Enfance

 

 

 

L’enfance apparait comme une forme. L’enfance apparait comme la forme de l’oubli. L‘enfance apparait comme la forme exacte de l’oubli, comme la forme impeccable de l’oubli. L’enfance apparait comme la forme de l’oubli en deçà de la conscience et de l’inconscient.

 

L’enfance apparait comme la forme de la sensation de l’oubli, comme la forme exacte de la sensation de l’oubli. L’enfance apparait comme la forme de l’inconnu, comme la forme de la sensation de l’inconnu, comme la forme exacte de la sensation de l’inconnu.

 

L’âge de l’enfance c’est précisément l’âge sans mémoire, c’est l’âge où le corps a des sensations sans disposer de la mémoire de ces sensations. A l’âge de l’enfance, la seule manière de sauvegarder une sensation, c’est de l’imaginer, c’est de transformer cette sensation en schème de l’imagination, en schéma de l’imagination.

 

L’enfance c’est l’âge de l’oubli imaginatif. C’est pourquoi la seule manière de sauvegarder son enfance c’est de l’oublier, de l’oublier et de l‘imaginer, de l’oublier comme de l’imaginer. A l’inverse, celui qui pense à son enfance et s’en souvient se condamne alors à la perdre.

 

Il n’y a pas de concept d’enfant. L’enfant apparait comme une forme sans concept.

 

L’enfance dédaigne la subjectivité. L’enfant dédaigne le sens et la subjectivité. Ce qui plait à l’enfant, ce que fascine l’enfant, ce qui fascine le plaisir de l’enfant, ce sont les formes d’apparitions, les formes d’apparitions en dehors du sens.

 

 

Seul l’enfant sait comment faire usage d’une forme. Seul l’enfant se pose le problème de savoir comment faire usage d’une forme, de savoir comment utiliser une forme. L’enfant joue à utiliser les formes. L‘enfant joue à utiliser les formes par des événements de la matière  comme il joue à utiliser les matières par des surgissements de formes.

 

« Le fait que tu saches que l’homme n’est pas la pierre, cela n’advient pas du fait de la science. » P. Quignard

Le savoir de la différence entre l’homme et la pierre, le savoir de la différence entre les matières, le savoir de la distinction des matières, c’est le savoir de l’enfance. L’enfant n’a pas de connaissance, malgré tout l’enfant dispose d’un savoir. L‘enfant prend et jette le savoir. L’enfant prend et jette le savoir de la distinction des matières.

 

« Les enfants (…) sont pleinement conscients d’un certaine qualité mystique quoique pratique  des objets qu’ils manipulent ; ils aiment de façon chevaleresque la qualité essentielle d’un objet et l’aiment pour lui-même. Un enfant manifeste un goût bien enraciné pour le charbon, non pas pour la raison vulgaire et matérialiste qu’il alimente des feux sur lesquels nous cuisinons et qui nous chauffent, mais pour la raison infiniment plus noble et plus abstraite  qu’il lui noircit les doigts. » G. K Chesterton

L’enfant a la sensation de l’unicité de chaque matière. L’enfant a la sensation du silence de chaque matière, de l’unicité de silence de chaque matière. L’enfant sait qu’il y a autant de silence qu’il existe de choses au monde. L’enfant sait qu’il y a autant de formes de silence qu’il existe de choses au monde.

 

« Suzie : On n’a pas le droit de monter sur l’arc-en-ciel. »  E. Chevillard

L’enfant sait d’instinct que ce qui apparait matériellement impossible apparait aussi tabou.  L’enfant sait d’instinct que ce qui apparait tabou n’est pas une organisation de la pensée, que le tabou apparait plutôt comme une forme de la matière. L’enfant sait que la matière a des formes précisément parce qu’elle a des tabous. L’enfant sait d’instinct que les formes de la matière apparaissent exactement comme les formes du tabou.

 

 

« Les enfants voient seulement quand ce qu’ils voient est devant leurs yeux pour la première fois, sinon ils ne voient pas. »  J.L Parant

L’enfant voit l’unique fois. L’enfant voit l’unique fois de ce qui vient. L’enfant voit l’unique fois du monde.

 

« L’enfance est certainement plus grande que la réalité » G. Bachelard

L’enfance inachève le monde. L’enfance inachève à chaque instant la démesure du monde.

 

L’enfant approche et touche en même temps la présence du monde et le vide du monde. L’enfant approche et touche en même temps par le jeu, par l’usage du jeu, par l’usage de temps du jeu la présence du monde comme le vide de la civilisation, la présence du monde comme la civilisation du vide et la présence de la civilisation comme le vide du monde.

 

L’enfant recommence le monde comme le vide du monde à chaque instant. L’enfant recommence le monde comme le vide de la civilisation à chaque instant. L’enfant recommence la civilisation comme le vide du monde à chaque instant.

 

 

L’enfant affirme la sensation comme répétition. L’enfant affirme la répétition comme sensation. L’enfant affirme la sensation comme répétition en dehors de la pensée. L’enfant possède la sensation de la répétition. L’enfant possède la sensation de la répétition comme  présence du zéro, comme présence de l’inconnu, comme présence de zéro de l’inconnu.

 

Pour l’enfant, la sensation apparait comme énigme de la répétition et la répétition apparait comme énigme de la sensation.

 

 

« L’enfant voit ce qui ne peut servir à rien qu’à l’amusement immédiat et à l’imagination sans expérience, sans spécialité. » P. Valéry

L’enfant affirme l’amusement de l’imagination. L’enfant affirme l’amusement immédiat de l’imagination.

 

L’enfant affirme l’usage de l’imagination. L’enfant affirme l’usage d’amusement de l’imagination, l’usage d’amusement immédiat de l’imagination.

 

 

« Swinburne enfant a donc connu la plus délicieuse des possessions : avoir une rivière à soi. » G. Bachelard

L’enfant a la volonté de posséder les choses. L’enfant a la volonté de posséder chaque chose du monde sans pourtant en être le propriétaire, plutôt afin d’avoir la joie d’utiliser cette chose, afin d’avoir la joie d’utiliser cette chose comme cela lui chante, comme cela chante à son loisir, comme cela chante à son insouciance, comme cela chante à l’insouciance de sa terreur.

 

L’enfance apparait comme une forme de pauvreté, comme une forme facile de la pauvreté. L’enfance apparait comme recommencement approximatif, comme recommencement inachevé, approximatif et inachevé de la pauvreté.

 

« L’enfant ne peut techniquement gagner sa vie : tous les enfants sont pauvres par définition. »  Y. Moix

L’enfant fait usage de la pauvreté. L’enfant utilise la gratuité. L’enfant fait usage de la gratuité. L’enfant fait usage de la grâce. L’enfant fait un usage immodéré de la gratuité. L’enfant fait un usage immodéré de la grâce. L’enfant fait un usage obscène de la gratuité. L’enfant fait un usage obscène de la grâce. L’enfant fait un usage à la fois obscène et chaste de la gratuité. L’enfant fait un usage à la fois obscène et chaste de la grâce. L’enfant fait usage de la gratuité c’est-à-dire de la pauvreté démesurée du monde, c’est à dire de la pauvreté grandiose des choses, des sentiments et des événements.

