Marges Pensées Chazal
« L’homme semble toujours en quête de quelque chose et la femme de quelqu’un. »
L’homme trouve parfois une chose à l’intérieur d’une femme. La femme trouve parfois un homme à l’intérieur d’un sentiment. L’homme trouve parfois le sentiment d’une chose à l’intérieur d’une femme. La femme trouve parfois un homme à l’intérieur de la chose d’un sentiment.
« Quand l’homme est ambitieux, il l’est le plus souvent de quelque chose, la femme de quelqu’un. »
L’ambition de l’homme est de désirer quelque chose. L’ambition de la femme est d’apparaitre désirée par quelqu’un.
« La femme connait bien tout de l’homme sauf son côté animal. »
La femme connait les pensées, les sentiments et les désirs de l’homme. Malgré tout la femme ne connait pas les besoins de l’homme. La femme ne connait pas les besoins d’imagination de l’homme comme l’imagination des besoins de l’homme. La femme ne connait pas l’hébétude des besoins de l’homme, l’imagination hébétée des besoins de l’homme, les besoins d’imagination hébétée de l’homme.
« Les femmes n’aiment que les bêtises qui durent. »
Les hommes aiment par imagination. Les hommes aiment par imagination mortelle. Les femmes aiment par bêtise. Les femmes aiment par bêtise immortelle.
« Pour la femme, l’analyse est le moyen de mettre de l’ordre parmi ses sentiments, pour l’homme, le moyen de découvrir des sentiments nouveaux. »
La femme pense afin de mettre en ordre ses sentiments. L’homme a des sentiments afin d’équilibrer le désordre de ses sensations.
« L’esprit des femmes est tout en à cotés et en alentours. »
La femme adresse sa parole autour du corps de l’homme. La femme adresse son sentiment autour de la parole de l’homme. La femme adresse son corps autour du silence de l’homme.
« L’habillement est pour les femmes leur plus dur métier. »
L’habillement est la profession de foi des femmes. La mode est la profession de foi des femmes.
« L’invention du miroir n’a servi jusqu’ici aux femmes qu’à mieux se connaitre de visage : car pour découvrir leurs formes, elles ont de tout temps utilisé le regard des hommes. »
Les femmes imaginent les formes de leur corps avec le regard des hommes et imaginent leur visage avec les paroles des hommes. Les hommes imaginent la silhouette de leur corps avec les mains des femmes et imaginent leur visage avec le silence des femmes.
« Eve demanda un miroir quand Adam cessa de la désirer. »
La femme désire les restes de l’homme avec son miroir. L’homme désire les restes de disparition de son miroir avec la femme.
« Il faut que le sexe s’ancre à certaines parties du corps. Le fard et les artifices sont là justement pour l’empêcher de chasser de ses amarres. »
Pour la femme narcissique, le sexe ne s’ancre pas cependant à l’intérieur d’un fragment du corps. Chez la femme narcissique, le sexe s’ancre au fard même, le sexe s’ancre à l’artifice même du fard.
« Les femmes ont un moi pour chaque robe. »
La femme dispose d’autant de cerveaux que de vêtements. Les femmes ont un corps pour chaque robe et une âme pour chaque sous-vêtement. Les femmes ont le sentiment d’un corps pour chaque robe et la sensation d’une âme pour chaque sous-vêtement, et la sensation d’une âme pour chaque culotte.
« L’esprit des femmes se reflète dans leurs robes, et leur mentalité dans leurs dessous. »
Le caractère des femmes apparait par leurs robes. L’intuition des femmes apparait par leurs dessous.
« Selon leurs âges, il est pour les femmes deux façons de s’habiller, soit en prenant leur habillement comme décor à leur nudité, soit en prenant leur nudité comme décor à leur habillement. »
La femme élégante affirme à la fois la chair comme espace de la parure et la parure comme espace de la chair. La femme élégante détruit ainsi le décor avec l’espace. La femme élégante détruit le décor de vivre avec l’espace d’exister. La femme élégante affirme la parure comme espace de la chair, le jour et affirme la chair comme espace de la parure, la nuit.
« Le balancement rythmique du bout extrême de la robe (…) donne le pouls sexuel des femmes. »
Le sexe de la femme apparait par le rythme in extremis de sa parure. La forme sexuelle de la femme apparait par l’immobilité in extremis de sa chair.
La femme apparait possédée par sa parure. La femme apparait possédée par sa parure avant d’apparaitre possédée par l’homme. La femme apparait possédée, charnellement possédée par sa parure avant même d’apparaitre désirée par l’homme, avant même d’apparaitre sexuellement désirée par l’homme. La possession charnelle de la femme par sa parure apparait toujours antérieure à la possession sexuelle de la femme par l’homme. La femme fait ainsi l’amour avec ses robes et ses bijoux, avec ses vêtements et ses parures avant de faire l’amour avec l’homme.
« Sublimation du sexe sur le visage rend les robes transparentes. »
La sublimation du sexe à la surface du visage transforme la lucidité de la chair en robe. La sublimation du sexe à la surface du visage transforme la lucidité de la chair en robe du cœur, en robe d’obscénité du cœur.
« Quand l’homme qu’elle aime mange, la femme mange toujours en même temps un peu de sa nourriture en esprit. »
La femme mange la nourriture de l’homme qu’elle aime en pensée. L’homme mange la nourriture de la femme qu‘il aime sans y penser. L’homme mange la nourriture de la femme qu’il aime par imagination, par geste de l’imagination, par geste de l’imagination en dehors de la pensée. L’homme aime la nourriture sans y penser. L’homme aime la femme qu’il aime sans y penser. L’homme aime la nourriture de la femme qu’il aime en dehors de la pensée.
