Imagination
L’imagination ne signifie pas. L’imagination ne révèle pas un sens. L’imagination forme. L’imagination donne forme. L’imagination donne des formes insensées. L’imagination donne des formes insensées au monde.
L’imagination ne désire pas surplomber le monde. L’imagination ne désire pas comprendre le monde, comprendre le monde en le surplombant (« Par l’espace l’univers me comprend et m’engloutit comme un point : par la pensée je le comprends. » B. Pascal). L’imagination a plutôt la volonté à la fois d’appartenir au monde et de répondre au monde.
L’imagination répond de manière irresponsable à la présence du monde. L‘imagination répond avec une précision irresponsable à la présence du monde.
Le geste symbolique de l’imagination répond au monde sans respecter le monde. Le geste symbolique de l’imagination répond au monde sans être responsable du monde. Le geste de symboliser de l’imagination répond à l’apparition du monde par la certitude de la sensation, par la certitude irresponsable de la sensation.
L’imagination défie le monde comme le monde défie l’imagination. L’imagination séduit le monde comme le monde séduit l’imagination. Le monde et l’imagination se rencontrent, coïncident uniquement par séduction, par séduction d’amour.
L’imagination apparait toujours d’abord de manière monstrueuse. L’imagination donne à sentir la monstruosité du monde. L’imagination donne à sentir les formes monstrueuses du monde, les postures monstrueuses du monde.
L’imagination déclare la démesure du monde. L’imagination déclare la solitude du monde. L’imagination déclare la démesure de solitude du monde.
Ce qui apparait imaginé n’est jamais la vie. Ce qui apparait imaginé c’est le monde. Ce qui apparait imaginé c’est la matière du monde, la matière du monde adressé au destin, la matière du monde destinée en dehors de la vie même. Ce qui apparait imaginé c’est l’existence, c’est l’existence du monde, c’est l’existence inhumaine du monde destinée en dehors de la vie même.
L’imagination donne à sentir les nuances du monde. L’imagination donne à sentir les nuances de certitude du monde. L’imagination donne à sentir les nuances de jubilation du monde. L’imagination donne à sentir les nuances d’euphorie du monde. L’imagination donne à sentir les nuances de volupté du monde.
L’imagination touche le feu de conversation du monde. L’imagination touche le feu de conversation du monde à sang nu.
L’imagination sait que chaque chose apparait comme elle apparait. L’imagination a le sentiment exact, le sentiment précis que chaque chose apparait comme elle apparait. Pour l’imagination, une chose n’est pas ce qu’elle est. Pour l’imagination une chose n’est pas comme elle est. Pour l’imagination, une chose n’apparait pas comme elle est. Pour l’imagination, il n’y a pas d’être. C’est pourquoi, pour l’imagination, chaque chose apparait comme elle apparait en dehors de l’être, en dehors de l’être et du néant. Pour l’imagination, chaque chose apparait presque comme elle apparait, chaque chose apparait presque comme elle apparait en dehors de l’être et du néant.
Le geste inhumain de l’imagination inhumaine ne dit pas c’est ainsi. Le geste inhumain de l’imagination affirme plutôt c’est presque ainsi, c’est presque ça, c’est presque ainsi ça. Le geste inhumain d’imagination affirme le presque ainsi de ça. Le geste inhumain de l’imagination affirme le presque ainsi sauf, le presque ainsi ça sauf du monde, le presque ainsi ça sauf des tournures du monde.
La pensée s’adapte à des situations. L’imagination invente l’avoir lieu. L’imagination invente des formes d’avoir lieu. La pensée s’adapte à des situations que les autres produisent. L’imagination invente l’avoir lieu où les autres apparaissent.
La pensée s’adapte à l’univers. La pensée s’adapte à la situation de l’univers. La pensée s’adapte à la situation d’unité de l’univers. L’imagination déclare le monde. L’imagination déclare la multiplicité des mondes. L’imagination déclare la solitude de la multiplicité des mondes.
L’imagination affirme l’avoir lieu des formes. L’imagination affirme l’avoir lieu des gestes et des formes, l’avoir lieu des postures et des formes. L’imagination affirme l’avoir lieu des règles d’apparitions qui détruisent l’infini. L’imagination projette des formes, des gestes et des postures qui détruisent l’infini.
L’imagination affirme la destruction de l’infini. L’imagination apparait par la destruction de l’infini. L’imagination détruit l’origine de l’infini. L’imagination détruit l’infini de l’origine.
L’imagination affirme l’instinct de la métamorphose. L’imagination affirme l’instinct de la certitude. L’imagination affirme l’instinct de métamorphose de la certitude. L’imagination affirme la pulsion de la métamorphose. L’imagination affirme la pulsion de la certitude. L’imagination affirme la pulsion de métamorphose de la certitude.
L’imagination surgit en deçà du désir de liberté. L’imagination apparait toujours comme réponse. L’imagination apparait comme réponse à la violence du monde, comme réponse à la violence d’apparaitre du monde, comme réponse à la violence de l’apparition du monde.
L’imagination n’est jamais libre. L’imagination apparait toujours destinée. L’imagination survint précisément comme ce qui tombe en possession de l’apparition du monde comme destin.
Imaginer c’est avoir la sensation du monde comme destin. Imaginer c’est avoir la sensation de l’immanence du monde comme destin, comme précision irresponsable du destin.
L’imagination tombe en possession du jeu de l’immanence. L’imagination tombe en possession du jeu d’immanence du monde. L’imagination tombe en possession du jeu d’immanence du destin. L’imagination tombe en possession du jeu d’immanence du monde comme destin.