 

 

« Les adultes adorent vérifier. Est enfant (…) celui qui ne vérifie pas ; qui ne pense jamais à vérifier. »  Y. Moix

L’enfant fait usage du jeu sans jamais vérifier. L’enfant fait usage du jeu en dehors du vrai et du faux. L’enfant ne pense jamais à vérifier. L’enfant ne pense jamais à attester de la vérité, à témoigner de la vérité sans jamais pourtant penser à fausser ou leurrer. En effet, quand l’enfant fabule ce n’est pas pour falsifier, quand l’enfant fabule c’est plutôt afin de provoquer l’apparition de quelque chose.

 

« Je sais beaucoup de choses mais mon savoir n’a aucune cohérence, tant mieux d’ailleurs, comme ça je ne pérore pas, je ne donne pas de leçons. » P. Handke

L’incohérence du savoir apparait comme la forme de candeur de l’enfant. L’enfant sait beaucoup de choses sans jamais mettre ce savoir en un ordre rationnel. L’enfant ne relie pas les choses qu’il sait en un tout, un tout de la pensée, un tout du sens. L’enfant dispose les choses qu’il sait de manière contiguë. L’enfant dispose les choses qu’il sait comme une suite. L’enfant dispose les choses qu’il sait les unes à la suite des autres et entre chaque chose il y a un vide, le vide du jeu.

 

L’enfant  joue comme il mange le savoir. L’enfant joue comme il mange l’usage du savoir. L’enfant joue comme il approche, touche, respire et mange l’usage du savoir, l’usage du savoir de l’existence même.

 

 

« L’utile serait moins dangereux s’il n’était aussi infailliblement utile. Il devrait avoir de très fréquents ratés. Il devrait rester imprévisible, comme quelque chose de vivant. (…)  Si l’utile  était plus rarement utile, il ne serait pas possible de s’assurer précisément de son utilité ou de son inutilité. S’il était capricieux, fantaisiste ou lunatique, personne ne serait devenu son esclave. »  E. Canetti

L’enfant a précisément à chaque instant l’intuition de cette fantaisie de l’utile, de cette inconséquence de l’utile, de cette fantaisie inconséquente de l’utile. L’enfant donne à sentir les formes lunatiques de l’utilité, les formes lunatiques de l’usage. Pour l’enfant l’utilité semble toujours baignée à l’intérieur d’une clarté lunaire, à l’intérieur de la clarté lunaire à la fois de la certitude et de l’amnésie, à l’intérieur de la clarté lunaire de la certitude amnésique.

 

« L’enfance est chose comprise comme un ensemble aussi brouillon qu’heureux. La méthode n’existe jamais, pas plus que la règle, ou la paresse, ou le rendement (ou le public) n’ont de sens. » Y. Moix

L’enfant joue, cependant l’enfant ne joue pas devant un public. L’enfant ne joue pas devant le public de l’humanité, devant le public de l’espèce humaine. La règle du jeu de l’enfant c’est précisément le geste de jouer sans public. L’enfant ne joue pas devant le public théâtral de l’humanité. L’enfant joue devant le vide de la civilisation, le vide rituel de la civilisation. L’enfant joue à la fois devant et avec le vide rituel de la civilisation.

 

La règle du jeu de l’enfant c’est de parvenir à poser le vide de la civilisation à la fois à l’intérieur de son jeu et autour de son jeu, à l’intérieur de son jeu comme autour de son jeu.

 

 

L’enfant joue comme il cherche un usage à l’homme. L’enfant joue comme il cherche un usage à la forme de l’homme. L’enfant joue comme il cherche un usage à la forme de l’homme à l’intérieur du vide.

 

L’enfant joue comme il cherche un usage au vide. L’enfant joue comme il cherche un usage à la forme du vide. L’enfant joue comme il cherche un usage à la forme du vide à l’intérieur de l’homme.

 

 

L’enfant affirme un usage démesuré des choses. Malgré tout pour l’enfant, cet usage démesuré des choses a des règles.

 

L’enfant fait usage de l’aura. L’enfant utilise l’utopie. L’enfant fait usage de l’aura de l’utopie. L’enfant utilise l’aura de l’utopie. 

 

L’enfant utilise le miracle. L’enfant utilise l’aura du miracle. L’enfant utilise le miracle de l’utopie. L’enfant utilise l’aura de miracle de l’utopie.

 

L’enfant utilise l’inconnu. L‘enfant fait usage de l’inconnu. L’enfant fait uniquement usage de l’inconnu. L’enfant transforme l’inconnu en outil. L’enfant transforme l’inconnu en outil de l’oubli, en outil de l’immédiat, en outil de l’oubli immédiat.

 

 

« Qu’est-ce que cela veut dire avoir neuf ans ? C’est marcher dans les brumes des rêveries.  (…) Le monde réel, elle ne peut le saisir que par une interprétation fantaisiste. (…) La petite est très loin du monde pratique de sorte que rien ne fait écran entre elle et les questions de vie ou de mort. Elle se trouve dans l’âge métaphysique. »  M. Kundera

L’enfant se tient loin de l’usage. Malgré tout se tenir loin de l’usage n’est pas ignorer l’usage. Se tenir loin de l’usage c’est aussi une manière de toucher l’usage par le lointain. L’enfant touche l’usage par le lointain. L’enfant touche l’usage par la fantaisie du lointain.

 

L’enfant révèle l’usage de la fantaisie comme la fantaisie de l’usage par le geste de toucher l’usage par le lointain, par le geste de toucher l’usage avec le lointain.

 

L’enfant touche l’usage par la diffraction d’âges du lointain, par la dissociation d’âges du lointain. L’enfant touche l’usage par le faisceau d’âges du lointain, par le faisceau d’âges dissociés du lointain.

 

L’enfant révèle la fantaisie de l’usage par la civilisation du lointain, par la civilisation de vide du lointain. L’enfant révèle la fantaisie de l’usage par la civilisation d’âges du lointain, par la civilisation d’âges multiples du lointain.

 

Pour l’enfant, le lointain  apparait comme la civilisation du vide.  Et cette civilisation du vide apparait aussi pour l’enfant comme une main. L’enfant évoque le lointain à la fois comme civilisation du vide et comme troisième main. L’enfant évoque le lointain à la fois comme civilisation du vide et main de l’utopie. L’enfant évoque le lointain à la fois comme main du vide et civilisation de l’utopie.

 

 

« Quand j’étais avec l’enfant et qu’elle ne cessait de me demander le nom des choses, je remarquai à quel point jusque-là, je m’étais presque uniquement occupé de moi-même, car il y avait beaucoup de choses autour de moi  dont je ne savais ni le nom ni l’usage. » P. Handke

L’enfant ne cherche pas uniquement à savoir l’usage des choses. L’enfant cherche aussi et surtout à savoir l’usage des noms, l’usage du nom des choses comme l’usage des choses du nom.

 

L’enfant savoure à la fois la confusion du monde et l’univocité des noms. L’enfant savoure l’ordre des noms à l’intérieur du désordre du monde. L’enfant savoure l’ordre univoque des noms à l’intérieur du chaos du monde. 

