Le chat dort sur la pile d'habits, il est au sommet de l'habitation en dormant sur mes attitudes.  

 

 

Cher Boris, 

 

(…)

D’autres petites choses entre les sessions d’enregistrement,  j’ai arrêté de travailler sur mon petit truc, nous finissons le disque sur Herbeck avec Léonore.

 

Sur Piccoli et Annie Girardot. 

 

J’ai été élevé par mes grands-parents et ces deux-là. 

Si le café noir coulait il y avait mon-père et la main de Piccoli, petit je ne savais plus qui était la main de qui.

Et ma grand-mère embaumait de gauloises mes cahiers d’écolier.

 

La maitresse demandait si je fumais si jeune, je disais non c’est Annie Girardot madame ou ma grand-mère. 

 

 

ceci sur la bouche (encore) ( je pense bien que c’est l’éléphant qui avec la trompe nous tire la bouche dans la tête.

L’éléphant distributeur du caoutchouc de la bouche. Sans doute que je te l’ai déjà écrit.

 

Radoter pour tester la bouche comme preuve étanche du langage. 


Depuis le début tout ce que veut le squelette c’est se débarrasser du caoutchouc de la bouche.

 

La mort aide bien. La mort mène au dernier trou du récit. Bien à lui le mort casse le cercle de sa bouche et communique dans la douceur narrative sans contours. 

 


Au pied du noisetier est enterré l’organiste dans sa position naturelle.

 

Sous chaque noisetier il y a l’emplacement physique de Jean Sébastien Bach. 

 

 

 

Un jour un robinet coule, un chien est venu rire en coupant l’eau, d’autres chiens sont venus mais ils ajoutaient de la salive

« De rire nous mordions la circulation de l’eau, nous avons quittés l’immeuble tandis que … naissait la Volga. « 

 

La salive « la Volga des chiens », ce n’est pas un titre ce serait trop d’honneur pensaient-ils, c’est juste une histoire. 

 

 

 

Connais-tu le compositeur Noah Creshevsky ?

 

 

Noah Creshevsky a un filet à papillons qu’il plonge dans des temps suspendus.

 

il est une sorte d’entomologiste du temps, il va générer de nouvelles trajectoires de papillon en puisant dans des vols déjà existants,

 

il obtient une succession de gros plans tirés d’un anonymat orchestral. C’est par la collection de moments anonymes d’envol

 

et à partir d'une variété infini d’animaux qu’il fabrique de nouveaux mécanismes de papillon, une musculature, une féerie polymorphe. 


Fragmenter des migrations, additionner les départs de sorte que la destination soit comprise dans la mosaïque

 

Noah Creshevsky détourne des engrenages rongés par la routine des timbres et des cadences harmoniques.

 

 

Noah Creshevsky met en route l’arche de Noé du temps. 

 

 

 

 

Un œil opposé au sommeil permet de se voir nu en dauphin.

 

Dormant sur un demi-cerveau tu reverses toute ta vie sur un œil

 

tu peux faire passer la nudité d’un demi-cerveau à l’autre pendant le sommeil,

 

la nudité ouvre l’œil du dauphin. Il a un corps très lisse et la nudité est rapide pour encercler l’œil.

 

L’œil s’ouvre quand il se sent cerné par la nudité.

 

La nudité protège des dangers par une accélération de la vision le long du corps, donc c’est sûr.

 

Les événements perdent l’équilibre en allant vers l’œil, la nudité accélère les faits.

 

Le dauphin sans habits est tout contre le bien, et les dangers sont égaux. J’ai un pull bleu.

 

 

Un jour j’ai acheté un pull y avait déjà de la chair dedans. 

 

 

Il y a une phrase de toi qui me hante je la cite de mémoire. (Je ne suis pas sur le bon ordinateur)

 

quelque chose comme « Le crâne apparaît comme le météore de remerciement du cri. »

 

 

 

à bientôt Boris

 

 

 

Jean-Daniel

 

 


 

 

 

 

Maison avec Musique

 

 

 

Bonjour Jean-Daniel,

 

 

 

Dans son Abécédaire avec Claire Parnet  G. Deleuze dit ceci a propos de la ritournelle. « Je chantonne quand je fais le tour de mon territoire (je fais le ménage en écoutant la radio). Je chantonne quand je ne suis pas chez moi, et que j’essaie de retrouver le chez-moi quand la nuit tombe. Je cherche mon chemin et je me donne du courage en chantant la la la. Et puis je chantonne quand je dis adieu, « je pars et dans mon cœur j’emporterai », lorsque je sors de chez-moi pour aller ailleurs. »