L’imagination affirme la manière de projeter la sensation. L’imagination affirme la manière de destiner la sensation. L’imagination affirme la manière de projeter la sensation comme geste du destin, comme posture du destin.
L’imagination apparait sans origine. L’imagination apparait destinée. L’imagination répète des formes de destination. L’imagination invente des formes de destination en dehors de l’origine.
Les connivences de l’imagination intensifient la présence du monde. Les connivences de l’imagination intensifient, amplifient la présence du monde. Les connivences de l’imagination intensifient, amplifient la présence du monde à la surface du futur, à la surface de vide du futur. Les connivences de l’imagination intensifient, amplifient la présence du monde à la surface du destin, à la surface de futur du destin.
L’imagination invente la destination du calme. L’imagination invente les formes de destination du calme.
L’imagination affirme la précision de la démesure. L’imagination affirme la précision irresponsable de la démesure.
L’imagination touche la démesure. L’imagination touche l’impact de la démesure. L’imagination touche l’indice comme l’impact de la démesure.
L’imagination affirme la chose de la démesure. L’imagination affirme la chose de démesure du destin. L’imagination tombe en possession de la chose de la démesure. L’imagination tombe en possession de la chose de démesure du destin.
L’imagination affirme les règles de la démesure. L’imagination affirme les règles du destin, les règles de démesure du destin. L’imagination affirme les règles d’immanence de la démesure, les règles d’immanence du destin, les règles de démesure immanente du destin.
Quand l’imagination apparait seule, l’imagination répond à l’apparition du monde, à l’apparition de la matière du monde. Quand l’imagination apparait seule, seule au monde, l’imagination répond malgré tout à sa solitude, l’imagination répond à sa solitude à l’intérieur du monde. Quand l’imagination apparait seule, l’imagination projette sa solitude. Quand l’imagination apparait seule, l’imagination projette sa solitude comme réponse, comme réponse au monde.
« Je résolus de renoncer au but fixé en vue duquel je ne fais plus que fonctionner, et en ce jour je me sentis exister pour la première fois ; une imagination en quelque sorte cordiale me rendit léger à l’instant même. » P. Handke
La pensée se fixe des buts, des buts sans destination. L’imagination se projette à l’intérieur de destinations. La pensée désire atteindre le but qu’elle se fixe. L’imagination joue à trouver sa destination. L’imagination joue à trouver un destin afin ensuite de l’approcher. L’imagination commence par trouver le destin et joue ensuite à l’approcher. L’imagination joue à approcher le lieu d’une destination, le lieu d’un destin qu’elle possède malgré tout toujours déjà.
Il n’y a pas de matérialisme scientifique et pas non plus de matérialisme philosophique. Le seul et unique matérialisme c’est le matérialiste symbolique, c’est-à-dire le matérialisme de l’imagination. Magnifique paradoxe révélé par l’œuvre de Bachelard.
Le matérialisme de l’imagination affirme que le monde existe précisément quand il n’est ni pensé ni examiné ni mesuré. Le matérialisme de l’imagination affirme le jeu d’affirmer la présence du monde en deçà de toute pensée, en deca de tout examen, en deçà de toute observation. L’imagination matérielle n’observe pas le monde, ne mesure pas le monde, n’observe pas le monde pour le mesurer. L’imagination matérielle contemple le monde. L’imagination matérielle contemple la démesure du monde. L’imagination contemple les formes de démesure du monde.
L’imagination matérielle détruit à la fois la possibilité et la négation. L’imagination matérielle détruit le possible de la négation. L’imagination matérielle affirme les formes de la destruction qui ne sont pas des signes de négation. L’imagination matérielle affirme la distinction entre la destruction, la violence de la destruction et la négation et le désir de négation. L’imagination matérielle a le sentiment de la violence de la destruction comme métamorphose plutôt que comme négation.
L’imagination matérielle affirme la nécessité du monde, la nécessité de la présence du monde. L’imagination matérielle affirme la nécessité de la démesure du monde, la nécessité de la démesure du monde en dehors du possible et de la négation.
L’imagination matérielle déclare le oui de démesure du monde, le oui de démesure nécessaire du monde, le oui de démesure nécessaire du monde en dehors de la possibilité et de la négation. L’imagination matérielle déclare le oui de démesure inexorable du monde, le oui de démesure inexorable du monde en dehors de la possibilité et de la négation, en dehors du vrai et du faux.
L’imagination n’est pas une lumière de la pensée. L’imagination n’est pas la lumière qui vient de la pensée. L’imagination apparait comme la clarté du dehors, comme la clarté qui vient du dehors. L’imagination apparait comme la clarté du monde, comme la clarté de la chute du monde, comme la clarté de la chute exacte du monde, comme la clarté de la chute impeccable du monde.
L’imagination apparait comme l’essai d’harmoniser le chaos du monde, le chaos matériel du monde. L’imagination donne à sentir une forme d’harmonie incohérente du monde. L’imagination donne à sentir l’harmonie du chaos même du monde. (A l’inverse l‘absence d’imagination développe une cohérence sans harmonie, la cohérence inharmonique de la raison, la cohérence inharmonique du sens.)
Il est impossible de donner une forme à la pensée avec la pensée, de donner une forme à la sensation avec la pensée. Seule la chair apparait apte à la fois à donner une forme à la pensée et à donner une forme à la sensation. La seule manière de composer la pensée, de composer la sensation c’est d’affirmer des gestes de la chair, c’est d’affirmer des postures de la chair. Ce qui compose la pensée et la sensation n’est pas une ascèse de la pensée. Ce qui compose la pensée et la sensation, c’est une ascèse de la chair.
