Son nom est la totalité infinie du langage. A chaque interlocuteur il dit tout, à chaque interlocuteur il ne dit que son nom. Il ne peut choisir des morceaux de langage du fait même qu'il est nommé à travers la totalité infinie du langage, c'est la raison pour laquelle il ne parle à personne en particulier. A chaque fois qu'il parle, il s'adresse à la foule de son propre nom indicible. Les mots sont pour lui identiques à des miroirs qui ne reflètent qu'eux-mêmes, autrement dit à l'impossibilité d'être nommé. Il est le narcisse parodique du néant insuicidé de son nom. Il est le ressuscité sempiternel de l'impossible de ce qu'il dit.
Son nom est un tout infini, il ne peut donc jamais devenir un événement. Il est ainsi mordu vivant et dévoré mort à travers la loi libre de son nom. Il change de nom à chaque mot qu'il prononce et à chaque mot qu'il entend. Son nom n'est pas alors le mot qu'il prononce ou qu'il entend, il est l'interdiction de son impossibilité. A chacun il dit le même tout, et à chacun il le dit différemment à l'infini. A chacun il ne dit rien d'autre que l'incertitude divine de l'interdit.
Son nom est la possibilité infinie de l’alphabet. A chaque fois qu’un homme parle, il prononce en vérité son nom et il le prie d’être. C’est un dieu, le dieu de l’angoisse et de la fatigue.
Il change de nom chaque jour. A chaque réveil, il brûle le nom du jour d'avant. Il change de nom à chaque fois qu'il se retourne et à chaque fois qu'il change de nom, il tue quelqu'un. Il est sans cesse reconnu par ceux qu'il ne connaît pas. N'importe qui peut parler de lui, il est le divertissement du doute de Dieu. Son âme est morte et son corps est éternel. Au centre de tout cadeau, il soupçonne le désir d'un cadavre.
Son nom est de changer de nom. Son unité est le double de la délibération de l'adieu. Son nom est le néant de l'autre nom. Il n'a rien à dire excepté le quiproquo d'étranglement de sa langue et de ses dents. Il nomme le rien à dire. Il dit le rien à nommer. A chaque fois qu'il change de nom, il fait semblant de tuer l'incertitude de vérité du n'importe quoi. A chaque fois qu'il change de nom, il fait semblant de choisir entre et et et.
Son nom est de changer de nom. Il change de nom à chaque mot qu'il prononce et à chaque mot qu'il ne prononce pas.
Chaque mot qu'il prononce est la transsubstantiation de son nom. Lorsqu'il se tait, il devient innommable et il est désormais impossible de lui adresser la parole. Ainsi il est sans cesse obligé de prendre la parole en premier. Cependant il n'adresse cette parole à l'autre qu'à travers le masque de vérité anonyme de l'adieu.
Il a un nom différent pour chaque interlocuteur. Et à chacun de ses interlocuteurs, il ne sait dire qu'un seul mot. Il est ainsi semblable à l'instrument de l'altérité même. Cette faculté d'être un instrument exclusif pour n'importe qui lui accorde un pouvoir presque infini. Certains prétendent que d'être ainsi l'instrument singulier de tous fait de lui une divinité.
Il a un nom différent pour chaque interlocuteur. Il connaît la transparence de son cerveau à travers le quiproquo d'adieu de son cœur.
Il change de nom à chaque mot qu'on lui adresse. Il fuit les assemblées car il peut y recevoir
plusieurs mots au même instant et être alors changé en un suppôt d'identités innombrables sans le désirer.
Il n’y a selon lui qu’une seule forme de sagesse logique, celle de changer de nom après avoir dit au revoir à quelqu’un.
Il n'a d'autre mémoire que le testament de gomme de son nom. Il est violé à travers le lapsus d'insomnie d'être enceint de l'éternel retour de la virginité.
Il n'a d'autre mémoire que le lapsus de virginité de son nom. Il est digéré sans être mangé à travers la distraction de transparence de l'interdit.
Il n'a d’autre mémoire que l'insuicide de gomme de son nom. Son cerveau prostitue la transparence universelle de sa virginité à la tautologie d’anonymat de l'insomnie.
