (le correcteur auto-matique refuse « cahotiquement », tiens…), je suis à la fois à la bourre et complètement crevé. Je retiens des phrases à méditer, un peu trop grandes pour moi en ce moment : « Et en effet, ce matérialisme mystique pendu à la forme impeccable comme indestructible de sa chute, d’un monde pendu à l’extase de candeur de l’apocalypse »… « La phrase comme tournure rythmique de la contemplation »…

 

Charles-Mézence Briseul n’est pas qu’un éditeur. Un poète aussi, que j’estime beaucoup. Il n’a que trente-trois ans. À lire (La Joie est vulgaire).

 

J’ai achevé au Creusot votre livre. L’impression de force est restée, même si je me suis senti enlisé quelquefois (ce ne sera pour personne une lecture facile). — Laurent penche pour une publication massive et frontale. Pour ma part, je verrais plutôt un échelonnement : À oui 1, À oui 2, À oui 3. En écho aussi à Poésie 1, Poésie 2 de Ducasse. Et il me semble que trois parties égales se distinguent assez bien :

 

Le première s’arrête à Nihilisme, p.150 (et ça ferait déjà un livre de 200 p. pour l’édition).

 

La 2e va de Visage à Amour, p.282.

 

La 3e commence à Bonjour.

 

… Tarkos n’a à voir avec vous que bizarrement. Mais c’est une bizarrerie à sonder, je crois. – Je vous renvoie à ce que j’ai écrit dans Travail du poème (Laurent me dit que vous avez ce livre) : dans les deux lettres à Luc Champagneur (un spécialiste de Tarkos).

 

La publication d’À oui va de soi. Je vous dis simplement qu’elle est nécessaire. En d’autres temps elle eut mis le feu à la critique et provoqué un délire d’éructations ! Aujourd’hui, on ne peut pas savoir. Le « milieu » poétique est à renverser complètement, et on ne perdrait sans doute pas grand-chose à le détruire à fond… Il faut tenter le coup.

 

D’accord, assez clabaudé pour ce soir.

 

Fraternellement à vous,

 

Ivar