La seule manière de détruire le je suis pensé c’est d’affirmer l’imagination. La seule manière de détruire l’abjection d’être pensé, d’être pensé à travers l’espèce, d’être pensé à travers l’espèce de l’être c’est d’affirmer la bêtise de l’imagination, c’est d’affirmer la bêtise inexorable de l’imagination.
La seule manière de s’extraire du malheur de la pensée c’est d’affirmer l’imagination. La seule manière de s’extraire de la stupidité de la pensée c’est d’affirmer à la fois l’extase et la bêtise de l’imagination, c’est d’affirmer l’extase de bêtise de l’imagination.
L’imagination affirme sans jamais revendiquer. L’imagination affirme des formes de certitude sans jamais revendiquer le sens de la vérité.
L’imagination apparait à la fois en dehors de la vérité de l’identité (de la vérité du moi) et du sens de l’autre, en dehors du sens du moi et de la vérité de l’autre. L’imagination apparait ainsi en dehors du désir de liberté. L’imagination affirme les formes du destin. L’imagination donne à sentir les formes du destin. Celui qui imagine apparait destiné au monde. Celui qui imagine apparait destiné au monde à la fois en dehors de l’aliénation et de la liberté.
L’imagination apparait en dehors de la vérité du moi et de la loi du sur-moi. L’imagination apparait en dehors du moi et du sur-moi par l’affirmation du sur-ça. L’imagination ne sublime pas la pulsion. L’imagination ne sublime pas la pulsion par la pensée. L’imagination sublime la pensée par la pulsion. Ou plutôt l’imagination sublime à la fois la pensée par la pulsion et la pulsion par la sensation. L’imagination sublime la violence de la pulsion par la projection de la sensation. L’imagination sublime la violence de la pulsion par la paralysie de la sensation. L’imagination sublime la violence de la pulsion par la projection de paralysie de la sensation, par la projection d’immobilité de la sensation.
L’imagination parvient à donner forme au ça par schèmes. L’imagination parvient à donner forme aux pulsions du ça, aux pulsions matérielles du ça par les schèmes de l’extase. L’imagination parvient à donner forme aux trajectoires de l’instinct, aux trajectoires matérielles de l’instinct par les schèmes d’exactitude de l’extase.
L’imagination montre le sur-ça. L’imagination montre le sur-ça de la sensation. L’imagination montre l’ainsi ça de la sensation. L’imagination montre l’ainsi sur-ça de la sensation, le sur-ainsi ça de la sensation.
Il y a autant de stéréotypes dans la conscience que dans l’inconscient. Imaginer c’est détruire à la fois les stéréotypes de la conscience et les stéréotypes de l’inconscient.
« Il y a des choses que l’intelligence cherchera toujours mais que par elle-même elle ne trouvera jamais. Ces choses l’instinct les trouverait mais par lui-même il ne les cherchera jamais. » H. Bergson
L’imagination provoque la recherche de l’instinct. L‘imagination provoque la recherche de l’instinct animal. L’imagination provoque la recherche de l’instinct animal afin de trouver des gestes et des postures du monde que la pensée ne trouvera jamais.
L’imagination ne révèle pas la signification des désirs. L’imagination donne forme aux besoins de la chair. L’imagination schématise les besoins de la chair. L’imagination schématise les besoins de la chair afin que la chair parvienne à savoir précisément de quoi elle aura ainsi besoin à l’intérieur d’un autre temps et d’un autre espace.
L’imagination affirme le geste de symboliser ses besoins. L’imagination affirme le geste de symboliser la forme heureuse de ses besoins. L’imagination affirme le geste de symboliser le luxe de ses besoins. L’imagination affirme le geste de symboliser le luxe heureux de ses besoins.
« Un fruit à lui seul est une promesse de monde, une invitation à être au monde. Quand l’imagination cosmique travaille sur cette image première, c’est le monde lui-même qui est un fruit gigantesque. » G. Bachelard
L’imagination mange. L’imagination mange le monde. L’imagination affirme une manière de manger le monde comme une manière d’apparaitre mangé par le monde. L’imagination métaphorise la faim comme elle mange la métaphore. L’imagination métaphorise l’extase de manger comme elle mange la métaphore d’exister.
L’imagination métaphorise l’extase de la faim comme elle mange la métaphore de l’extase. L’imagination métaphorise l’habitude de manger, L’imagination métaphorise l’ascèse de manger comme elle mange la métaphore d’exister.
L’imagination mange la sensation. L’imagination projette la sensation. L’imagination projette la sensation par le geste de manger la sensation. L’imagination projette la métamorphose de la sensation. L’imagination projette la métamorphose de la sensation par le geste de manger la sensation.
L’imagination affirme le geste de manger le monde. L’imagination affirme une manière de manger le monde. L’imagination affirme une manière de manger les apparences du monde et d’adresser ensuite cette dévoration des apparences du monde à l’inconnu, à l’inconnu du oui, par projection à l’intérieur du crâne, par projection de la bouche à l’intérieur du crâne.
L’imagination projette la certitude de la sensation par le geste de manger à la fois le langage et les multiples choses du monde, par le geste de manger le langage comme chose du monde, comme chose parmi d’autres du monde. L’imagination projette la certitude de la sensation par le geste de manger le langage avec les multiples choses du monde. Et cet amalgame du langage et des choses du monde à l’intérieur de la bouche de celui qui imagine, de la bouche-crâne de celui qui imagine donne à sentir la voix de l’âme, la voix obscène de l’âme.