 

Ainsi la musique apparait comme une manière de rythmer l’avoir lieu, comme une manière  de rythmer l’avoir lieu à l’intérieur du territoire. La musique apparait comme une manière de jongler avec le territoire, comme une manière de jongler avec la maison. La musique apparait comme une manière de devenir l’acrobate de la maison, le contorsionniste de la maison, l’acrobate contorsionniste de la maison. Par la musique, la chair parvient à inventer une aisance et une ascèse avec la maison, une aisance d’ascèse avec la maison. Par la musique, la chair sait à la fois comment tourner à l’intérieur de la maison et autour de la maison. Par la musique, la chair sait à la fois comment tourner à l’intérieur de la maison et au dehors de la maison, à la fois comment tourner à proximité de la maison et au loin de la maison. Par la musique, la chair sait comment tourner à l’intérieur de la proximité de la maison comme au dehors du lointain de la maison et comment tourner à l’intérieur du lointain de la maison comme à proximité du dehors de la maison. Par la musique, la chair s’amuse avec la maison. Par la musique, la chair sait comment s’amuser avec la maison. La musique provoque ainsi la danse de la maison. La musique provoque la danse à la fois de désespoir et de joie de la maison. La musique provoque la danse de désespoir heureux de la maison.

 

 

 

Marges d’Edmund Mach

 

 

« La tumeur est encline à l’absorption d’images. »

Le crâne absorbe les acrobaties du temps. Le crâne absorbe les acrobaties de tumeurs du temps. Le crâne absorbe les acrobaties de sourires du temps. Le crâne absorbe les acrobaties de hurlements du temps. Le crâne absorbe les acrobaties de sourires hurlés du temps. Le crâne absorbe les acrobaties d’herbes du temps. Le crâne exclame les acrobaties d’herbes du temps. Le crâne calligraphie les acrobaties d’herbes du temps. Le crâne calligraphie les acrobaties de silence du temps. Le crâne calligraphie les acrobaties d’herbes taciturnes du temps.

 

« Peut-on bêcher cela (…) tourner cela en scène de caractère. Ne bêchent-ils pas leur propre chair ? »

Pelleter son caractère. Pelleter son caractère avec la poitrine. Pelleter son caractère avec les mains de la poitrine. Pelleter son caractère avec les pieds de la poitrine. Pelleter son caractère  avec les préférences de la poitrine. Pelleter son caractère avec les préférences de mains de la poitrine. Pelleter son caractère avec les préférences de pieds de la poitrine. Pelleter son caractère avec le feu de la poitrine. Pelleter son caractère avec les préférences de feu de la poitrine. Pelleter son caractère avec la féerie de la poitrine. Pelleter son caractère avec les préférences de féerie de la poitrine. Pelleter son caractère avec la poitrine du chant. Pelleter son caractère avec la poitrine de féerie du chant. Pelleter son caractère avec la poitrine de feu du chant. Pelleter son caractère avec l’hésitation du chant, avec la poitrine d’hésitation du chant. Pelleter son caractère avec la certitude du chant, avec la poitrine de certitude du chant. Pelleter son caractère avec l’hésitation de certitude du chant. Pelleter son caractère avec la poitrine d’amnésie du chant. Pelleter son caractère avec la poitrine de miracle du chant. Pelleter son caractère avec la poitrine d’amnésie miraculeuse du chant.

 

« La maison garde la mémoire de sa quiétude et encourage à manger. »

La maison encourage à manger. La maison encourage à manger le oui. La maison encourage à manger le futur. La maison encourage à manger le oui du futur. La maison encourage à manger le destin. La maison encourage à manger le oui du destin. La maison encourage à manger le oui de futur du destin.

 

La maison mange le feu. La maison mange le feu de la fatalité. La maison mange le feu de facilité de la fatalité. La maison mange le feu de l’ascèse. La maison mange le feu d’ascèse de la fatalité. La maison mange le feu de l’aisance. La maison mange le feu d’aisance de l’ascèse. La maison mange le feu d’aisance de la fatalité. La maison mange l’incendie du destin. La maison mange l’incendie de silence du destin.

 

« En toussant surtout mon habit de travail (…) je trouve la chambre exaltante recouverte aux quatre coins par les murs. »

Les murs toussent le travail. Les murs tousse l’utopie. Les murs toussent le travail de l’utopie. Les murs toussent la paralysie. Les murs toussent le travail de la paralysie. Les murs toussent la paralysie de l’utopie. Les murs toussent le travail de paralysie de l’utopie.