 

 

« Chez les enfants, l’âge n’a pas d’âge : ils jouent, ils s’entendent parce que leurs univers coïncident, du moins s’emboitent. » Y. Moix

L’enfant joue avec son âge. L’enfant joue avec le vide de son âge. L’enfant joue avec le vide  de son âge comme avec une boite. L‘enfant joue avec le vide de son âge comme avec une boite d’éléments de construction, comme avec une boite d’éléments atomiques, comme avec une table d’éléments atomiques, comme avec une table moléculaire, comme avec une table des matières atomiques, comme avec une table des matières moléculaires. L’enfant joue avec son âge, avec le vide de son âge comme avec une boite-table des matières, comme avec une boite de construction-table des matières atomiques des sentiments et des événements.

 

L’enfant joue avec la mosaïque des âges de l’humanité sans en avoir conscience. L’enfant a le savoir de la multitude des âges de l’humanité sans en avoir conscience. L’enfant improvise le savoir de la multitude des âges de l’humanité en dehors à la fois de la conscience et de l’inconscient. L’enfant joue avec la multitude des âges de l’humanité. L’enfant jette la multitude des âges de l’humanité comme il les pose. L’enfant repose la multitude des âges de l’humanité comme il les projette.

 

 

« L‘enfant terrible est terrible comme l’une des forces de la nature, comme la mer aveugle ou  la chute hasardeuse de la foudre dévastant les structures sociales les plus élaborées de l’homme. Il y a dans l’innocence un pouvoir d’épouvante indifférente, de détachement destructeur  vis-à-vis de toute organisation sociale. » Chesterton

Le paradoxe de l’enfant c’est d’appartenir à une civilisation sans appartenir à une société, c’est d’appartenir au temps d’une civilisation sans appartenir à l’époque d’une société. Le paradoxe de l’enfant c’est de donner à sentir à chaque instant la distinction entre une civilisation et une société. L’enfant  apparait à la fois à l’intérieur des formes ante-humaines et post-humaines de la civilisation sans jamais participer à la société des hommes.

 

L’enfant ne fait aucune différence entre la nature et la civilisation. Pour l’enfant, la civilisation apparait aussi  naturelle que la nature apparait artificielle. Pour l’enfant, la civilisation apparait aussi immédiate et évidente que la nature apparait subtile et artificielle.

 

L’enfant respire la civilisation. L’enfant respire la civilisation sans penser la société. a l’inverse, l’homme pense la société sans respirer la civilisation.

 

« Les hommes sont d’autant plus fins qu’ils sont plus simples, nous devrions tous le savoir, car nous avons tous été des enfants. Or, tout ignorants qu’ils soient, les enfants savent plus de choses qu’ils ne peuvent exprimer ; sensibles aux atmosphères, ils le sont également aux plus légères nuances. »  Chesterton

L’enfant affirme des nuances. L’enfant affirme les nuances de la civilisation. L’enfant affirme les nuances de la certitude. L’enfant affirme les nuances de civilisation de la certitude. L’enfant affirme les nuances du feu. L’enfant affirme les nuances de feu de la certitude. L’enfant affirme les nuances de feu civilisé de la certitude.

 

 

« Louis XIII, à huit ans, fait un dessin semblable à celui que fait le fils d’un cannibale néo-calédonien. A huit ans, il a l’âge de l’humanité, il a au moins deux cent cinquante mille ans ; quelques années après, il les as perdues, il n’a plus que trente et un ans, il est devenu un individu. » H. Michaux

L’enfant n’existe pas uniquement dans l’époque où il vit. L’enfant existe à l’intérieur des innombrables âges de la terre. L’enfant existe à l’intérieur des innombrables âges de la civilisation. L’enfant existe à la fois, en même temps, à la même fois du temps à la préhistoire, à l’époque grecque, à l‘époque romaine, au Moyen-Age, au XVIII eme siècle et aujourd’hui. L’enfant n’existe pas à l’intérieur d’un seul âge de l’humanité. L’enfant parvient à faire coïncider les innombrables âges de l’humanité. L’enfant parvient à faire coïncider les innombrables âges de l’humanité à l’intérieur du jeu, à l’intérieur de l’usage du jeu.

 

L’enfant n’appartient pas uniquement à la civilisation de son époque. L’enfant existe à chaque instant à l’intérieur de la multitude des civilisations que l’homme a inventées depuis la préhistoire. L’enfant apparait possédé par les innombrables civilisations de l’humanité. L’enfant se promène d’une civilisation à l’autre de l’humanité. L’enfant bondit d’une civilisation à l’autre de l’humanité à chaque geste comme à chaque parole. Parfois l’enfant jette un caillou comme un athlète grec. Parfois l’enfant regarde au loin comme un prince égyptien. Parfois il s’assoit par terre comme un disciple de Bouddha. Parfois il parle dans le noir comme un conspirateur vénitien du 15eme siècle. Parfois il donne des coups de sabre comme un chevalier des Croisades, parfois il regarde une fleur comme Flaubert.

 

 

« L’enfance (...) s’arrache à l’obligation chronologique. (...) La chronologie n’intéresse pas l’enfant. Elle ne le concerne pas. » Y. Moix

L’enfance affirme la forme non-chronologique du temps. L’enfance affirme la forme anachronique du temps. Par l’usage du jeu, l’enfant affirme l’anarchie du temps. Par l’usage du jeu, l’enfant affirme le vide du temps, le vide anarchique du temps.

 

L’enfance affirme le totem du temps. L’enfance inachève le totem du temps. L’enfance inachève le totem de têtes du temps. L’enfance inachève l’exaltation du temps. L’enfance inachève le totem d’exaltation du temps, le totem de têtes exaltées du temps. L’enfance inachève le totem d’enthousiasme du temps, le totem de têtes enthousiastes du temps.

 

 

« Si seulement je pouvais incarner l’espace à moi seul, comme bien des enfants (…). » P. Handke

L’enfant incarne le sourire de l’espace. L’enfant incarne le hurlement de l’espace. L’enfant incarne le sourire de hurlement de l’espace. L’enfant incarne le hurlement de sourire de l’espace.

 

L‘enfant incarne la solitude de l’espace. L’enfant incarne la solitude de l’espace par le jeu du vide.

 

 

Il y a une emphase de l’enfance. Il y a une emphase minuscule de l’enfance, l’emphase minuscule de rester simplement debout à l’intérieur de l’espace.

 

« Laissez l’enfant  libre de jouer sur les dalles et les mosaïques d’un temple classique et, du jeu des dalles noires et blanches, il fera volontiers naitre, dans une absence rêveuse, une danse délicate et grave. » Chesterton 

L’enfant danse l’espace. L’enfant danse la gravité de l’espace. L’enfant danse l’insouciance de l’espace. L’enfant danse  la gravité insouciante de l’espace. L’enfant danse l’insouciance grave de l’espace.

 

L’enfant court à l’intérieur de l’espace afin de faire s’envoler les pigeons. L’enfant court à l’intérieur de l’espace afin d’essayer ensuite de s’y envoler. L’enfant court à l’intérieur de l’espace afin de provoquer l’envol de l’espace devant lui. L’enfant court à l’intérieur de l’espace afin d’essayer de provoquer l’envol de l’espace devant lui.

