Tournures

 

 

 

La matière tourne. Le monde tourne. La matière du monde tourne. La matière du monde compose ses formes par le geste de tourner. La matière du monde compose les formes de son apparition par le geste de tourner. La matière du monde compose les formes de son apparition par des tournures d’espace et de temps.

 

« L’hypothèse newtonienne est d’avoir posé que le ça tourne astral, c’est la même chose que tomber. » J. Lacan

La ça tourne affirme le ça tombe. Le ça tourne donne à sentir le ça tombe. Le ça tourne donne à sentir les formes du ça tombe. Le ça tourne donne à sentir la démesure du ça tombe. Le ça tourne donne à sentir les formes de démesure du ça tombe.

 

 

« Nous ne voyons pas la terre tourner comme nous ne voyons pas nos yeux bouger. » J.L Parant

La chair ne voit pas la terre tourner. La chair ne sent pas la terre tourner avec les yeux. La chair sent la terre tourner avec la peau. La chair sent la terre tourner avec l’aveuglement de la peau. La chair possède la sensation des tournures de la terre avec la peau. La chair possède la sensation des tournures de la terre avec l’aveuglement de la peau. La chair possède la sensation des tournures d’immobilité de la terre avec l’aveuglement de la peau, avec les gestes d’aveuglement de la peau, avec les acrobaties d’aveuglement de la peau.

 

« Nous avons vu que la terre tournait quand le ciel sans fin devint brusquement en feu. » J.L Parant

La tournure de la terre donne à sentir l’obscurité du feu. La tournure de la terre donne à sentir les formes d’obscurité du feu. Les gestes de tournures de la  terre donnent à sentir les formes d’obscurité du feu. Les schèmes de tournures de la terre donne à sentir les formes d’obscurité du feu.

 

 

Il apparait exaltant de sentir que la terre tourne. Il apparait exaltant de sentir que la terre tourne en même temps que nous essayons de tenir debout à sa surface. Il apparait exaltant d’essayer de tenir debout à la surface de la terre comme forme inhumaine, comme forme inhumaine d’une chose, comme forme inhumaine de l’immortalité, comme forme inhumaine d’une chose d’immortalité. 

 

« Endervichez-vous ! Voyez la vue en tournant ! Ayez la tête qui tourne en vivant ! Les derviches révèlent par leur giration extatique le secret du temps. Ils le défont, comme une pelote de laine. »  M. E Nabe

La terre tourne comme une pelote de laine. La terre tourne comme une pelote de laine entre les pattes du chat de la chute, entre les pattes du chat de la démesure, du chat de démesure de la chute. La terre tourne comme une pelote de laine avec laquelle joue le chat de la démesure, avec lequel joue le chat de la chute, avec laquelle joue le chat de démesure de la chute.

 

La tournure de la terre recommence à zéro à chaque fois qu’elle projette un lieu à l’intérieur d’un autre lieu.  La tournure de la terre déclare l’écran du zéro à chaque fois qu’elle projette un lieu à l’intérieur d’un autre lieu. La tournure de la terre projette l’écran du zéro à chaque fois qu’elle métamorphose un lieu en un autre lieu. La tournure de la terre affirme l’écran du zéro, l’écran du vide où se projettent et s’entassent les multiples lieux de la terre. La tournure de la terre projette l’écran du vide, l’écran de vide du destin où la métamorphose du monde apparait, où la métamorphose d’immobilité du monde apparait, où la métamorphose d’immobilité du monde déclare son apparition.

 

« Il se peut  précisément que le mouvement de la terre soit la déterritorialisation même. » G. Deleuze

Il apparait nécessaire que la tournure de la terre, que la tournure rhétorique de la terre, que la tournure stylistique de la terre, que la tournure symbolique de la terre, que la tournure parabolique de la terre survienne comme l’utopie même, survienne comme geste même de l’utopie, comme la posture même de l’utopie.

 

La tournure synthétique de la terre chante le sentiment de l’utopie. La tournure sentimentale de la terre chante la synthèse de l’utopie.

 

 

Le jour et la nuit surgissent comme les tournures du monde. Le jour et la nuit surgissent comme les tournures d’immédiat du monde, comme les tournures d’inexorable du monde, comme les tournures d’immédiat inexorable du monde.

 

Le jour tourne le temps à l’intérieur de l’espace. La nuit tourne l’espace à l’intérieur du temps. Le jour tourne la parole du temps à l’intérieur du silence de l’espace. La nuit tourne la parole de l’espace à l’intérieur du silence du temps.

 

 

« Et si nous nous couchons la nuit c’est parce que nous ne sentons pas la terre tourner. » J.L Parant

A l’instant de dormir nous sentons la terre tourner. A l’instant de dormir nous sentons la terre tourner de manière immobile. La chair possède la sensation des tournures de la terre à l‘intérieur du sommeil. La chair possède la sensation des tournures d’immobilité de la terre à l’intérieur du sommeil.

 

Tourner autour de son lit. Tourner autour de son lit avant de s’endormir. Tourner autour de son lit  à l’intérieur de son sommeil. Tourner autour de son lit à l’instant de s’éveiller.

 

Tourner autour de son lit à l’intérieur de son sommeil. Et faire tourner son lit autour de sa tête à l’instant de s’éveiller. Faire tourner son lit autour de sa tête à l’intérieur de son sommeil. Et tourner autour de son lit à l’instant de s’éveiller.

 

 

Le geste de tourner autour apparait comme un geste de précision. Le geste de tourner autour apparait à la fois comme un geste d’approximation et un geste de précision. Le geste de tourner autour apparait comme un geste d’approche précise, comme un geste d’approximation précise.