Le geste de manger apparait comme un geste intense de l’imagination. La trajectoire de l’imagination apparait comme la trajectoire entre la main et le crâne.
L’imagination survient à l’intérieur de la bouche. Imaginer c’est parler la bouche pleine. Imaginer c’est parler la bouche contente, c’est parler la bouche saturée. Imaginer c’est parler la bouche contente de monde, c’est parler la bouche saturée de monde.
La bouche de l’imagination apparait comme le lieu de coïncidence entre la main et le crâne. La bouche de l’imagination apparait comme le lieu du baiser de la main et du crâne, comme le lieu où la main et le crâne s’embrassent à la fois matériellement et symboliquement. A l'intérieur de la bouche de l’imagination a lieu à la fois le baiser et la sublimation du baiser de la main et du crâne.
Imaginer affirme le geste de manger avec son sang. Imaginer affirme le geste de manger avec le crâne du sang. Imaginer affirme le geste de manger avec la respiration du sang. Imaginer affirme le geste de manger avec le crâne de respiration du sang.
L’imagination mange l’arbre du sang. L’imagination mange l’arbre du sang avec le crâne de la bouche.
L’imagination affirme le geste de dormir la nourriture comme le geste de manger le sommeil. L’imagination dort la nourriture le jour et mange le sommeil la nuit.
L’imagination affirme le geste de sentir que la chair humaine mange et boit à l’intérieur d’un crâne animal. L’imagination affirme le geste de sentir que la chair humaine mange et boit le monde à l’intérieur du blanc bestial d’un crâne inhumain.
« Là où apparait la fonction de couteau, la raison se met en marche comme une force qui divise, crée des portions, opère des dissections. » P. Sloterdijk
« Le véritable langage serait donc celui qui suit les coupes préétablies dans l’étant et tranche toujours au point ou les choses elles-mêmes proposent des entailles et des distinctions. » P. Sloterdijk
La raison est analytique. L’imagination apparait synthétique. La raison prétend reproduire les découpes, les divisions, les dissections de la matière même. L’imagination essaie de donner à sentir et à répéter les gestes d’amalgame, d’alliance, de globalisation, d’entassement de la matière. Pour l’imagination, les découpes, les divisions, les dissociations, les distinctions elles aussi s’amalgament, s’allient, se globalisent, s’entassent.
La raison détecte les divisions de la matière. L’imagination montre la multiplicité du monde. La raison détecte les divisions de l’unité de l’univers. L’imagination donne à sentir la multiplicité d’unicité du monde.
« Les hommes utilisent des couteaux lorsqu’ils parlent. » P. Sloterdijk
Le langage de la raison emploie les mots en tant que couteaux. L’imagination utilise plutôt des phrases-cuillères, des phrases-marteaux ou des phrases-tamis.
L’imagination utilise surtout des phrases-flèches. La raison analyse avec des mots-couteaux. L’imagination synthétise avec des phrases-flèches. L’imagination amalgame avec des phrases-flèches. L’imagination globalise avec des phrases-flèches. L’imagination entasse avec des phrase-flèches. L’imagination amalgame avec les phrases-flèches de la certitude. L’imagination entasse avec les phrases-flèches de la certitude.
Avec le couteau de la raison, l’homme cherche à découvrir le secret à l’intérieur des objets. Avec la flèche de la déraison, la chair essaie de toucher l’énigme de l’apparition du monde.
L’imagination affirme une forme de préférence rythmique. L’imagination affirme le rythme des apparences, les rythmes de pesanteur des apparences.
Par l’extase de l’imagination, le comme rythme l’apparition. Par l’extase de l’imagination, la métaphore rythme l’apparition du monde. Par l’extase de l’imagination, la forme du comme rythme l’apparition du monde.
L’éthique de l’imagination révèle la composition des rythmes. L’éthique de l’imagination affirme l’ascèse comme l’aisance, l’ascèse d’aisance de composer des rythmes de sensations. L’éthique de l’imagination projette le tas de rythmes des sensations comme composition d’extase. L’éthique de l’imagination compose la suite rythmique des sensations comme tas d’extase, comme tas d’extase de l’étonnement, comme tas d’extase de l’étonnement immédiat.
« On a besoin d’images fixes pour produire des images animées. » P. Sloterdijk
L’imagination a besoin d’images animées afin de créer et aussi afin de séduire des images fixes, des images immobiles. La chair de l‘imagination ne compose pas des images en mouvement avec des images fixes. L’imagination compose des apparitions immobiles avec des images mutantes.
Pour l’imagination, ce n’est pas le mouvement qui apparait composé par une succession de formes fixes. Pour l’imagination, c’est l’immobilité qui apparait composée comme une suite de métamorphoses, comme une suite de métamorphoses anachroniques. Pour l’imagination, l’immobilité apparait comme un tas de mutations anachroniques, comme un tas de métamorphoses anachroniques.
L’imagination apparait comme un montage, comme une forme de montage. Le montage de l’imagination donne ainsi à sentir la certitude immédiate d’exister fragment du monde par fragment du monde.
Le montage de l’imagination n’est ni un travail de la pensée ni une distraction de l’inconscient. L’imagination invente un montage par précision de l’oubli. L’imagination invente un montage de sensations par précision de l’oubli. L’imagination compose un montage de sensations par précision de l’oubli.
L’imagination compose un montage d’une multitude fragments de monde qui coïncident à l’intérieur d’une seule et même amnésie, qui coïncident à l’intérieur de la précision de l’amnésie, à l’intérieur de la solitude de l’amnésie, à l’intérieur de la précision de solitude de l’amnésie.
