Envoi du Grand Chosier et de Res Rerum (Œuvres Inédites)
Bonjour Laurent,
Grand merci pour l’envoi du Grand Chosier. J’ai parcouru le livre au hasard et je sais déjà que cela me plait beaucoup. Je trouve entre autres choses la profusion métaphorique de ton texte Fontaine extraordinaire. Et la Postface de même c’est absolument superbe. Tu réponds ainsi à l’œuvre de Ponge de manière admirable.
Pour essayer quant à moi de répondre à ce magnifique cadeau je t’envoie ci-joint une esquisse elle aussi intitulée Fontaine.
Amitiés A Bientôt Boris
Fontaine
La fontaine révèle la fonte de l’eau. La fontaine donne à voir la fonte de l’eau en feu, la fonte de l’eau de feu.
La fontaine offre au regard la fonte de l’eau en feu, la fonte de l’eau en feu d’artifice. La fontaine offre au regard la fonte de feu d’artifice de l’eau, la fonte de feu d’artifice en deuil de l’eau, la fonte de feu d’artifice feu de l’eau.
La fontaine donne à voir la fonte de l’eau au front de l’air, la fonte de cheveux de l’eau au front de vide de l’air.
La fontaine appose un diadème de déliquescence sur le front de l’air. La fontaine appose un diadème de déliquescence sur le front de l’atmosphère.
La fontaine appose un diadème de larmes, un diadème d’alcool, un diadème de larmes alcoolisées, un diadème d’eau de feu sur le front de l’atmosphère.
Au sommet de la fontaine, le feu alchimique fond comme une glace, comme une glace d’air, comme un sorbet d’atmosphère. Au sommet de la fontaine, le feu alchimique fond comme une glace d’évanouissement, comme une glace à la vanish.
La fontaine empile le geste de son bond. La fontaine formule le geste de son bond, le geste de translucidité de son bond.
La fontaine fond le sommet. La fontaine fond le bond de son sommet. La fontaine fond le bond de translucidité de son sommet.
La fontaine fond le sorbet de son sommet, le sorbet de bonds de son sommet, le sorbet de bonds translucides de son sommet.
La fontaine absorbe son sommet. La fontaine absorbe le feu d’artifice de son sommet. La fontaine absorbe le feu d’artifice de larmes de son sommet.
La fontaine fond le sonnet de son sommet, le sonnet de bonds translucides de son sommet.
La fontaine fond l’alcool de son sommet. La fontaine fond l’eau de feu de son sommet. La fontaine fond le totem de l’alcool. La fontaine fond le totem de l’eau de feu.
La fontaine engloutit son sommet. La fontaine engloutit l’alcool de son sommet. La fontaine engloutit l’eau de feu de son sommet. La fontaine engloutit le feu d’artifice de son sommet.
La fontaine engloutit la féerie hyaline de son sommet. La fontaine engloutit le front hyalin de son sommet, la frondaison hyaline de son sommet.
La fontaine fond le ressort de l’eau. La fontaine fond le ressort de l’eau à son sommet. La fontaine fond le miroir de l’eau, le ressort de miroir de l’eau. La fontaine fond le ressort de miroir de l’eau à son sommet.
La fontaine fond la glace de l’eau à son sommet. La fontaine fond la glace sans tain de l’eau à son sommet. La fontaine glace le fond de teint de l’eau. La fontaine glace le fond de teint de l’eau à son sommet. La fontaine fond le fond de teint sans tain de l’eau. La fontaine fond le fond de teint sans tain de l’eau à son sommet.
La fontaine tautophorise l’eau. La fontaine tautophorise la fonte de l’eau. La fontaine tautophorise la fonte de l’eau en feu. La fontaine tautophorise la fonte de l’eau en feu d’artifice.
La fontaine fond le clou du spectacle. La fontaine fond le clou du spectacle invisible. La fontaine fond le clou clownesque du spectacle invisible. La fontaine fond le clou de jonglerie, le clou de jonglerie clownesque du spectacle invisible. La fontaine fond le clou de prestidigitation, le clou de prestidigitation clownesque du spectacle invisible.
La fontaine fond en larmes. La fontaine fond en larmes à son sommet.
« Ton visage dégrafé par les larmes. » J. Brel
La fontaine dégrafe les larmes. La fontaine dégrafe les larmes de son sommet, le visage de larmes de son sommet.