 

 

L’enfant apprend à lire à l’espace. L’enfant apprend à l’espace comment lire en dehors du langage.

 

L’enfant se tient à l’intérieur du vide de l’espace avant de savoir s’il est vivant ou mort. L’enfant sait le vide de l’espace. L’enfant sait le vide de l’espace avant de connaitre la différence entre la vie et la mort. L’enfant sait l’apparaitre là de l’espace. L’enfant sait l’apparaitre là de l‘espace avant de connaitre la différence entre la vie et la mort.

 

L’enfant apparait comme le potier du temps et de l’espace. L’enfant apparait comme le potier des sourires du temps et des hurlements de l’espace. L’enfant apparait comme le potier des sourires de l’espace et des hurlements du temps.

 

 

L’enfant apparait perdu là où il se trouve. L’enfant apparait perdu précisément là où il se trouve. L’enfant se trouve précisément là où il apparait perdu.

 

L’enfant tient le vide par la main. L’enfant tient la ruine du vide par la main. L’enfant tient la ruine du feu par la main. L’enfant tient la ruine de vide du feu par la main.

 

L’enfant tient l’équilibre par la main. L’enfant tend la main à l’équilibre. L’enfant tend la main au rire de l’équilibre. L’enfant tend la main au rire de certitude de l’équilibre. L’enfant tend la main au fou-rire de l’équilibre. L’enfant tend la main au fou-rire de certitude de l’équilibre.

 

L’enfant fait tenir la pose à l’épouvante. L’enfant fait tenir la pose à l’euphorie. L’enfant fait tenir la pose à l’épouvante de l’euphorie.

 

 

L’enfant respire avec les pieds et marche avec la tête.

 

L’enfant court à la rencontre des réflexes de ça tombe de l’herbe.

 

« Etre présent, encombrant, éclairé, comme un enfant. » J. Dupin

L’enfant porte à chaque instant le fardeau de clarté de sa présence. L’enfant porte à chaque instant la chose de clarté de sa présence. L’enfant porte la chose de clarté de sa présence avec une extrême facilité, comme la forme même de son exaltation, comme la forme de son insouciance, comme la forme de son exaltation insouciante, comme la forme de son insouciance exaltée. 

 

 

L’enfant dit parfois « J’ai trouvé une maison. » L’enfant dit parfois « Viens voir, j’ai trouvé une maison.

 

L’enfant sait comment trouver des maisons. L’enfant sait comment trouver des maisons comme des choses à l’intérieur de l’espace. 

 

L’enfant trouve parfois une maison comme une pierre ou une fleur, comme une simple pierre ou une simple fleur.

 

Pour l’enfant, le tas de pierres devant la maison  apparait aussi comme une maison.

 

La poitrine de l‘enfance apparait comme un tas de pierres. La poitrine d’amnésie de l’enfance apparait comme un tas de pierres. La poitrine d’amnésie de l’enfance apparait comme un tas de pierres face à une maison future. La poitrine d’amnésie de l’enfance apparait comme un tas de pierres déposé face à une préhistorique maison future, face à la maison future de la préhistoire.

 

L’enfant donne son enfance aux tas de pierres. L’enfant donne son enfance au tas de pierres de sa maison future. L‘enfant donne la forme de son enfance aux tas de pierres de sa maison future. L’enfant pose la forme de son enfance en équilibre au sommet du tas de pierres de sa maison future.

 

« Thoreau montre que « l’enfant joue à la maison » comme « il  joue au cheval ». » G. Bachelard

L’enfant animalise la maison. L’enfant transforme la maison en animal. L’enfant transforme la maison en animal de l’inconnu. L’enfant transforme la maison en animal de l’immédiat, en animal de l’inconnu immédiat.

 

L’enfant affirme la bêtise du demeuré. L’enfant affirme la démence du demeuré. L’enfant affirme la bêtise de démence du demeuré.

 

 

« Se retourner, regarder par-dessus son épaule et conserver malgré tout une expression humaine (un enfant le peut). »  P. Handke

Seul l’enfant sait comment révéler l’humanité de la tournure, l’humanité du tourner sur soi-même. Seul l’enfant sait comment révéler à la fois l’humanité et l’absurdité de la tournure, l’humanité absurde du tourner sur soi-même. Seul l’enfant sait comment révéler l’insouciance de la tournure, l’insouciance absurde du tourner sur soi-même.

 

L’enfant avance sans se retourner. Quand l’enfant cherche quelque chose, l’enfance avance droit devant lui sans se retourner. Quand l’enfant cherche quelque chose, il avance droit devant lui sans se retourner et c’est seulement après avoir trouvé quelque chose qu’il se retourne, qu’alors il se retourne.

 

« L’enfance est ce tombeau paisible d’où le temps nous soulève pour nous en faire faire le tour. »  X. Forneret

Exister c’est faire le tour de son enfance. Il y a ainsi différentes manières d’accomplir ce geste. Faire le tour de son enfant en marchant. Faire le tour de son enfance en nageant. Faire le tour de son enfance en volant.  Et il y a aussi différentes manières d’imaginer cette enfance  autour de laquelle ensuite nous tournons.  Faire le tour de son enfance comme si cette enfance avait la forme d‘une maison. Faire le tour de son enfance comme si cette enfance avait la forme d’une planète. Faire le tour de son enfance comme si cette enfance avait la forme d’une allumette. Apparaissent ainsi différentes formes d’existences. Faire le tour de la maison de l’enfance en marchant. Faire le tour de la maison de l’enfance en nageant. Faire le tour de la maison de l’enfance en volant. Faire le tour de la planète de l’enfance en marchant. Faire le tour de la planète de l’enfance en nageant. Faire le tour de la planète de l’enfance en volant. Faire le tour de l’allumette de l’enfance en marchant. Faire le tour de l’allumette de l‘enfance en nageant. Faire le tour de l’allumette de l’enfance en volant.

 

 

« Chacun devrait vivre et mourir dans le paysage où il est né. »  Cioran

Chacun n’apparait apte à devenir immortel, à mourir de manière immortelle qu’à l’intérieur du paysage de son enfance, qu’à l’intérieur de l’espace de son enfance. 

 

 

« L’enfance / Qui peut nous dire quand ça finit. / Qui peut nous dire quand ça commence / (...) /C'est tout ce qui n'est pas écrit./ L'enfance / Qui nous empêche de la vivre/ De la revivre infiniment/ De vivre à remonter le temps/ De déchirer la fin du livre/ L’enfance / qui se dépose sur nos rides / pour faire de nous de vieux enfants. »  J. Brel

L’enfance rature la mort. L’enfance apparait comme la forme antérieure du temps qui rature la mort. L’enfance apparait comme le silence de l’antériorité du temps qui rature le nom d’un livre qui n’a jamais été lu, le nom d’un livre qui a été écrit sans avoir jamais été lu. L’enfance rature le livre du visage, du visage incrusté de lettres, du visage incrusté de lettres errantes, du visage ridé c’est à dire incrusté de lettres errantes.

 

L’enfance joue à déchirer la fin du livre de l’existence. L’enfance s’amuse à déchirer la fin du livre de l’existence à son commencement même. L’enfance s’amuse à déchirer la fin du livre de l’existence au futur antérieur.