L’intuition affirme le montage des sentiments. L’intuition affirme le montage des événements et des sentiments. L’imagination affirme le montage des formes et des sensations, le montage des postures et des sensations.
L’imagination catalogue les sensations. L’imagination compose les sensations par le catalogue de la chute. L’imagination entasse les sensations par le catalogue de la chute.
L’imagination catalogue les sensations de fragments de monde. L’imagination catalogue les sensations de fragments de monde par la solitude de l’amnésie. L’imagination compose les sensations de fragments du monde par le silence de la chute comme solitude de l’amnésie, par le catalogue de silence de la chute comme précision de solitude de l’amnésie.
L’imagination accomplit des montages de formes, des montages de sensations qui apparaissent à l’intérieur de temps et d’espace différents. L’imagination invente ainsi par montage, par montage météorologique les formes de sensations de l’utopie, les formes de sensations anachroniques de l’utopie.
L’imagination accomplit des montages de temps et d’espace à l’intérieur même de la chair. Par l’imagination, la chair devient l‘écran de projection d’un montage de sensations comme l’écran de montage d’une projection des sensations.
L’imagination affirme une relecture. L’imagination affirme la relecture du monde. L’imagination affirme la relecture de la matière du monde. L’imagination affirme le geste de relire les formes de la matière. L’imagination ne relit pas ce que la matière a déjà écrit. L’imagination relit ce que la matière projette sans jamais l’écrire. L’imagination relit les formes que la matière projette à blanc.
La relecture de l’imagination accomplit des montages météorologiques d’intuitions, de sensations et de sentiments.
L’imagination relit le monde avec les gestes. L’imagination relit la matière du monde avec les postures et les tournures de la chair. L’imagination relit le monde avec les postures minérales, végétales et animales de la chair, avec les tournures minérales, végétales et animales de la chair.
L’imagination relit le monde avec les gestes de météorologie inventés par les trajectoires de fragments de la chair, par les trajectoires d’immobilité de fragments de la chair.
L’imagination relit le monde à tâtons, par l’errance même de ses tâtonnements. L’imagination relit le monde par l’aisance même de ses approximations, de ses approximations tacites. L’imagination relit le monde par la violence de l‘aveuglement, par la lucidité de l’aveuglement, par la violence de lucidité de l’aveuglement.
La certitude n’est pas le sommet de la pensée. La certitude apparait plutôt comme le socle de l’imagination. La certitude n’est pas la fin de la pensée. La certitude apparait plutôt comme le commencement de l’imagination. La certitude apparait comme le socle, la table sur quoi repose l’extase de l’imagination. Le socle de la certitude apparait comme le piédestal c’est à dire comme le trampoline de paralysie où le jeu des symboles trouve un lieu afin d’apparaitre, où le jeu des symboles trouve le lieu de son apparition.
La certitude n’est pas le sommet de l’imagination, le sommet de l‘escalier de l’imagination. La certitude apparait comme la première marche de l’escalier de l’imagination. L’escalier de l’imagination se transforme paradoxalement malgré tout en toboggan à l’instant où la chair pose le pied sur cette première marche. La certitude apparait ainsi comme la marche pour rire du toboggan de l’imagination, de l’escalier-toboggan de l’imagination.
Celui qui imagine ne désire pas s’approprier la vérité. Celui qui imagine essaie d’abord de marcher à la surface de la certitude. Imaginer c’est d’abord s’amuser à marcher à la surface de la certitude, à la surface de la terre de la certitude. Imaginer c’est s’amuser à tenir debout à la surface de la terre de la certitude comme à l’extrémité d’un tremplin afin de plonger ensuite à l’intérieur du magma de matières des formes comme du magma de formes du destin.
Penser c’est analyser les événements du monde à travers la lumière. Imaginer c’est synthétiser les formes de l’obscurité avec les gestes du monde.
Celui qui pense croit que tout ce qui est visible regarde son cerveau, que tout ce qui est visible regarde son cerveau dans les yeux. Celui qui imagine a le sentiment que chaque chose qui apparait inconnue touche sa chair, que chaque chose qui apparait inconnue touche la certitude de sa chair.
« Certains voient avec l’œil droit exactement la même chose qu’avec l’œil gauche. Et ils croient que c’est là de l’objectivité. » S. Lec
Imaginer c’est voir une forme différente avec chaque œil et toucher malgré tout un symbole unique avec son regard.
« L’imagination, où s’apparient homme et monde, où surgissent soudés, suturés, symphysées, siamoisés par les yeux, unis par la face, le monde et l’esprit. » M. Deguy
L’imagination siamoise l’âme et le monde. L’imagination ne siamoise pas malgré tout l’âme et le monde uniquement par les yeux et le visage. L’imagination siamoise l’âme et le monde par le sang. L’imagination siamoise l’âme et le monde par les gestes du sang, par les gestes de certitude du sang. L’imagination siamoise l’âme et le monde par les gestes de l’extase, par les gestes de sang de l’extase.
« Les hommes écrivent beaucoup sur l’essence de la matière. J’aimerais que la matière se mette à écrire sur l’univers mental de l’homme. » J. Baudrillard
Quand l’imagination danse, quand l’imagination de la chair danse, la matière et l’espace qui se trouvent autour de cette chair s’inscrivent à la surface du papier et à l’inverse l’âme devient la surface d’inscription des choses et des événements qui apparaissent autour de cette chair.
« Selon Bergson, il n’y a qu’une chose que la matière ne peut pas expliquer c’est la mémoire. » G. Deleuze
La matière expose la mémoire. La matière projette la mémoire. La matière expose la mémoire par projection. La matière expose la mémoire par projection à l’intérieur du vide.
