Bonjour Laurent,
(…)
Je t’envoie Esquisse d’une Théorie de la Couleur et des extraits de Tu Sauf.
A Bientôt Boris
Cher Boris,
(…) Vraiment pas le temps de lire l'extrait de Tu sauf. Tu n'imagines pas comme je suis peu disponible en ce moment. Mais ton texte sur la couleur, plus court, oui je l'ai lu. Et je pensais que ce qui fait la grande force de ton écriture, c'est ce que tu dis là à propos des peintres : que pour toi chaque élément du monde ajoute une dimension au monde, comme si chaque chose n'était pas seulement quantité ajoutée mais requalification de toutes les choses. Et qu'ainsi chaque terme qui survient dans ton lexique recompose le monde, à l'instar d'une couleur-dimension qui nécessite de réorganiser le monde si on décide de la considérer. D'où le côté infini et obsessionnel de tes textes. Chaque chose qui survient oblige à renverser toutes les choses qui lui sont contigües, un peu comme dans ces jeux de dominos alignés où un minuscule élément renversé provoque une vague de renversements, une sorte de frisson dorsal et catastrophique à la surface du monde, si tu vois l'image. Chaque chose dont tu parles serait un soudain cliquetis de choses en mouvement sur les choses. J'aime bien ça.
Bien à toi,
Laurent