Il n'a d'autre mémoire que son nom. Il oublie tout excepté le signe de son identité. L'univers est pour lui sans cesse nouveau, cependant cette nouveauté est à chaque fois similaire au mur de lumière de l'immuable.
Il n'a d'autre mémoire que son nom. Ses paroles sont adressées à l'intervalle de mutisme de son insomnie. Le miroir de gomme de l'horizon prophétise l'ersatz d'interdit de son visage.
Il n'a d'autre mémoire que la transparence de son nom. Il adresse ses paroles exclusivement à l'interdit. La perfection insignifiante de sa paresse décalque les ultimatums de vulgarité de son cerveau. Lorsqu'il décide de rester au centre même de l'impossible, il cite alors les atermoiements de l'alphabet à travers la mascarade de sa peur.
Il n'a d'autre mémoire que l'anonymat explétif de son nom. Il est incarcéré à travers la distraction de gommencement de l'alphabet. Sa paresse prostitue le suicide universel de sa virginité à la lettre anonyme de la lumière. Il est l'automate de la totalité comme si de rien n'était de l'insomnie. Son visage est le lapsus de miroir de l'horizon.
Son nom n’est connu de personne et ses désirs sont connus de tous. Il est transparent cependant il reste innommable. Les autres savent tout de lui, excepté son nom.
Les autres ne le connaissent que de nom. Ils ne savent rien de la forme de son visage, de ses gestes, de ses paroles et de ses besoins. Les autres ne connaissent sa vie qu'à travers la distraction de son mutisme.
Il suffoque de se reconnaitre sans cesse à travers le miroir d’ironie de son nom.
Il connait depuis toujours tous les noms des êtres humains qu’il rencontrera pendant son existence. Malgré tout il ne sait pas si cette connaissance est la révélation d’un pouvoir ou d’une malédiction.
Il joue. Son désir n’est ni de gagner ni de perdre. En vérité, il ne comprend pas cette distinction. Il joue uniquement afin de dédaigner sa promesse, afin de reposer de temps à autre parmi la vérité apocryphe de l’air. Son nom qu’il ne connaît pas et que cependant il joue est don juan.
Son pseudonyme est le hasard de vérité de son amnésie. C'est pourquoi les autres ne connaissent l'inouï de son vide que de nom.
Il est maudit, il est le seul à prononcer incorrectement son propre nom. Sa vie n'est rien d'autre que la pantomime de transparence de l'alphabet.
Il est incapable de prononcer son nom. Son nom n'est que le lapsus de sa mémoire. Son nom est la distraction d'interdit de la totalité du langage. Tout un chacun l'appelle justement à travers son nom excepté lui. Il est donc à chaque seconde gommé à travers l'identité d'insomnie de l'anonymat.
Il n’a pas de nom. Sa punition exempte de toute malédiction est d’ignorer sa punition. Il vampirise vertueusement. Il a conscience, et cette conscience est un suicide fœtal, d’être la voix totalitaire et interdite des morts.
Il prétend qu’il n’y a pour lui aucune difficulté à anéantir la totalité du monde. Il lui suffit de sacrifier son nom. Mais subsiste alors la difficulté de savoir à qui sacrifier ce nom.
Son nom explose quand quelqu’un le touche. Prononcer son nom est sans aucun danger. Cependant si quelqu’un essaie de prendre son nom entre ses mains, il explose au visage de celui qui accomplit ce geste.
Son ivresse est celle de son nom. Quand il s’enivre, son nom semble évoqué par le déséquilibre de lucidité du hasard.
L’ombre de son nom ne connait qu’une phrase par cœur “Dieu existe et l’homme n’existe pas.”
Il n'a jamais lu un mot pas même son nom.
Il est assis pauvre et fatigué face aux noms qu'il a enfermés dans une prison de liberté infinie. Il attend que tous ces noms meurent les uns après les autres. En vérité il est épuisé d'attendre l'épuisement des noms. C’est la raison pour laquelle il a décidé de détruire la prison de la liberté infinie. Pour les noms, rien ne change ; que la prison soit libre ou non n'a pour eux aucune importance, les noms sont toujours là où il les a disposés. Ainsi, il ne sait pas si sa décision a été accomplie. Il ressemble par là même à la préhistoire d’asphyxie solennelle de son cerveau.