La matière n’expose pas la mémoire à la lumière. La matière n’expose pas la mémoire à la lumière du sens. La matière expose la mémoire à l’obscurité. La matière expose la mémoire à l’obscurité de l’imagination. La matière expose la mémoire à la nuit de l’imagination. La matière expose la mémoire à la clarté de l’imagination, à la clarté nocturne de l’imagination.
Les instants de joie ne s’inscrivent pas à l’intérieur de la mémoire. Les instants de joie composent plutôt la forme de l’imagination. Les instants de joie composent les formes de certitude de l’imagination.
Les formes de la joie et de la douleur s’inscrivent sur l’écran de l’imagination, sur l’écran de l’imagination en dehors de la mémoire, sur l’écran de la métamorphose de l’imagination en dehors de la mémoire.
La joie et la douleur méprisent les ornements de la pensée. La joie et la douleur méprisent les ornements du discours et de la pensée. (A l’inverse le bonheur et le malheur se distraient sans cesse à travers les ornements du discours et de la pensée.) La joie et la douleur touchent la nudité de l’imagination. La joie et la douleur touchent le miracle de l’imagination. La joie et la douleur touchent le miracle de nudité de l’imagination. La joie et la douleur touchent la certitude de l’imagination. La joie et la douleur touchent la certitude de nudité de l’imagination.
« Comme c’est l’enfant qui a le moins de possibilités de comparaison c’est lui qui voit le mieux les ressemblances entre les objets et les gens. Ses comparaisons sont les plus exactes. On peut se fier à un enfant qui constate des ressemblances. » P. Handke
La forme exacte de l’imagination n’apparait pas provoquée par des possibilités de comparaisons. L’imagination c’est précisément l’instinct de détruire le possible. L’imagination ne cherche pas des visions parmi des comparaisons possibles. L’imagination trouve immédiatement des métaphores nécessaires. L’imagination trouve immédiatement des coïncidences de sensations nécessaires. L’imagination ne constate pas des ressemblances possibles. L’imagination provoque des coïncidences de sensations, des coïncidences de sensations nécessaires. L’imagination à la fois trouve et invente des coïncidences de sensations nécessaires, des connivences de sensations nécessaires.
Celui qui imagine n’est jamais angoissé. Celui qui imagine n’est jamais angoissé de la possibilité d’événements dans l’univers. Celui qui imagine a malgré tout parfois honte. Celui qui imagine a malgré tout parfois honte de ne pas savoir où se trouve les autres mondes que celui où il existe. Celui qui imagine a honte de ne pas savoir comment donner à sentir la multiplicité incroyable des mondes, la multiplicité incroyable des mondes en dehors du possible et de l’impossible. L’imagination apparait parfois comme une forme de honte extrême. L’imagination apparait comme la honte qu’il n’y ait pas qu’un seul monde. L’imagination affirme la joie comme la honte, la joie honteuse qu’il n’y ait pas qu’un seul monde. Celui qui imagine a heureusement honte, a joyeusement honte. Celui qui imagine a heureusement honte, joyeusement honte de ne pas toujours savoir comment montrer où se trouve la multiplicité incroyable des mondes en dehors du possible et de l’impossible. L’imagination apparait comme une forme de honte sublime, comme la honte même du sublime. L’imagination apparait comme la rature du sublime, comme la rature de honte du sublime, comme la rature de honte heureuse du sublime, comme la rature de honte joyeuse du sublime, comme la rature de honte heureuse joyeuse du sublime.
« L’enivré a honte ensuite de son ivresse (quel que soit l’objet). L’enthousiaste a honte ensuite de ne plus être enthousiaste. » P. Handke
Celui qui imagine a honte de ne pas apparaitre à chaque instant enthousiaste, de ne pas apparaitre à chaque instant à l’intérieur de l’enthousiasme, à l’intérieur de l’enthousiasme de la multiplicité des mondes.
La passion expose l’imagination. La passion expose l’imagination à l’habitude. La passion caractérise l’imagination. La passion caractérise l’imagination comme habitude.
L’imagination a l’habitude de demain. L’imagination a l’habitude du futur. L’imagination affirme l’habitude de demain. L’imagination affirme l’habitude du futur. L’imagination affirme l’habitude de l’inconnu. L’imagination affirme l’habitude de futur de l’inconnu.
L’imagination transforme les gestes de l’habitude en postures du destin. L’imagination transforme les gestes visibles de l’habitude en postures tactiles du destin. L’imagination transforme les gestes visibles de l’habitude en postures à la fois tactiles et illisibles du destin.
L’imagination pose les problèmes de l’âme. L’imagination joue avec les problèmes de l’âme. L’imagination pose les problèmes de l’âme jusqu’à l’extase. L’imagination joue avec les problèmes de l’âme jusqu’à l’extase. L’imagination transforme les problèmes de l’âme en tas de l’extase. L’imagination transforme les problèmes de certitude de l’âme en tas d’extase du silence.
L’imagination invente des formes d’usages. L’imagination invente des formes d‘usages particulières. L’imagination invente des formes d’usages destinées à une seule chair. L’imagination invente des usages d’amour. L’imagination invente les formes d’usage de l’amour.
L’imagination pose à chaque instant le problème de savoir sur quoi marcher. L’imagination pose à chaque instant le problème de savoir à quoi ressemble le lieu où la chair marche, le lieu à la surface duquel la chair tient en équilibre, le lieu où la chair essaie de tenir en équilibre.
