Des appuis de pape 

 

 

 

 

Boris bonjour et merci pour : "L’autobus rebondit sur l’asphalte comme un tabernacle d’haleines"  

 

 

C'est funky, avec le rococo de l'haleine que génère cette danse, ça me rappelle un rhinocéros que j'ai vu au Botswana, il rebondissait sur le sol, et il avait la couleur de l'asphalte, c'était une bétonneuse laissée à l'abandon, une bétonneuse qui avait improvisé sa forme.  Aussi c'est amusant tu vois j'avais rajouté ça entre temps " Le bus est la papamobile pour plusieurs. La papamobile a été fabriquée par un mécanicien au regard incroyable, il a dit «  j'ai fait ce véhicule, je m'ennuyais comme le pape, un manuscrit trouvé dans la cervelle, j'ai réduit l'arche de noé des haleines pour trouver le pape"  

 

 

 

Tu perçois le rebond bien sûr !  je l'avais oublié, bercé dans l'immersion de la climatision de la baleine, en suivant ce fil "Jusqu'où peut mener la bonne humeur" : à la souplesse du nombre,  c'est-à-dire que l'autobus est la papamobile de plusieurs, et qu'on est tous le pape de l'autre pendant le trajet. Et on tient debout avec des appuis de pape, le voyage en bus est un échauffement pour devenir pape ou gardien de but, ou les deux et ceci dans le moule de températures des gardes du corps du confort de l'espèce, il faut plusieurs  températures pour faire un pape. Le gardien de but a parfois des appuis de pape, le blondin Ter Stegen du barça, je l'ai vu, il a des appuis de pape polonais, c'est-à-dire qu'il développe un tel contact avec le sol qu'émane une clarté qui est la célébration de l'homme container du continent, l'homme qui répand la surface avec ses pieds, le terrain est le socle d'un seul homme c'est le gardien, les autres vont et viennent dans l'inquiétude des schémas tactiques prouvant leur stabilité. Le ballon est une planète docile qui s'agrège au pape. Il arrive que le gardien devienne immense alors le terrain n'est plus que le paillasson du pape.  

 

 

Tu vis en faisant rougeoyer tes baskets, le rougeoiement de tes baskets signalent des départs de pape, tu perçois le chahut pulsative de l'haleine mise en commun et offerte au gardien en tant que planète docile du souffle.  

 

 

Sais-tu que les abeilles lorsqu'elles sont attaquées par une douzaine de frelons — lesquelles à dix parviennent à tuer des milliers d'abeilles — il arrive quand même un moment où une abeille coupée en deux dégage des phéromones hyper agressives. Ce qui se produit alors est fantastique, c'est l'inverse des gardes du corps du confort de l'espèce, les abeilles se jettent sur un frelon, l'entourent complètement, la température de l'abeille pouvant monter jusqu'à 44 degrés tandis que celle du frelon plafonne à 42, et bien elles le cuisent, elle font un four de confort et elle le rôtissent.  

 

 

j'avais écrit ce texte idiot : 

 

 

Samedi on mage du rôti. Samedi est connu depuis plus d'une journée. En faisant vibrer ses muscles le rôti produit de la chaleur, plusieurs rôtis peuvent recouvrir entièrement un mec avec de la température et le tuer, c'est bien en dessous du rôti que l'homme est cadavre. Sans penser à la guérison l'homme reste cadavre, un passage dans les rôtis n'a pas été construit, cadavre est une manière d'être retenu immobile, immobile et rôti ne sont pas secourables, l'âge très avancé bloque toute la suite des évènements. 

 

 

 

Génial "l’énigme apparaissait paradoxalement plutôt parce que le regard lui-même avait un dos" Quel livre me conseillerais-tu de ce Max, je ne sais pas pourquoi derrière l'oeil je sens un truc comme un refroidissement du soleil en jaune d'oeuf dur : plusieurs choses, pardonne moi, tombées du livre de "bestiesas" bêtises en catalan.   

 

 

Le mort a une seule idée, la meilleure idée, c'est la lumière, la lumière fait de bon trou dans la tête, la lumière pousse les yeux comme des rochers hors d'usage, le mort se rempli les trous de visions et respire, il y a un soleil à l'intérieur des œufs durs, c'est ce qui le rend respirable. 

 

 

Le dieu Janus dit que le torticolis vient du désir de ressemblance, se ressembler dans plusieurs directions, si on considère que l'arrière du crâne est le cul-de-sac de l'identification. Le torticolis du mono-face est une tentative de se laisser traverser par une couleur, voir l'arrivée et le départ d'une couleur simultanément, qu'est-ce qu'une couleur de dos ? Les migraines du mono-face viennent des couleurs qui butent au fond du crâne, au printemps il arrive qu'on tousse du coloriage. 

 

 

 

J'ai lu Hasards parisiens à Léo hier soir. Handke et Buffon quel doublé ! Superbe réplique "La ligue 1 quoi".  

 

 

 

Salut Boris j'espère que tout va bien. 

 

 

 

Jd

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dos de la Couleur

 

 

 

Bonjour Jean-Daniel,

 

 

 

Max Loreau est un poète honorable. Je me demande malgré tout si la lecture de ses livres de philosophie te plairait. Il y a si je me souviens bien une dizaine de pages passionnantes à propos du dos dans La Genèse du Phénomène. Le reste du livre est cependant fastidieux, c’est du bavardage philosophique de type platonicien. J’ai ainsi le sentiment que Loreau est l’homme d’une seule intuition, une intuition géniale en effet. Et c’est comme si il avait eu cette intuition géniale presque malgré lui. Cette intuition contredit en effet radicalement tout le platonisme. M .Deguy qui était un ami de Loreau a écrit un très bon texte dans la revue Po&sie où il résume et parfois même intensifie cette intuition de Loreau. (…) Une indication encore. Les chapitres Dos de A Oui et Dos de Tu Sauf sont à l’évidence des relectures-réécritures de cette intuition de Loreau.

 

 

Le dos de la couleur c’est simplement l’énigme du monde. J’ai en effet le sentiment que la couleur c’est le destin, c’est le destin du monde. La couleur donne à sentir le destin. La couleur donne à sentir le destin du monde. Le monde apparait projeté à chaque instant à l’intérieur de la couleur du destin. Le dos de la couleur c’est ainsi le dos du destin. Le dos du destin c’est à dire qui sait l’amour. Ou pour affirmer cela de manière à la fois plus exacte et plus obscène, le cul de la couleur apparait comme le cul du destin c’est à dire l’amour.

 

 

J’ai le sentiment que le peintre qui a essayé d’approcher le dos de la couleur ou le cul de la couleur, c’est Géricault. Pour Géricault, le cheval incarne le dos de la couleur, le dos d’inachèvement de la couleur. Pour Géricault, le cheval incarne le cul de la couleur, le cul d’inachèvement de la couleur. Peindre pour Géricault c’est ainsi chevaucher la couleur, c’est chevaucher la croupe de la couleur, c’est chevaucher la croupe d’apocalypse de la couleur. 

 

 

 

 

 

 

                                                                                                  A Bientôt                         Boris