Bonjour Laurent,
Je t’envoie Gestes, un extrait de Tu Sauf.
Je t’envoie aussi Fantaisie de l’Enfant, une autre suite de métaphores burlesques. J’ai écrit ça il y a une dizaine d’années à la même époque qu’Usages.
A Bientôt Boris
Cher Boris,
je réponds d'abord sur ces Gestes, que j'aime bien, cette litanie d'infinitifs, ces Gestes qui sont aussi des "gerbes" (comme un mixte de "gestes" et de "verbes"), soit un feu d'étincelles, un mouvement du bras pour éparpiller le bras.
(…)
Bien à toi,
Laurent
Bonjour Laurent,
Quand j’étais étudiant à l’Université de Tours, mon professeur préféré qui s’appelait Jean-Didier Urbain avait une fois dit pendant un cours en amphithéâtre quelque chose à propos du style de Beckett qui m’avait beaucoup impressionné. Il avait remarqué que Beckett utilisait très souvent des phrases à l’infinitif et que cet usage de l’infinitif provoquait paradoxalement à l’intérieur de l’écriture de Beckett une intensification de l’émotion, comme si l’infinitif était le mode de l’émotion absolue, de l’émotion absolue parce qu’asubjective.
Je me suis toujours souvenu de cette remarque. Evidemment Gestes c’est du Beckett un peu bizarre, du Beckett transformé par exaltation ultra-métaphorique.
A Bientôt Boris
Cher Boris,
en faisant un peu de ménage dans mes courriels, je m'aperçois que je n'avais pas ouvert Fantaises de l'enfant. Je viens de le faire : c'est vachement bien ! Du Malcom de Chazal en plus facile encore ! Ah comme tu ouvres les mots (on en voit la mie...) ! On pense un peu à Leiris (Glossaire j'y serre mes gloses) pour ta méthode de production d'images par le jeu des lettres, même si ça n'est la seule méthode dans ce texte. (…)
Ivar me dit que tu fais des "rhapsodies" ? à partir de. Il me dit de te demander de me montrer. Moi je veux bien, mais j'ai déjà tellement à lire venant de toi : Gestes et Fantaisies et la correspondance avec Jaffeux.
Bien amicalement à toi,
Laurent
Bonjour Laurent,
Merci pour ton appréciation positive de Fantaisie de l’Enfant. Je suis cependant un peu surpris que cela te plaise autant. Je trouve en effet que ce texte manque un peu d’exigence stylistique et surtout de profondeur sensorielle. Bachelard aurait sans doute dit à son propos que j’en reste aux strates les plus superficielles de l’imagination. Disons que c’est un texte de surréalisme puéril un peu disloqué plutôt qu’un texte d’imagination enfantine intense. Cela pour te dire que ce texte n’a pour moi de valeur qu’à l’intérieur d’un ensemble plus vaste.
(…)
A propos enfin des rhapsodies dont Ivar t’a parlé, c’est une sorte de jeu désœuvré. Tu trouveras une de ces rhapsodies sur mon site à la fin de la lettre à propos de Rimbaud à l’intérieur des Conversations avec Ivar.
A Bientôt Boris