L’imagination marche sur le chemin comme trajectoire de l’inconnu, comme trajectoire de l’immédiat, comme trajectoire de l’immédiat inconnu, comme trajectoire de l’inconnu immédiat. Le geste de schématiser de l’imagination joue à marcher sur le chemin comme trajectoire immédiate de l’inconnu, comme trajectoire inconnue de l’immédiat.
L’imagination apparait comme une manière de marcher avec son sommeil. L’imagination apparait comme une manière de marcher avec le feu de son sommeil. L’imagination apparait comme une manière de marcher avec le feu de fruits de son sommeil. L’imagination apparait comme une manière de jongler avec son sommeil, avec le feu de son sommeil, avec le feu de fruits de son sommeil.
« Penser est aussi difficile que marcher dans la neige sans laisser de traces. » J. Baudrillard L’imagination affirme le geste d’apprendre à marcher à la neige. L’imagination affirme le geste d’apprendre à la neige à marcher à la surface du silence, à la surface du silence du sang.
L’imagination esquisse d’un seul geste la paralysie de la pensée et les acrobaties du cœur. L’imagination esquisse d’un seul geste la catatonie du cerveau et les sauts périlleux du cœur.
Les œuvres de l’imagination ne surgissent pas à l’intérieur du cerveau. Les œuvres de l’imagination surgissent à l’intérieur du sang. Les œuvres de l’imagination surgissent à l’intérieur de la roue du sang. Les œuvres de l’imagination surgissent à l’intérieur du tas du sang, à l’intérieur du tas de roues du sang.
« Il y a des excitations sans image, mais (…) il n’y a pas d’images sans excitation. » G Bachelard
L’imagination excite le sommeil. L’imagination excite le calme du sommeil. L’imagination excite la tranquillité du sommeil. L’imagination excite la solitude du sommeil. L’imagination excite la démesure du sommeil. L’imagination excite la démesure de calme du sommeil. L’imagination excite la démesure de solitude du sommeil. L’imagination excite la démesure de solitude calme du sommeil.
Par les schèmes de l’imagination, la chair humaine partage des postures et des sensations et surtout des postures de sensations avec d’autres animaux. Par les schèmes de l’imagination, la chair humaine apprend par cœur le bond du tigre comme la reptation de la taupe et apprend aussi parfois à l’inverse la reptation du tigre comme le bond de la taupe. Par les schèmes de l’imagination, la chair humaine apprend comment la taupe bondit comme le tigre et comment le tigre rampe comme la taupe.
« Dernières images : le Carré Noir et la femme nue. » P. Sloterdijk
L’imagination affirme le geste de projeter la femme nue à l’intérieur du carré noir comme de projeter le carré noir à l’intérieur de la femme nue. L’aveuglement de l’imagination affirme le geste de projeter la forme de la femme nue à l’intérieur de la tournure du carré noir comme de projeter la forme du carré noir à l’intérieur de la tournure de la femme nue.
L’imagination joue à maintenir en équilibre l’ouragan à l’extrémité du brin d’herbe.
L’imagination touche le feu du calme. L’imagination touche le feu de calme de l’extase. L’imagination compose des maisons de mains. L’imagination compose les maisons de mains de la certitude. L’imagination compose les maisons de mains de la certitude à l’intérieur du feu de calme de l’extase.
« Notre intelligence, c’est une bougie en plein vent. » J. Renard
L’imagination apparait comme le vent à l’intérieur d’une bougie. L’imagination apparait comme le vent avec une bougie, comme le vent autour d’une bougie, comme le vent avec autour à l’intérieur d’une bougie. L’imagination projette le vent à l’intérieur de la bougie. L’imagination projette la gravitation du vent à l’intérieur de la bougie. L’imagination projette la gravitation du vent à l’intérieur de la clarté de la bougie. L’imagination projette la gravitation de silence du vent à l’intérieur de l’équilibre de clarté de la bougie.
L’imagination marche à l’intérieur de l’eau. L’imagination rampe à l’intérieur de l’air. L’imagination nage à l’intérieur du feu. L’imagination vole à l’intérieur de la terre.
Imaginer affirme le geste d’apprendre à regarder par la dérive de continents. Imaginer affirme le geste d’apprendre à regarder par l’œil de cyclope de la dérive des continents.
La petite cuillère savoure la dérive des continents. La petite cuillère savoure l’œil de cyclope de la dérive des continents. La petite cuillère de l’imagination savoure l’œil de cyclope de la dérive des continents.
« L’imagination est la faculté qui enjambe. L’imagination a « les deux pieds en l’air » presque à tout instant. » M de Chazal
L’imagination enjambe. L’imagination arque. L’imagination vole. L’imagination arque l’enjambement. L’imagination arque l’envol. L’imagination arque l’enjambement de l’envol. L’imagination arque le miracle. L’imagination arque le miracle de l’enjambement. L’imagination arque le miracle de l’envol. L’imagination arque le miracle d’enjambement de l’envol.
Imaginer affirme le geste d’avoir le temps au dos de l’espace. Imaginer affirme le geste d’avoir l’espace au dos du temps. Imaginer affirme le geste de posséder le temps au dos de l’espace comme de posséder l’espace au dos du temps.
