Bonjour Jean-Daniel,
J’ai commencé à lire En Pays d’Aase. C’est un texte à l’évidence audacieux, avec des échos subtils de Michaux, de Borges et de Roussel. J’essaierai de vous répondre à toi et à Philippe un jour futur je ne sais quand. Restez malgré tout patients. En effet ce ne sera pas avant disons deux ou trois mois.
Post-scriptum.
Adresse déjà mes félicitations à Philippe.
A Bientôt Boris
Notes en marge d’En Pays d’Aase
Bonjour Jean-Daniel,
(Une indication d’abord. J’ai aussi envoyé une suite d’autres notes à propos d’En Pays d’Aase à Philippe. )
Notre travail est une fête de la morsure
Affirmer le travail comme une fête de morsures. Affirmer le travail comme morsure de l’oisiveté. Affirmer le travail comme fête de morsures de l’oisiveté. Affirmer le travail comme un manège de morsures. Affirmer le travail comme manège de morsures de l’oisiveté.
Affirmer le travail comme une mosaïque de morsures. Affirmer le travail comme mosaïque de morsures de l’oisiveté. Affirmer le travail comme une mappemonde de morsures, comme mappemonde de morsures de l’oisiveté. Affirmer le travail comme une tapisserie de morsures, comme tapisserie de morsures de l’oisiveté. Affirmer le travail comme une farandole de morsures, comme farandole de morsures de l’oisiveté. Affirmer le travail comme une ribambelle de morsures, comme ribambelle de morsures de l’oisiveté. Affirmer le travail comme une fresque de morsures, comme fresque de morsures de l’oisiveté. Affirmer le travail comme une mosaïque de blessures, comme mosaïque de blessures de l’oisiveté. Affirmer le travail comme un manège de blessures, comme manège de blessures de l’oisiveté. Affirmer le travail comme une ribambelle de blessures, comme ribambelle de blessures de l’oisiveté.
L'imagination sphérise et est souvent considérée comme le casque de travail mental.
L’imagination sphérise l’arbre de la respiration. L’imagination sphérise l’arbre du sang. L’imagination sphérise l’arbre de respiration du sang. L’imagination sphérise les blessures du sang. L’imagination sphérise les blessures de respiration du sang. L’imagination sphérise l’arbre de blessures du sang. L’imagination projette l’arbre du sang. L’imagination projette l’arbre de respiration du sang. L’imagination projette l’arbre de blessures du sang. L’imagination catapulte l’arbre du sang. L’imagination catapulte l’arbre de respiration du sang. L’imagination catapulte l’arbre de blessures du sang. L’imagination exclame l’arbre du sang. L’imagination exclame l’arbre de respiration du sang. L’imagination exclame l’arbre de blessures du sang.
nous utilisons la neige pour rapatrier nos empreintes.
Utiliser la neige afin d’entasser ses empreintes. Utiliser la neige afin d’entasser le ravissement de ses empreintes. Utiliser la neige afin d’entasser la syncope de ses empreintes. Utiliser la neige afin d’entasser l’apocalypse de ses empreintes. Utiliser la neige afin d’entasser le ravissement d’apocalypse de ses empreintes. Utiliser la neige afin d’entasser la syncope d’apocalypse de ses empreintes. Utiliser la neige afin d’entasser le gag de ses empreintes. Utiliser la neige afin d’entasser le gag d’apocalypse de ses empreintes. Utiliser la neige afin d’entasser le gag du sang. Utiliser la neige afin d’entasser l’apocalypse du sang. Utiliser la neige afin d’entasser le gag d’apocalypse du sang.
j'étais pas d'abord un Aase à cause de mon arrivée, quelqu'un qui arrive n'est pas le premier Aase. Aase c'est être l'aîné du surplace
Je trouve que cela ressemble un peu à la découverte d’un village désert par le Perceval de Kamelott d’Alexandre Astier. « J’arrive au village. Enfin j’étais pas tout à fait arrivé. Parce que le village il est en deux parties en fait. Et la première c’est pas encore le village. Et du coup y’avait personne. »
J'arrivais à Aase dans des habits de thorax,
Apparaitre heureux à l’intérieur de sa parure de poumons. Apparaitre heureux à l’intérieur de son scaphandre de poumons. Apparaitre heureux à l’intérieur de sa parure-scaphandre de poumons. Apparaitre heureux à l’intérieur du scaphandre de l’aurore. Apparaitre heureux à l’intérieur du scaphandre de poumons de l’aurore. Apparaitre heureux à l’intérieur du scaphandre de l’herbe. Apparaitre heureux à l’intérieur du scaphandre d’herbes de l’aurore.
