Bonne nouvelle,
Cette correspondance, Boris seul contre le reste du monde, on dirait le final des entrainements lorsque tout le monde frappe au but.
Les tireurs ont une seule chance parce que les ballons sont rares, le gardien met fin au désordre des trajectoires, le gardien attrape toute la lapidation, le gardien peut trier les oiseaux dans la lapidation, le gardien aime être lapidé par des planètes.
Le gardien protège les migrations à la main. Le gardien arrête les pierres, les mains du gardien de but sont les gardes du corps des oiseaux. Le gardien range le système solaire entre ses mains.
Pour nous le ballon est l’extrémité imbécile en forme de tête, le double imbécile de la tête.
Les joueurs sont de joyeux décapités jouant avec le fantôme de leur tête, le ballon est le fantôme de la tête. Footballeur est l’art bicéphale d’utiliser le double de sa tête comme inversion de la pesanteur à même le sol.
Je crois qu’un jour un éditeur en fera un gros bouquin, ton herbier de météorites.
à bientôt
jd
je te joins un petit poème.
But Christiano va casser son arbre à Christ
Christiano sera le Christ musculaire Christ
entrainé à péter sa croix les jours de fête
célébration est une façon de faire la croix
plus ambidextre avec les tendons les veines
de fête la croix casse c'est la réussite du
garçon il casse il échappe à la Christation
le foot est plus ambitieux pour les muscles
Christiano a crié dans le trou de sa bouche
pour agrandir l'entrée de l’apnée du christ
célébrer un tel exploit nécessite un christ
un athlète heureux comme un christ justifié
Pluie de Ballons
Bonjour Jean-Daniel,
Ah je me souviens quelle joie c’était à la fin de l’entrainement d’affronter cette pluie de ballons. Je devenais en effet ainsi le jardinier des météores, le jardinier exalté des météores, l’herboriste des météores, l’herboriste exalté des météores.
Ce qui était excitant surtout c’était la forme rythmique de cette pluie. L’important c’était alors que chaque partenaire-adversaire accepte d’accorder au gardien une pause à la fois musculaire et respiratoire entre chaque frappe de balle. Autrement le jeu était sans intérêt, ce n’était qu’un massacre banal pour satisfaire la vanité des attaquants. Cependant à chaque fois que la vingtaine de joueurs face au but proposait une forme d’égard rythmique, c’était prodigieux. Le jeu devenait comparable à un concert de lapidation, un concert de comètes. C’était agréable et même rigolo, rigolo comme un chatouillis de chaos. Le gardien avait alors en effet une chance de transformer les aérolithes en amuse-gueules. Le gardien avait une chance de déguster le plaisir du plongeon c’est à dire la grâce pulsatile des appuis au sol comme l’impact de l’envol, la coïncidence de l’envol du corps et du contact avec le ballon. En effet la joie du plongeon c’est de parvenir à toucher le ballon par sa chute même, c’est de parvenir à toucher le ballon par la trajectoire de sa chute. La joie impeccable du plongeon c’est de toucher le ballon par la trajectoire exacte de sa chute, par la trajectoire exacte de son extase.
A Bientôt Boris