 

L’enfance s’amuse au futur antérieur. L’enfance s’amuse à dire bonjour à l’au-revoir. L‘enfance s’amuse à dire bonjour à l’au-revoir au futur antérieur. L’enfance s’amuse à dire bonjour à l’au-revoir au futur antérieur de l’absolu immédiat.

 

 

L’enfant utilise des appareils c’est à dire des machines de ressemblances. L’enfant utilise les choses comme des machines à ressembler.

 

L’enfant approche les choses comme des appareils c’est à dire comme des appareillages  d’apparences.

 

Pour l’enfant, chaque chose apparait comme un machin, comme un truc. Pour l’enfant, chaque chose apparait comme une machine-joker, une machine qui sait comment devenir utilisable au lieu même d’une autre chose.

 

L’enfant n’utilise pas une chose à la place d’une autre. L’enfant utilise une chose au lieu d’une autre chose . L’enfant sait comment voler le lieu d’une chose, l’avoir lieu d’une chose avec une autre chose.

 

 

« Avec quelle joie tous se rappellent leur enfance et surtout que le sol était irrégulier. »   P. Handke

Pour l’enfant, il y a autant de sols que de pas. Ainsi quand l’enfant court, l’enfant saute d’un sol à un autre. Quand l’enfant court, l’enfant bondit d’une terre à une autre. Quand l’enfant court, l’enfant bondit d’une planète à une autre, d’un astre à un autre.

 

L’enfant a la sensation des rythmes de la surface de la surface de la terre. L’enfant a la sensation des flux, des flux d’intensité à la surface de la terre. L’enfant a la sensation des rythmes et des coïncidences qui surviennent à la surface de la terre.

 

La curiosité apparait comme un geste d’archéologie enfantine. L’enfant n’est pas cependant celui qui creuse la terre pour y trouver quelque chose. L’enfant apparait plutôt comme celui qui devient la terre, comme celui qui devient une forme de la terre, qui devient le lieu d’utopie de la terre, le lieu d’utopie de la terre où les gestes d’érosion du feu, de l’air et de l’eau trouvent ensuite quelque chose. Ou encore l’enfant apparait comme celui devient une forme du feu, comme celui qui devient le lieu d’utopie du feu, lieu d’utopie du feu que les gestes de l’érosion sculptent, lieu d’utopie du feu que la terre entasse, que l’eau nage et que l’air vole.

 

 

Il y a une réflexivité de l’enfance. Malgré tout cette réflexivité n’est pas celle de la pensée. C’est une réflexivité musculaire, c’est la réflexivité musculaire des réflexes, réflexivité musculaire des réflexes par laquelle l’enfant parvient à indiquer des intensités.

 

Ce qui provoque les sentiments de l’enfant, ce qui provoque par exemple son bonheur ou sa colère, ce ne sont pas des pensées, des paroles ou des sentiments, ce sont d’abord des postures. L’enfant sait que la posture d’un corps apparait déjà comme une manière de penser, comme une manière de dire, et comme une manière d’avoir un sentiment.

 

« L’enfant vrai dessine, danse (et dessine sa danse), relie les atomes rencontrés en compliquant sa propre densité atomique. »   P. Beck  

L’enfant dessine la danse. L’enfant dessine la danse de l’amnésie. L’enfant dessine la danse de l’amnésie en dehors du vrai et du faux. L’enfant dessine le hasard de l’amnésie. L’enfant dessine la danse de hasard de l’amnésie. L’enfant dessine la danse de hasard de l’amnésie en dehors du vrai et du faux. L’enfant dessine la danse d’insinuations de l’amnésie. L’enfant dessine la danse d’insinuations de l’amnésie en dehors du vrai et du faux. L’enfant dessine la danse de hasard insinué de l’amnésie. L’enfant dessine la danse de hasard insinué de l’amnésie en dehors du vrai et du faux.   

 

 

« Il (l’enfant) (…) ne peut pas se mettre en position  je / tu. »  J. F Lyotard

L’enfant s’adresse à tu sans dire je. L’enfant s’adresse au scandale de tu sans dire je. L’enfant jongle avec le tu. L’enfant jongle avec le scandale de tu. L’enfant jongle avec le scandale de tu sans dire je.

 

Pour l’enfant, il n’y a pas d’alternance entre le je et le tu, il n’y a pas d’alternance d’interlocution entre le je et le tu. Pour l‘enfant, le tu n’est pas une instance de locution, une instance d’interlocution. Pour l’enfant, le tu apparait comme un espace de projection, comme un écran de projection. L‘enfant s’adresse à tu comme à un écran de projection. L’enfant s’adresse à tu comme à l’écran de projection du sang.  L’enfant ne parle pas à tu. L’enfant donne plutôt son âme à tu. L’enfant donne son âme à tu comme écran de projection du sang. L‘enfant abandonne son âme à tu. L’enfant abandonne son âme à tu comme écran de projection du sang.

 

 

L’enfant ne comprend jamais le sens des mots et le sens du langage. Malgré tout, l’enfant a le sentiment précis des masses des phrases et des trajectoires des lettres, comme des masses des lettres et des trajectoires des phrases.

 

La voix de l’enfant pianote le vide. La voix de l’enfant pianote la pulsation du vide. La voix de l’enfant pianote la pulsation de vide du temps. La voix de l’enfant pianote la planète de l’immédiat. La voix de l’enfant pianote le vide de l’immédiat. La voix de l’enfant pianote la planète de vide de l’immédiat.

 

 

« Les enfants avaient souvent des difficultés avec les questions doubles : à la question  « veux-tu du pain noir ou du pain blanc, » ils se contentaient en général de répondre au dernier élément de la question en disant : « oui » »  P. Handke

L’enfant ne choisit pas. L’enfant préfère ne pas choisir. L’enfant dit oui ou dit non. L’enfant préfère dire oui ou non à la multiplicité des mondes à la fois, en même temps, à la même fois du temps. L‘enfant ne sait choisir qu’entre oui et non. L’enfant ne sait pas choisir entre les choses. L’enfant ne sait pas choisir entre les événements. L’enfant ne sait choisir qu’entre l’affirmation et la négation. L’enfant préfère choisir entre oui et non.

 

L’enfant ne parle pas deux langages en même temps, le langage du père et le langage de la mère. L’enfant parle plutôt deux langages en même espace, l’espace de la maison. L’enfant parle deux langages en même espace et tait deux langages en même temps. L’enfant parle deux langages en même espace et tait deux rythmes en même temps.

 

« On ne s’envoie pas un enfant, on ne le garde pas non plus. »  J. Derrida

Il reste impossible d’envoyer un enfant précisément parce que l’enfant apparait comme ce qui envoie. L’enfant apparait comme celui qui envoie le corps de ses parents, comme celui qui envoie le corps de son père et le corps de sa mère par la poste du temps. L’enfant prend et jette son père et sa mère. L‘enfant prend et jette son père et sa mère par la poste du temps, par la poste à la fois ambidextre et anthropophage du temps, par la poste apocryphe, ambidextre et anthropophage du temps.