le bleu du ciel sert à tenir en équilibre avec un chapeau,
Utiliser le ciel comme un chapeau. Utiliser le ciel comme chapeau de sa chute. Utiliser le ciel comme chapeau de translucidité de sa chute. Utiliser le ciel comme chapeau de délire de sa chute, comme chapeau de délire translucide de sa chute, comme chapeau de bleuité délire de sa chute. Utiliser le ciel comme chapeau de verre de sa chute. Utiliser le ciel comme chapeau hyalin de sa chute, comme chapeau de délire hyalin de sa chute.
Le post-it c'est quand on veut qu'un enfant commence par la tempe.
Les tempes attendent comme des cartes postales. Les tempes attendent comme les cartes postales du vide. Les tempes oscillent comme des cartes postales. Les tempes oscillent comme les cartes postales du vide. Les tempes hésitent comme des cartes postales. Les tempes hésitent comme les cartes postales du vide. Les tempes hésitent comme les cartes postales du tact. Les tempes hésitent comme les cartes postales de tact du vide, comme les cartes postales de vide du tact.
À Aase se trouve le plus grand cimetière de place de parking.
Imaginer les cimetières comme des parkings. Il reste malgré tout difficile de savoir si les cimetières apparaissent comme des parkings pour les morts, des parkings pour les corps morts ou des parkings pour les âmes, des parkings pour les âmes immortelles. Il reste malgré tout difficile de savoir si les cimetières apparaissent comme des parkings pour la pourriture des corps ou des parkings pour l’immortalité de l’âme.
Le Aase est calme et peut tout à fait s'allonger sur son système nerveux, le système nerveux ressemble à un châle apaisant, le Aase se couvre le corps avec une position de sommeil.
Savoir comment s’allonger sur la peluche de l’hémorragie. Savoir comment s’allonger à l’intérieur de la peluche du sang. Savoir comment s’allonger à l’intérieur de l’arbre du sang. Savoir comment s’allonger à l’intérieur de la peluche d’arbre du sang. Savoir comment s’allonger à l’intérieur de la peluche d’arbre du sang afin de jongler avec le scaphandre du sommeil. Savoir comment s’allonger à l’intérieur de la peluche d’arbre du sang afin de jongler avec le scaphandre de sourires du sommeil, afin de jongler avec le scaphandre de hurlements du sommeil, afin de jongler avec le scaphandre de sourires hurlés du sommeil. Savoir comment s’allonger à l’intérieur de la peluche de décapitation du sang. Savoir comment s’allonger à l’intérieur de la peluche de poignards du sang, à l’intérieur de la peluche de blessures du sang, à l’intérieur de la peluche de poignards blessés du sang. Savoir comment s’allonger à l’intérieur de la peluche de poignards blessés du sang afin de jongler avec le scaphandre de sourires hurlés du sommeil. Savoir comment s’allonger à l’intérieur de la peluche de décapitation du sang afin de jongler avec le scaphandre de sourires hurlés du sommeil.
Un extrait enfin de Poétique de l’Espace de Bachelard à propos de la lettre a.
« Il y a une vertu vocale qui travaille sur le seuil même des puissances de la voix. Panzera, le chanteur sensible à la poésie, me disait un jour qu’aux dires de psychologues expérimentaux, on ne peut penser la voyelle a sans que s’innervent les cordes vocales. La lettre a sous les yeux, déjà la voix veut chanter. La voyelle a, corps du mot vaste, s’isole dans sa délicatesse, anacoluthe de la sensibilité qui parle.
Ne semble-t-il pas que les nombreux commentaires qui ont été faits sur les « correspondances baudelairiennes » aient oublié ce sixième sens qui travaille à modeler, à moduler la voix. Car c’est un sixième sens, venu après les autres, au-dessus des autres, que cette petite harpe éolienne, délicate entre toutes, placée par la nature à la porte de notre souffle. Elle frémit cette harpe, au simple mouvement des métaphores. Par elle, la pensée humaine chante. Quand je continue ainsi sans fin mes rêveries de philosophe indocile, j’en viens à penser que la voyelle a est la voyelle de l’immensité. C’est un espace sonore qui commence en un soupir et qui s’étend sans limite. »
A Bientôt Boris