La fontaine dégrafe la fonte de ses larmes, la fonte glaciaire de ses larmes. La fontaine dégrafe la féerie de ses larmes, la féerie hyaline de ses larmes. La fontaine dégrafe l’offrande de ses larmes, l’offrande hyaline de ses larmes.
« Voir pleurer, c’est plus que pleurer. » A. Porchia
La fontaine fond en larmes de se voir pleurer. La fontaine fond en larmes à force de se voir pleurer. La fontaine fond le narcissisme de la force même de ses larmes.
La fontaine révèle l’exaltation de la tristesse. La fontaine révèle l’euphorie de la tristesse. La fontaine révèle l’exaltation narcissique de la tristesse, l’euphorie narcissique de la tristesse.
La fontaine dégrafe le corsage de ses larmes. La fontaine dégrafe le décolleté de ses larmes, le décolleté hyalin de ses larmes. La fontaine dégrafe le décolleté de féerie de ses larmes, le décolleté de féerie hyaline de ses larmes
La fontaine fond les feux à la pluie du vent de diamants. La fontaine dégrafe la fonte des feux à la pluie du vent de diamants. La fontaine fond la pandiculation de la féerie. La fontaine fond la pandiculation d’alcool de la féerie. La fontaine fond la pandiculation des feux à la pluie du vent de diamants de la féerie.
La fontaine fond son sommet comme un chapeau dans le lapin. La fontaine fond les larmes de son sommet comme un chapeau dans le lapin. La fontaine fond son sommet comme un chapeau de larmes dans un lapin de feu, comme un chapeau de feu dans un lapin de larmes, comme un chapeau de glace dans un lapin d’alcool, comme un chapeau d’alcool dans un lapin de glace.
La fontaine fond le château d’eau de ses larmes. La fontaine fond le château d’eau du feu d’artifice. La fontaine fond le château d’eau du feu d’artifice de ses larmes. La fontaine fond le château d’eau d’un feu d’artifice en deuil. La fontaine fond le château d’eau du feu d’artifice feu de ses larmes.
La fontaine appose des seins de larmes au sommet de sa tête. La fontaine dégrafe le décolleté de ses larmes au sommet de sa tête. La fontaine appose le décolleté de ses larmes comme un diadème d’alcool au sommet de sa tête. La fontaine appose un diadème de larmes décolletées, un diadème de larmes d’alcool décolletées au sommet de sa tête.
La fontaine dégrafe un diadème de seins au sommet de sa tête, un diadème de seins en larmes au sommet de sa tête.
La fontaine expose le décolleté de sa tête. La fontaine décollette sa tête. La fontaine décollette l’alcool de sa tête. La fontaine dégrafe le diadème de larmes de sa tête, le décolleté de larmes de sa tête. La fontaine décollette le diadème d’alcool de sa tête, le diadème de larmes alcoolisées de sa tête, le diadème d’alcool fondu de sa tête.
La fontaine fond le pont de l’eau. La fontaine fond le pont sans tain de l’eau. La fontaine fond le pont de fond de teint de l’eau, le pont de fond de teint sans tain de l’eau. La fontaine fond le pont de fond de teint sans fond de l’eau, le pont de fond de teint sans fond sans tain de l’eau.
Bonjour Boris,
enchanté que mon Grand chosier te plaise. Ta Fontaine est aussi merveilleuse, elle est toute merveille ! C'était décidément un objet pour nous, la fontaine : comme un totem de l'imagination. Objet tautophorique, comme tu dis, entre tous.
Bien à toi,
Laurent
Laurent,
Je lirai évidemment aussi Res Rerum avec attention. A propos de notre désaccord métaphysique, j’ai retrouvé la phrase de Porchia que je citais l’autre fois de mémoire. « Non, les choses ne sont pas comme elles sont, parce que si elles étaient comme elles sont, elles le seraient toujours, comme elles sont. »
Quant à l’attentat contre Charlie Hebdo, je ne suis pas certain de pouvoir en dire quoi que ce soit d’intéressant. En effet, à la différence de Baudrillard ou de Deleuze, les événements n’ont pour moi le plus souvent aucune valeur. Et puis ce qui m’ennuie c’est que ce discours ne serait encore qu’un acte de pensée et non un geste de l’imagination. Je parviendrai malgré tout peut-être à t’en parler une autre fois.
A Bientôt Boris