 

 

Pour l’enfant, les chiffres et les lettres apparaissent comme des choses du monde. Pour l’enfant, les chiffres et les lettres ne sont pas à interpréter, les chiffres et les lettres surgissent uniquement à approcher comme à sentir.

 

L’enfant métaphorise la lettre. Seul l’enfant sait comment métaphoriser la lettre. Seul l’enfant sait comment apparaitre comme la métaphore de la lettre, comme la métaphore de la lettre à l’instant.

 

 

« Quand on mange des bonbons, on mange de l’irréalité. Manger des bonbons c’est manger de la fiction (…) ce ne sont pas des aliments. » Y. Moix

L’enfant mange des bonbons comme il gobe des bulles de fables. L’enfant mange des bonbons comme il suce des bulles de fables. L’enfant mange des bonbons comme il mange des symboles.

 

L’enfant mange des bonbons afin de sucer le symbole de la bouche, le symbole de sucre de la bouche. L’enfant mange des bonbons afin de sucer la tendresse de la bouche, afin de sucer le symbole de tendresse de la bouche. L’enfant mange des bonbons afin de sucer l’amour de la bouche, afin de sucer le symbole d’amour de la bouche. L’enfant mange des bonbons afin de sucer l’amour absolu de la bouche. L’enfant mange des bonbons afin de sucer le symbole d’amour absolu de la bouche. L’enfant mange des bonbons afin de sucer le sommeil de la bouche. L’enfant mange des bonbons afin de sucer le sommeil d’amour de la bouche, le sommeil d’absolu de la bouche, le sommeil d’amour absolu de la bouche.

 

Pour l’enfant, le bonbon apparait comme une bague. Pour l’enfant, le bonbon apparait comme la bague de la langue. L’enfant absorbe le bonbon comme une bague. L’enfant absorbe le bonbon comme une bague afin de se fiancer avec sa bouche. L’enfant absorbe le bonbon comme une bague afin de se fiancer avec son besoin. L’enfant absorbe le bonbon comme une bague afin de se fiancer avec son besoin de manger. L’enfant absorbe le bonbon comme une bague symbolique afin de se fiancer avec son besoin de manger.

 

L’enfant apparait comme l’anarchiste qui prend et jette des bonbons afin de faire exploser son cœur.

 

 

L‘enfant sait qu’une gaufre ressemble à un temple grec. 

 

Pour l‘enfant la gaufre ressemble à la fois à une éponge et à un temple. Pour l‘enfant la gaufre ressemble à une éponge de sucre quadrillé comme un temple grec.

 

L’enfant s’amuse à faire de l’escrime avec une cuillère ou à boire à l’inverse sa soupe avec une épée.

 

Quand un enfant nettoie la vaisselle, il prend les assiettes entre ses mains avec autant de tact  que s’il saisissait des astres, que s’il lustrait la lune, que s’il polissait un satellite, ou que s’il lavait l’anneau de Saturne.

 

Pour l’enfant, le réfrigérateur ronronne comme une fusée ou un astronef. Pour l’enfant, le réfrigérateur vrombit comme un astronef qui va bientôt décoller à destination de Jupiter, Neptune, Pluton ou qui sait même à destination d’une autre galaxie.

 

L’enfant fait tourner la locomotive comme une toupie. L’enfant fait tourner la toupie comme une locomotive et la locomotive comme une toupie.

 

L’enfant essaie de marcher de l’autre côté de la boite d’allumettes. L’enfant essaie de marcher aux antipodes de la boite d’allumette. L’enfant essaie de marcher au sommet de la boite d’allumettes.

 

L’enfant sait comment bercer la boite d’allumettes et comment bercer le feu avec la boite de bonbons.

 

Les enfants jouent au trampoline à la surface des tombeaux. Seuls les enfants parviennent à jouer au trampoline avec insouciance, avec une insouciance éhontée à la surface même des tombeaux.

 

 

L’enfant compte à coups de fusil.

 

L’enfant a l’impression que le maquillage est toujours comestible.

 

L’odeur des crayons, des markers et de la colle apparaissent comme les drogues de l’enfant.

 

 

L’enfant joue avec le goût de la poussière sur la langue et le goût de la pluie à l’intérieur de la bouche. 

 

L’enfant sait que les tulipes sont les tuiles du pré et les tuiles des tulipes de pierre.

 

Pour l’enfant, le cerf apparait parfois comme la clef de l’énigme du monde.

 

 

L’enfant offre le visage comme tête du vide.

 

L’enfant fume sa tête. L’enfant fume sa tête comme sein du silence. L’enfant fume sa tête comme sein d’insouciance du silence. 

 

L’enfant pose des rêves d’envol. L’enfant pose des rêves d’envol au sommet de sa tête. L’enfant pose des rêves d’envols au sommet de sa tête comme des diadèmes de bonbons. L’enfant pose des rêves d’envols au sommet de sa tête comme des diadèmes de chewing-gum.

 

La tête de l’enfant se tient en équilibre sur les hanches de ses yeux. La tête de l’enfant étonné se tient en équilibre sur les hanches de ses yeux. La tête de l’enfant étonné se tient en équilibre sur les hanches de blé de ses yeux.

 

 

L’enfant apparait comme l’acrobate du feu. L’enfant apparait comme le funambule du feu.

 

L’enfant apparait comme l’acrobate de l’eau à l’intérieur du feu. L’enfant apparait comme le funambule du feu à l’intérieur de l’eau.

 

L’enfant se promène à l’intérieur du cimetière du feu. L’enfant sait comment se promener à l’intérieur du cimetière du feu.

 

L’enfant se repose à l’intérieur du feu. L’enfant se repose à l’intérieur de la forêt du feu. L’enfant se repose à l’intérieur de la forêt de papier du feu. L’enfant se repose à l’intérieur du manège du feu. L’enfant se repose à l’intérieur du manège de papier du feu. L’enfant se repose à l’intérieur du toboggan du feu. L’enfant se repose à l’intérieur du toboggan de papier du feu.

 

 

L’enfant s’amuse à mouiller l’eau. L’enfant lave l’eau. L’enfant lave l’eau avec son rire.

 

L’enfant apparait comme scaphandre des allumettes. L’enfant apparait comme le scaphandre de l’eau. L’enfant apparait comme le scaphandre d’allumettes de l’eau.

 

 

Quand la lune montre le doigt, l’enfant regarde la lune.

 

« L’enfant est le gag le plus grave qui puisse arriver à l’homme. » S. Daney

L’enfant exclame le gag de la gravitation. L’enfant exclame le tact de la gravitation. L’enfant exclame le gag de tact de la gravitation.

 

L’enfant apparait comme le gag de feu de l’eau.

 

 

L’enfant méprise l’être.

 

L’enfant esquive la parole. L’enfant méprise la parole. L’enfant esquive la parole par le mépris. L’enfant esquive la parole par l’innocence du mépris.