 

Celui qui sait comment faire tourner un mot sur lui-même a ainsi à chaque instant une toupie  à l’extrémité de la langue.

 

Celui qui confond le où avec le oui tourne sur lui-même à chaque affirmation.

 

« La découverte de la circulation du sang et (…) cette prise de conscience que quelque chose tourne à l’intérieur de moi. L’homme ne tourne qu’au moment où il s’évanouit. (« la tête me tourne. La terre tourne. ») « P. Handke 

Le sang tourne à l’intérieur de la chair comme la chair tourne autour de la terre. La chair tourne autour de la terre comme la terre tourne autour du sang.

 

Tourner afin de parer sa chair avec des hurlements. Tourner afin de parer ses hurlements avec sa chair.

 

Marcher avec la tête comme tourner avec la poitrine. Marcher avec la poitrine comme tourner avec la tête. Marcher avec la tête comme tourner avec la poitrine (comme tourner avec le thorax) afin de trouver des phrases à l’intérieur de l’aveuglement, afin de trouver de phrases à l’intérieur de la respiration de l’aveuglement, à l’intérieur du crâne de respiration de l’aveuglement.

 

 

« Tourne, tourne, tourne … ronde de la douleur et des tibias. A la racine de mes cheveux, un soupçon de gelée blanche. Au bout des orteils, un incendie. » H. Miller

Le ça tourne gèle la tête à l’instant où il incendie les pieds. Le ça tourne incendie la tête à      l’instant où il gèle les pieds. Le ça tourne gèle la tête comme il incendie les pieds. Le ça tourne incendie la tête comme il gèle les pieds. Le ça tourne de la terre gèle la tête comme il incendie les pieds. Le ça tourne de la terre incendie la tête comme il gèle les pieds. Le ça tourne de silence de la terre gèle le hurlement de la tête comme il incendie le sourire des pieds. Le ça tourne de silence de la terre gèle le sourire de la tête comme il incendie le hurlement des pieds. Le ça tourne de silence de la terre incendie le hurlement de la tête comme il gèle le sourire des pieds. Le ça tourne de silence de la terre incendie le sourire de la tête comme il gèle le hurlement des pieds. Le ça tourne de silence de la terre gèle le hurlement d’ascèse de la tête comme il incendie le sourire d’aisance des pieds. Le ça tourne de silence de la terre gèle le hurlement d’aisance de la tête comme il incendie le sourire d’ascèse des pieds. Le ça tourne de silence de la terre gèle le sourire d’ascèse de la tête comme il incendie le hurlement d’aisance des pieds. Le ça tourne de silence de la terre gèle le sourire d’aisance de la tête comme il incendie le hurlement d’ascèse des pieds. Le ça tourne de silence de la terre incendie le hurlement d’ascèse de la tête comme il gèle le sourire d’aisance des pieds. Le ça tourne de silence de la terre incendie le hurlement d’aisance de la tête comme il gèle le sourire d’ascèse des pieds. Le ça tourne de silence de la terre incendie le sourire d’ascèse de la tête comme il gèle le hurlement d’aisance des pieds. Le ça tourne de silence de la terre incendie le sourire d’aisance de la tête comme il gèle le hurlement d’ascèse des pieds.

 

« Et ils tournent et ils dansent / comme des soleils crachés / dans le son déchiré / d’un accordéon rance. » J. Brel

Tourner c’est cracher des astres. Tourner c’est cracher des planètes. Tourner c’est projeter des astres avec la bouche. Tourner c’est projeter des planètes avec la bouche. Tourner c’est projeter des astres avec le hurlement de sourire de la bouche. Tourner c’est projeter des planètes avec le hurlement de sourire de la bouche.

 

Tourner c’est projeter la paralysie des astres, la paralysie des planètes avec la bouche. Tourner c’est projeter le miracle de paralysie des astres avec le hurlement de sourire de la bouche. Tourner c’est projeter le miracle de paralysie des planètes avec le hurlement de sourire de la bouche.

 

Tourner c’est  projeter le miracle de paralysie des astres avec le hurlement de sourire du crâne. Tourner c’est projeter le miracle de paralysie des planètes avec le hurlement de sourire du crâne. 

 

 

« Voilà qu’elle se retourne / et se retourne encore / ses bras vont jusqu’à terre / ça y est  / elle a mille ans. »  J. Brel

Tourner une fois comme avoir mille ans. Incarner un millénaire à chaque tour, à chaque tour de roue, à chaque tour de manège, à chaque tour de chant. Incarner un matin à chaque tour de roue, à chaque tour de manège, à chaque tour de chant. Incarner le millénaire d’un matin à chaque tour, à chaque tour de roue, à chaque tour de manège, à  chaque tour de chant. Incarner le diamant d’un matin, le diamant de millénaire d‘un matin à chaque tour de roue, à chaque tour de manège, à chaque tour de chant.

 

Toucher la terre avec la main à chaque tour de la terre. Toucher le ciel avec la tête à chaque tour de la terre. Toucher le ciel avec la main à chaque tour de la terre. Toucher la terre avec la tête à chaque tour de la terre. Toucher la terre avec le coude à chaque tour de la terre. Toucher ciel avec le cou à chaque tour de la terre. Toucher  la terre avec le cou à chaque tour de la terre. Toucher le ciel avec le coude à chaque tour de la terre. Toucher le ciel avec le coude à chaque tour du matin. Toucher le ciel avec le coude à chaque tour de millénaire du matin.