Génie

 

 

 

« Le génie crée la matière de son œuvre. »  Deleuze

« Artisan, je crée aussi le matériau de son travail. » Handke

Le génie crée la matière de son œuvre par le geste de projeter sa forme. Le génie crée la matière de son œuvre par le geste de destiner sa forme. Le génie crée la matière de son œuvre par le geste de projeter son œuvre comme forme du destin, comme forme impeccable du destin.

 

Le génie ne destine pas son œuvre aux autres hommes. Le génie destine son œuvre aux autres génies, aux autres génies passés ou futurs. Le génie destine son œuvre à oui. Le génie destine son œuvre à l’inconnu. Le génie destine son œuvre au lieu de l’inconnu. Le génie destine son œuvre à la précision de l’inconnu, au lieu de précision de l’inconnu.

 

Le génie ne désire pas être lu par les autres hommes. Le génie désire apparaitre lu par les autres génies. Le génie a la volonté d’apparaitre lu par l’inconnu. Le génie a la volonté d’apparaitre lu par le miracle de l’inconnu, par le miracle impeccable de l’inconnu. Le génie a la volonté d‘apparaitre lu par l’inconnu immédiat, par le miracle de l’inconnu immédiat, par le miracle impeccable de l’inconnu immédiat.

 

Le génie crée des formes afin de destiner ces formes à l‘inconnu. Le génie crée des formes de l’inconnu afin de destiner ces formes de l’inconnu à d’autres formes de l’inconnu. L’inconnu apparait ainsi comme le seul lecteur du génie.

 

Le génie crée la matière de son œuvre cependant le génie ne crée pas la matière de son œuvre ex nihilo à la façon d’un Dieu. Le génie créé la matière de son œuvre par le geste de recommencer la matière du monde, par le geste de répéter la matière du monde. Le génie recommence la matière du monde. Le génie recommence la matière du monde comme œuvre. Le génie recommence la matière du monde comme œuvre du destin, comme œuvre impeccable du destin.

 

Le génie répète la matière du monde. Le génie répète la matière du monde comme posture du destin. Le génie répète la matière du monde comme posture précise du destin, comme posture exacte du destin.

 

Le génie crée la matière de son œuvre par le geste de répéter la matière du monde à l’intérieur d’un temps et d’un espace différent de celui du monde. Le génie crée la matière de son œuvre par le geste de répéter la matière du monde à l’intérieur du temps et l’espace de son âme. Le génie crée la matière de son œuvre par le geste de répéter la matière du monde par le temps de sa chair comme l’espace de son âme et par le temps de son âme comme l’espace de sa chair.

 

Le génie invente des postures de la matière. Le génie invente des postures de la matière c’est-à-dire des formes de projection de la matière, des gestes de projection de la matière. Le génie invente des postures de la matière c’est-à-dire des gestes de projection de la matière comme formes du destin, des gestes de projection de la matière comme formes précises du destin, comme formes impeccables du destin, comme formes précises impeccables du destin.

 

Le génie n’apparait jamais libre de devenir un génie. Le génie devient un génie par nécessité. Le génie devient un génie à la fois par insouciance et par nécessité. Le génie devient un génie par l’insouciance de la nécessité. Le génie devient un génie par les pulsions d’insouciance de la nécessité. Le génie devient un génie par les pulsions d’insouciance du destin.

 

 

Distinguer le don et la vocation. Distinguer celui qui apparait doué pour et celui qui apparait voué à. Celui qui apparait doué pour l’art sans apparaitre voué à l’art c’est l’artiste talentueux, c’est l’artiste de talent (par exemple Picabia). Celui qui apparait voué à l’art sans apparaitre malgré tout doué pour l’art, c’est l’artiste maudit (par exemple Van Gogh). Le génie apparait précisément comme celui qui apparait à la fois doué pour l’art et voué à l’art. Le génie apparait précisément comme celui qui apparait en deçà de la différence entre le don et la vocation. Le génie apparait ainsi doué pour ce à quoi il apparait voué. Le génie apparait ainsi aussi doué à son art et voué pour son art. Le génie se voue ainsi au don de l’art. Le génie ainsi à la fois se voue au don de l’art et se donne à la vocation de l’art. Le génie ainsi à la fois apparait voué au don de l’art et apparait doué pour la vocation de l’art.

 

« Cette tendance très allemande de prendre au sérieux les hommes de génie. » Chesterton

Il apparait en effet préférable plutôt que de respecter les génies, plutôt que de prendre au sérieux les génies, plutôt que de respecter sérieusement les génies d’essayer de sentir ce que les génies déclarent afin de répondre ensuite à la sensation, au sentiment ou à la pensée qu’ils déclarent ainsi. Il apparait ainsi préférable plutôt que de respecter sérieusement les génies de prendre les génies au tragique, au tragique de l’insouciance afin d’essayer ensuite de répondre à leur génie.

 

« Ce n’est pas tout d’avoir du génie, il faut encore savoir que cela n’a pas d’importance. » Scutenaire

Le génie n’a aucune importance parmi la vie humaine. Le génie apparait uniquement comme un geste nécessaire à l’intérieur du monde.

 

 

Le génie affirme le jeu d’immortaliser sa bêtise. Le génie affirme le jeu d’immortaliser l’invention de sa bêtise. Le génie affirme le jeu d’immortaliser la virtuosité de sa bêtise, l’invention virtuose de sa bêtise.

 

Le génie affirme le jeu de déclarer les postures de virtuosité de la bêtise. Le génie affirme le jeu de déclarer les postures de bêtise de l’immortalité, les postures de bêtise virtuose de l’immortalité.

 

Le génie sait que la virtuosité de l’imagination vient uniquement de la bêtise, de la démesure de la bêtise (et non de l’intelligence, de la mesure de l’intelligence).

 

 

Deux formes de génie. Celui qui projette plusieurs flèches à la fois avec un seul arc. Celui qui projette une seule flèche avec plusieurs arcs à la fois.

 

La flèche du génie a l’odeur de plusieurs arcs à la fois. La flèche du génie possède l’odeur de plusieurs arcs à la fois.