 

 

« Souvent je ne peux soutenir le regard ininterrompu des enfants. Certains ne peuvent pas du tout et les enfants se détournent d’eux avec mépris. »  P. Handke

Il y a ainsi une forme candide de mépris, une forme enfantine de mépris, une forme de mépris enfantin. La forme candide du mépris apparait comme celle d’un enfant qui sait que les hommes ont peur de devenir des choses à contempler. Les enfants méprisent les hommes et les femmes qui ont peur du regard tranquille de la contemplation, du regard tranquille de la simple contemplation. L’enfant méprise ceux et celles qui désirent le regard furtif du jugement et qui fuient le regard paisible de la contemplation. L’enfant méprise ceux et celles qui ont peur du regard de la contemplation c’est-à-dire du regard de l’amour. L’enfant méprise ceux et celles ont peur du regard de contemplation de l’amour. 

 

« Le regard de l’amour est également exact et rêveur et l’autre ne se sent jamais observé pas même regardé. »  P. Handke

Le regard de contemplation de l’enfant apparait comme un regard de rêve précis. C’est pourquoi l’enfant méprise ceux qui se croient observés, espionnés à l’instant même où l’enfant les contemple, à l’instant même où l’enfant les contemple avec amour. L’enfant méprise ceux qui se croient coupables même lorsqu’ils sont regardés avec innocence. L’enfant méprise ceux qui présupposent la culpabilité du regard.

 

« Comme si une pensée raisonnable pouvait complètement me rendre bon (« une pensée raisonnable : une manière de voir l’autre dans sa totalité.) » P. Handke

Le regard de curiosité contemplative de l’enfant n’est ni un regard de bonté, ni un regard rationnel. Le regard de l’enfant n’observe pas, n’examine pas la totalité de l’autre. L’enfant contemple l’intégrité de l’autre, l’intégrité irrationnelle de l’autre, l’intégrité de l’autre en dehors de la raison. Le regard de l’enfant contemple la solitude intègre de l’autre en dehors du tout de la raison, en dehors de la bonté totalitaire de la raison. Et lorsque que celui que l’enfant regarde a peur d’être regardé ainsi, l’enfant s’en détourne avec mépris. L’enfant méprise ceux et celles qui ont peur de leur solitude. L’enfant méprise ceux et celle qui ont peur de la forme intègre comme inconnue de leur solitude, de la forme intègre et inconnue de leur solitude en dehors de la bonté rationnelle du tout, en dehors de la bonté totalitaire de la raison.

 

« Il remarque que bien des gens quand ils répondaient aux regards des enfants, devenaient très vite amicaux c’est à dire espiègles, c’était une sorte de défense, de répondre aussi précipitamment à l’enfant, qui patientait longtemps. »  P. Handke

Ce que les hommes oublient de l’enfance c’est l’extrême lenteur de la candeur. De l’enfance, les hommes ne se souviennent que de la vitesse de la puérilité. Cette lenteur de la candeur  n’est pas même une forme de patience, c’est plutôt une forme d’attente, une forme d’attente sans patience, une forme d’attente exaltée, l’attente exalté de l’étonnement. La maladresse de l’homme face à l’enfant est la maladresse de celui qui a oublié l’étonnement. L’homme n’est pas étonné par l’enfant qu’il rencontre. A l’inverse, l’enfant apparait toujours étonné par ce qu’il rencontre. L’adulte a oublié la lenteur de l’étonnement. L’adulte piétine et parfois même anéantit la lenteur de l’étonnement à travers la vitesse ostentatoire de la sympathie.

 

 

Chaque enfant apparait comme une préposition de la solitude. Chaque enfant apparait comme la préposition par suite de la solitude, comme la préposition par suite inachevée de la solitude.

 

L’enfance ressemble à une forme de travail, à une forme de profession. Le travail de l’enfant c’est de sentir le monde, c’est de sentir les choses qui apparaissent à l’intérieur du monde. Le travail insouciant de l’enfant c’est de contempler le monde. Il y a cependant aussi de nombreux enfants fainéants, de nombreux enfants paresseux qui n’accomplissent pas ce travail. Et le reste de leur vie est alors d’une très grande banalité, la très grande banalité d’une vie sans monde.

 

 

L’enfant sait ce qu’est l’excitation sexuelle malgré tout il ne connait pas la jouissance sexuelle. Le petit garçon bande cependant il n’éjacule pas. Le petit garçon a un sexe sans avoir de sperme. Le petit garçon a des sensations sexuelles sans avoir de sensations spermatiques. Le petit garçon n’est pas asexuel, il est aspermatique.

 

L’enfant sait qu’il existe des pulsions sexuelles. L’enfant a des pulsions sexuelles. Ce que l’enfant ne connait pas, c’est la jouissance sexuelle. L’enfant sait aussi qu’il existe des pulsions en dehors du sexe. L‘enfant sait qu’il existe des pulsions asexuelles. Ce que l’enfant ne connait pas c’est la jouissance asexuelle. L’enfant ainsi ne connait ni la jouissance sexuelle ni la sublimation, ni la sublimation de la jouissance sexuelle.

 

L’enfance n’est pas l’âge de l’absence de désir sexuel. L’enfance est l’âge de l’absence de jouissance sexuelle. L’enfance c’est l’âge du désir sans jouissance, du désir sexuel sans jouissance sexuelle. L’enfance apparait comme l’âge de l’excitation sexuelle, l’âge de l’excitation sexuelle incroyable, l’âge de l’excitation sexuelle incroyable parce qu’absolue. 

 

C’est comme si l‘enfant disposait d’une forme de sexualité sans jouissance. L’enfant apparait sexuellement excité sans jamais jouir. Le petit garçon apparait sexuellement excité sans que cette excitation sexuelle ne provoque une jouissance. C’est comme si l’enfant parvenait à ne jamais abolir son excitation sexuelle avec sa jouissance. L’excitation sexuelle de l’enfant ne s’abolit pas en une jouissance génitale. L’excitation sexuelle de l’enfant s’évapore violemment à chaque instant en un plaisir de venir au monde, en un plaisir d’apparaitre au monde. L’excitation sexuelle de l’enfant s’évapore violemment à chaque instant en un plaisir de venir au monde encore et encore, en un plaisir de venir au monde encore une fois et encore. L’excitation sexuelle de l’enfant s’évapore violemment par le recommencement de venir au monde à chaque instant.

 

L’excitation sexuelle de l’enfant s’évapore violemment à l’intérieur du monde. L’excitation  sexuelle de l’enfant s’évanouit par miracle à l’intérieur de la nature. L’excitation sexuelle de l’enfant s’évanouit à l’intérieur du monde, s’évanouit violemment à l’intérieur du monde par un miracle d’obscénité chaste. 

 

L’enfant invente un usage fantaisiste du sexe. L’enfant fait usage du sexe comme chose. L‘enfant fait usage du sexe comme chose taboue. L’enfant fait usage du sexe comme chose d’excitation du tabou.

 

 

L’érotisme de l’enfant apparait comme la sexualité du monde.

 

L’enfant apparait comme la balle perdue de l’amour.

 

 

« L’enfance ne peut plus être en nous, mais constituer alors une espèce de périphérie, de corps extérieur. L’enfance va protéger l’homme. C’est son temps miraculeusement insensible qu’il nous est permis de conserver (…). » G. Perros

L’homme protège l’enfant. L’homme protège l’enfant sans parvenir à le sauvegarder. L’enfant sauvegarde des formes. L’enfant sauvegarde les formes sans parvenir à les protéger.