 

Les murs martèlent le travail de l’utopie. Les murs martèlent le noli tangere de l’utopie. Les murs martèlent le travail de noli tangere de l’utopie. Les murs martèlent la paralysie de l’utopie. Les murs martèlent le noli tangere de paralysie de l’utopie. Les murs martèlent la ruine de l’utopie. Les murs martèlent le travail de ruine de l’utopie. Les murs martèlent la ruine de paralysie de l’utopie. Les murs martèlent la ruine de noli tangere de l’utopie.

 

« L’amour aussi pour les points qui certes donnent à la salle une empreinte d’égarement. » 

L’amour donne à l’espace une empreinte d’égarement. L’amour donne à l’espace l’empreinte d’égarement de l’ainsi. L’amour donne à l’espace l’empreinte d’égarement de ça. L’amour donne à l’espace l’empreinte d’égarement de l’ainsi ça. 

 

 

 

 

                                                                                                  A Bientôt                         Boris

 

 

 

 

 

 

 

Table avec Bracelets

 

 

 

Bonjour Jean-Daniel,

 

 

 

« Notre œil est une gelée, il tremble continuellement au rythme de notre cœur, de notre marche, de notre respiration, au rythme de tout ce qui advient, de chacun de nos mouvements.»  Stan Brakhage

 

 

J’ai retrouvé à quel sportif tu ressembles parfois. C’est au rugbyman Didier Codorniou. La même imagination élégante et virtuose des mains.

 

J’ai retrouvé aussi quel est le footballeur qui ressemble le plus à Monk. C’est George Weah. Il y a en effet chez Weah une extraordinaire discordance des appuis au sol, des appuis à l’instant de la conduite de balle ou du dribble. Quand il jouait, Weah marchait par terre exactement ou presque comme Monk posait ses mains sur le clavier du piano. Weah avait indiscutablement une allure de jazzman. Sa déambulation ressemblait parfois encore à celle de Dexter Gordon ou de Charles Mingus.

 

 

« L’enfance du pianiste est là, dans ses mains ; c’est à dire dans le cerveau qui commande à ses nerfs, coordonne les mouvements infimes des fléchisseurs, fait glisser les tendons dans ses doigts, là, qu’il voit. Mais l’enfance est aussi dans le dos du pianiste, dans sa ligne tendue et jusque dans ses pieds, dans le sol et dans le tabouret : son enfance s’est solidifiée en lui dans ces deux plans à peine articulés, le profil de son corps et le dos de ses mains. C’est avec cela qu’il lutte. Cette enfance étalée dans le clavier lui-même, dans les marteaux, les cordes, dans le corps du piano, le silence parcouru des rumeurs de la salle, c’est elle qu’il sculpte et tord, qu’il poursuit, qu’il rattrape, qu’il exploite et qu’il venge : pour se l’approprier. » B. Caudoux, Géographie

 

« Glen Gould disait que pour jouer du piano, il ne faut pas s’asseoir devant mais à côté. » P. Michon

Proposer une typologie des auteurs à partir de cette remarque de Gould. Ceux qui travaillent assis devant la table. Ceux qui travaillent assis à côté de la table. Ceux qui travaillent assis au-dessus de la table. Ceux qui travaillent assis au-dessous de la table Ceux qui travaillent assis autour de la table. Ceux qui travaillent assis dos à la table. Et encore aussi ceux qui travaillent debout ou accroupis ou allongés, devant, à côté, au-dessus, au-dessous, autour ou dos à la table.

 

Proposer aussi une théorie de la relation entre le style de celui qui écrit et les vêtements qu’il porte quand il travaille. Ceux qui écrivent en chaussures. Ceux qui écrivent en chaussettes. Ceux qui écrivent pieds-nus. Ceux qui écrivent en chemise. Ceux qui écrivent en pull. Ceux qui écrivent en pantalon. Ceux qui écrivent en pyjama. Ceux qui écrivent en smoking. Ceux qui écrivent en short. Ceux qui écrivent en scaphandre. Ceux qui écrivent avec un chapeau. Ceux qui écrivent avec un masque. Ceux qui écrivent avec un diadème. Ceux qui écrivent nus. Ceux qui écrivent avec les vêtements d’un autre. Ceux qui écrivent avec des vêtements donnés. Ceux qui écrivent avec des vêtements volés. Ceux qui écrivent avec des bagues. Ceux qui utilisent une bague comme stylo. Ceux qui écrivent avec des colliers. Ceux qui utilisent un collier comme stylo. Ceux qui écrivent avec des bracelets. Ceux qui utilisent un bracelet comme stylo.

 

 

 

 

 

                                                                                              A Bientôt                              Boris