« En suivant le poète, il semble que si nous approfondissons notre rêverie vers l’enfance, nous enracinons plus profondément l’arbre de notre destin. » G. Bachelard
Celui qui imagine par gestes d’enfance essaie ainsi d’enraciner l’arbre de son destin. Imaginer c’est enraciner l’arbre du destin à l’intérieur du feu. Imaginer par gestes d’aphorismes, par gestes d’aphorismes d’enfance c’est jouer à enraciner paradoxalement l’arbre du destin à l’intérieur de la catastrophe du feu. Imaginer par suite d’aphorismes de l’enfance c’est jouer à enraciner paradoxalement l’arbre de sang du destin. Ou plutôt c’est jouer à projeter paradoxalement l’arbre de sang du destin, à projeter l’arbre de sang du destin à l’intérieur de la catastrophe de feu de l’ainsi. Imaginer par gestes d’aphorismes d’enfance c’est jouer à projeter l’arbre de sang du destin à l’intérieur de la catastrophe d’ascèse du feu.
Celui qui imagine n’est jamais fou. Celui qui imagine essaie d’avoir déraison. Celui qui imagine essaie d’avoir le temps de la déraison. Celui qui imagine essaie de posséder le temps de la déraison. Celui qui imagine essaie de posséder le calme de la déraison. Celui qui imagine essaie de posséder le temps de calme de la déraison. Celui qui imagine essaie de posséder la paix de la déraison. Celui qui imagine essaie de posséder le temps de paix de la déraison.
Il est banal de désirer avoir raison. Il apparait héroïque d’avoir déraison. Il apparait héroïque de vouloir avoir déraison. Vouloir avoir déraison affirme le geste d’héroïsme du crâne.
La folie est spirituelle. Le délire apparait matériel. Le délire apparait matériel c’est à dire à la fois géologique et météorologique. Ainsi la matière du monde délire. Le volcan délire. Le désert délire. L’océan délire. Les nuages délirent. La matière du monde délire. Ainsi la matière du monde sait à la fois comment lire son apparition et détruire ensuite cette lecture. La matière du monde délire c’est à dire aussi surtout qu’elle sait à la fois lire son apparition, détruire ensuite la lecture de son apparition et ensuite réécrire la lecture détruite de son apparition. La matière du monde délire c’est à dire la matière du monde écrit à la manière de Lautréamont.
L’imagination affirme la forme athée de l’enthousiasme. Savoir c’est adresser la parole à sa pauvreté. Imaginer c’est destiner son silence à son enthousiasme. Imaginer c’est destiner son silence à son exaltation.
Détruire le désir de jugement par l’exubérance de l’imagination. Détruire le désir de jugement par l’enthousiasme de l’imagination. Détruire le désir de jugement par le besoin d’exubérance de l’imagination. Détruire le désir de jugement par le besoin d’enthousiasme de l’imagination.
« Le visage de celui qui imagine est méconnaissable, méconnaissable de beauté. » P. Handke
L’imagination envisage la bêtise. L’imagination parvient à donner un visage à l‘illimité de la bêtise. L’imagination donne une forme à la bêtise. L’imagination parvient à donner une forme à l’illimité de la bêtise. L’imagination essaie de donner une forme à la démesure de la bêtise. L’imagination essaie de donner la forme d’un visage à la démesure de la bêtise.
« Mes tentatives de pensées systématiques sont toujours interrompues par ma propre image. Ce qui ne se produit jamais quand la pensée imagine. » P. Handke
Seule l’imagination parvient à s’extraire du moi, de l’image du moi. Seule l’imagination parvient à s’extraire de la subjectivité. Pendant un raisonnement, notre image dans le miroir, l’image du moi dans le miroir sert sans cesse de conjonction de coordination de la pensée. L’image du moi dans le miroir est ce qui se substitue alors au zéro, à la forme du vide, c’est ce qui désire saturer à tout prix, conjurer, exorciser le zéro. Ce qui relie un concept à un autre c’est alors une image sans respiration, celle d’un simulacre dans le miroir. A l’inverse à l’intérieur de l’imagination, l’image du moi dans le miroir disparait. En effet, l’imagination ne relie pas des concepts. L’imagination répète des formes du monde. L’imagination répète des postures du monde. L’imagination répète des formes et des postures du monde par le geste d’affirmer le vide du visage, par le geste d’affirmer le visage du zéro. L’imagination répète les formes et les postures du monde par le geste d’affirmer la respiration de vide d’un visage, la respiration de vide d’un visage aveugle, la respiration du visage du zéro, la respiration du visage aveugle du zéro.
Le visage de celui qui imagine devient inconnu. Le visage de celui qui imagine apparait inconnu. Le visage de celui qui imagine apparait inconnu de monstruosité.
L’extase de l’imagination déclare l’improvisation de l’inconnu. L’extase de l’imagination déclare la répétition de l’inconnu. L’extase de l’imagination déclare l’improvisation de répétition de l’inconnu.
L’extase de l’imagination déclare l’immortalité de la chair comme apparition de l’inconnu. Par l’extase de l’imagination, la chair apparait comme nécessité ouverte, comme nécessité de l’inconnu, comme nécessité ouverte de l’inconnu. Par l’extase de l’imagination, la chair apparait comme improvisation de la nécessité. Par l’extase de l’imagination, la chair apparait comme improvisation de nécessité de l’inconnu.
L’imagination affirme le geste d’apparaitre joyeux face à l’inconnu du monde. L’imagination affirme l’instinct d’apparaitre joyeux face à la présence de l’inconnu, face à la présence immédiate de l’inconnu. L’imagination affirme le geste d’apparaitre joyeux face à la démesure de l’inconnu, face à la démesure immédiate de l’inconnu. L’imagination affirme le geste d’apparaitre joyeux face à la démesure de terreur de l’inconnu, face à la démesure de terreur immédiate de l’inconnu. L’extase de l’imagination affirme le geste d’apparaitre joyeux face à la démesure de terreur immédiate du monde comme inconnu.