 

L’homme regarde les enfants de haut. L’enfant touche l’homme du bas. L’homme regarde les enfants du haut de son visage, du haut de son cerveau, du haut du visage de son cerveau, du haut du cerveau de son visage. L’enfant touche l’homme du bas. L’enfant touche l’homme du bas de ses pieds. L’enfant touche l’homme à la plante des pieds. L’enfant touche l’homme à la pierre des pieds. L’enfant touche l’homme à la plante de pierre de ses pieds.

 

L’enfant apparait à la fois dépendant et insoumis. A l’inverse, l’adulte est indépendant et soumis, autonome et assujetti. L’adulte est assujetti à son indépendance. L’adulte est assujetti à son autonomie. L’enfant apparait à la fois alibre et insoumis. L’enfant affirme la forme alibre de l’insoumission.

 

« Le ridicule est quelque chose qui n’est définissable que par des adultes. (…) Le ridicule inclut une conscience de l’expérience que l’enfant n’a pas. » Y. Moix

L’enfant n’a pas le sens du ridicule. L’enfant n’a pas la conscience du ridicule. C’est pourquoi la honte est beaucoup plus intense pour l’enfant que pour l’adulte. En effet l’enfant ne remplace jamais la honte à travers la conscience du ridicule. L‘enfant ne substitue jamais la conscience du ridicule au sentiment de la honte. L’enfant ne masque pas la honte à travers la conscience du ridicule. La honte de l’enfant apparait ainsi comme une honte démunie, une honte sans recours, sans le recours du ridicule, sans le recours de la conscience du ridicule.

 

« Et comment juger anormaux et malades mentaux ceux qu’épouvante le plus le visage humain ? Ne pas le craindre, ne pas en avoir honte, et les choses dont il est capable, voilà la véritable folie. » G. Ceronetti

Cette épouvante envers le visage humain, cette honte d’appartenir à l‘espèce humaine, cette honte d’appartenir malgré soi, sans l’avoir désiré à l’espèce humaine est d’abord le sentiment de l’enfant. Cette honte d’appartenir à l’espèce humaine c’est le sentiment paradoxal de l’enfant, paradoxal parce que l’enfant n’a pas une connaissance rationnelle des horreurs dont l’homme est capable, il en a uniquement un savoir intuitif, et non pas le savoir intuitif de ce qu’il connait des autres, plutôt le savoir intuitif  de ce qu’il ressent à l’intérieur de lui-même.

Ce sentiment d’épouvante et de honte envers l’espèce humaine n’est pas pour l’enfant un sentiment de faute ou de culpabilité. Cette épouvante et cette honte ne sont pas pour l’enfant coupables, cette épouvante et cette honte restent innocentes. Cette épouvante et cette honte révèlent plutôt une ombre, l’impression d’être accompagné à chaque instant par l’ombre  de l’espèce humaine.

 

Il y a à l’intérieur de la confusion de l’enfance une forme d’épouvante comme de paix, une forme de paix de l’épouvante même. A l‘inverse, les structures du sens rationnel de l’adulte développent une sorte de frayeur, non pas l’épouvante face à l’inconnu, plutôt la crainte devant ce qui est désormais connu, la crainte devant ce qui est désormais déterminé et défini. Le monde inconnu de l’enfance provoque l’épouvante. L’univers rationnel connu de l’adulte suscite l‘angoisse.

 

« Depuis que nous connaissons à fond la nature, même un enfant peut comprendre qu’une expérience n’est rien d’autre qu’un compliment qu’on fait à celle-ci, une simple cérémonie. » G. K Chesterton

L’homme adulte croit que la science est une façon de connaitre les lois de l‘univers. L’enfant sait à l’inverse que la science apparait comme une forme de rituel, comme une forme de jeu rituel, comme une forme de cérémonie.

 

 

Pour l’enfant, le lapin découpé en morceaux est encore plus mort que le lapin entier. Pour l’enfant, ce qui est morcelé est plus mort que ce qui reste entier. Pour l’enfant, la mort est ce qui morcèle, la mort est ce qui met en morceau. Pour l’enfant, la mort n’est pas ce qui détruit la vie, la mort est ce qui détruit l’intégrité.

 

L’enfant a le sentiment intense d’une intégrité des choses et des corps, intégrité malgré tout asubjective. L’enfant a le sentiment intense d’une intégrité de la présence des corps et des choses. C‘est pourquoi briser un objet est pour l’enfant un événement aussi considérable que la mort d’un homme.

 

 

L’enfance est l’âge où notre ombre est plus grande que notre corps. L’adolescence est l’âge où notre ombre est plus petite que notre corps. L’âge adulte est l’âge où notre ombre est de la même taille que notre corps.

 

L’enfant pense avec l’ombre du père. L’enfant apprend l’ombre du père. L’enfant sait l’ombre du père. L’enfant apprend et sait l’ombre du père. L‘enfant apprend l’ombre du père par cœur et sait l’ombre du père par crâne.

 

« Les enfants ne se voient pas eux-mêmes. (…) Ils se sont cachés devant eux pour se montrer aux femmes. » J.L Parant

L’enfant se regarde à l’intérieur du regard de la mère. L’enfant se regarde à l’intérieur du regard de la mère sans jamais se voir.

 

 

Pour le père et la mère, l’enfant apparait comme un jouet. Pour le père et la mère, l’enfant apparait comme un jouet qui a besoin d’eux, un jouet qui leur demande protection. Pour l’homme et la femme, l’enfant apparait comme le dernier jouet, comme le dernier jouet imaginable, comme le dernier jouet venu.

 

« Sans mon enfant mes ancêtres n’auraient aucune réalité et je ne pourrais pas penser à eux  d’une manière aussi amicale. » P. Handke

Avoir un enfant apparait comme une manière de voir ses ancêtres. Avoir un enfant apparait comme une manière de voir ses ancêtres à proximité, une manière de contempler ses ancêtres à proximité. Avoir un enfant apparait comme une manière de voir ses ancêtres en miniature, de voir ses ancêtres d’une taille minuscule, de voir ses ancêtres comme des jouets, comme des jouets de notre émotion, comme des jouets de notre émotion d’exister.

 

 

« C’était un jour d’hiver, comme souvent quand on est enfant. »  P. Handke

L‘enfance donne à sentir les nuits d’hiver. L’enfance donne à sentir les nuits de l’immédiat, les nuits d’hiver de l’immédiat.

 

« Parfois l’impression que l’enfance s’est déroulée dans la préhistoire, non dans le gris ou la nuit des temps, mais la couleur, » P. Handke

L’enfance affirme la préhistoire de l’immédiat. L’enfance affirme la préhistoire de la couleur, la préhistoire immédiate de la couleur. Seul l’enfant parvient à la fois à savoir et à sentir la préhistoire de la couleur, la préhistoire immédiate de la couleur.

 

Voler sa vieillesse avec sa lucidité. Voler son enfance avec sa déraison. Plutôt que de voler son enfance avec sa lucidité et de voler sa vieillesse avec sa déraison, il apparait préférable de voler sa vieillesse avec sa lucidité et de voler son enfance avec sa déraison. 

 

Tenir un cyclone par la main comme un petit enfant. Tenir un enfant par la tête comme un ouragan.