« Le corps de la femme est pour l’homme une nourriture de l’esprit. La pensée de l’homme est pour la femme une nourriture du corps. »
L’homme mange la chair de la femme avec son crâne. La femme boit la pensée de l’homme avec son sexe. L’homme mange la chair de la femme avec l’espace entre son cerveau et son crâne. La femme boit l’âme de l’homme avec le temps entre son sexe et son cœur.
Les postures de chair de la femme apparaissent pour l’homme comme une nourriture de l’imagination. Les gestes d’âme de l’homme apparaissent pour la femme comme une nourriture de l’intuition.
« Beaucoup de femmes n’aiment pas manger la tendresse et l’amour dans la même assiette. »
Beaucoup de femmes aiment boire la violence et l’amour à l’intérieur du même verre.
« L’homme confond l’amour et la femme. La femme ne confond l’homme et l’amour que dans l’acte. »
La femme confond l’homme et l’amour exclusivement dans le coït. L’homme confond la femme et l’amour excepté dans le coït.
L’homme confond la femme et l’amour Malgré tout l’homme dissocie la femme de l’amour à l’intérieur du sexe. La femme dissocie l’homme et l’amour. Malgré tout la femme confond la dissociation de l’homme et de l’amour avec l’amour à l’intérieur du sexe.
« La femme joue avec son sexe. »
La femme joue avec son sexe. La femme ne dit pas la vérité avec son sexe. La femme ne ment pas avec son sexe. La femme joue avec son sexe afin de trouver son cœur. La femme joue avec le hasard de son sexe afin de trouver la certitude de son cœur. L’homme joue avec son crâne. L’homme joue avec son crâne afin de trouver sa bouche. L’homme joue avec la nécessité de son crâne. L‘homme joue avec la nécessité de son crâne afin de trouver la certitude de sa bouche.
« Certaines femmes ne sont intelligentes qu’au lit. D’autres, les plus intelligentes, n’attendent pas le lit pour avoir l’esprit du lit. »
La femme vulgaire est celle qui a l’esprit du sexe exclusivement en dehors du lit. La femme vulgaire est celle qui spiritualise le sexe, qui spiritualise le sexe exclusivement en dehors du lit. La femme obscène à l’inverse apparait comme celle qui possède à chaque instant l’âme du sexe. La femme obscène apparait comme celle qui possède à chaque instant l’âme du sexe à la fois à l’intérieur du lit et en dehors du lit, à la fois à l’intérieur du lieu du lit et en dehors du lieu du lit.
« On ne se formalise jamais des idées d’une femme tant que son corps plait. »
Malgré tout les défauts du corps d’une femme embarrasse l’homme quand la forme des sentiments de cette femme lui plaît, quand le tact des sentiments de cette femme lui plait.
« Femme lascive nous regarde des hanches. »
La femme lascive regarde avec les hanches et écoute avec la bouche. La femme lascive regarde avec le rythme des hanches et écoute avec l’ouverture de la bouche.
« Les femmes ont leur plus belle robe dans leurs yeux. Mais combien sont-elles qui, par un trop grand désir de plaire, la portent à l’envers ! »
La femme a son plus beau sexe à l’intérieur de la bouche. Malgré tout, par un trop grand désir de plaire, la femme porte parfois le sexe de sa bouche à l’envers.
« Les hommes sont plus psychiques du front et les femmes du cou. »
L’homme affirme le front de la parole. La femme affirme le cou du silence. Le visage de l’homme affirme le front de la parole. Le visage de la femme déclare le cou du silence. Le visage de l’homme affirme le front de miracle de la parole. Le visage de la femme affirme le cou de nécessité du silence.
« Le visage masculin et le visage féminin … les deux sont sur un même théâtre mais tandis que chez l’homme, l’œil est sur la scène et la bouche dans la salle, chez la femme la bouche est sur la scène et l’œil dans la salle. »
A l’intérieur du visage de l’homme, l’œil se trouve sur la scène et la bouche dans les coulisses quand il parle et la bouche sur la scène et l’œil dans les coulisses quand il écoute parler. A l’intérieur du visage de la femme, la bouche se trouve sur la scène et l’œil dans les coulisses quand elle parle et l’œil sur la scène et la bouche dans les coulisses quand elle écoute parler.
« Dans l’enfance les femmes ont le dos et la poitrine interchangeables et chez l’homme en bas-âge les bras et les jambes cousinent. »
Pour la femme, la puberté révèle la différence entre le devant et le derrière du corps. Et pour les hommes, la puberté révèle plutôt la différence entre le haut et le bas du corps. A l’inverse dès l’enfance, la femme a la sensation d’une différence entre le haut et le bas du corps. Et dès l’enfance, l’homme a la sensation d’une différence entre le devant et le derrière du corps.
« Nous n’avons plus aucune opinion d’une femme du moment que nous cessons de la désirer. »
Désirer une femme, c’est y penser. Désirer une femme c’est penser cette femme, c’est essayer de penser cette femme. Désirer une femme c’est à la fois penser cette femme et penser à cette femme. A l’inverse, vouloir une femme ce n’est pas penser une femme. Vouloir une femme c’est imaginer une femme. Vouloir une femme c’est imaginer la forme d’une femme, la forme insensée d’une femme.
« L’homme croit désirer la femme de ses rêves, alors qu’il ne désire en fait que la femme de ses opinions. »
Préférer la femme de ses rêves à la femme de ses pensées. Et préférer la femme de ses sensations à la femme de ses rêves.
« Le séducteur est le compagnon rêvé de la femme seule. »
La femme apparait comme la fiancée de la solitude du séducteur. L’homme reste marié à la honte de la putain.
La femme mariée apparait mariée à un homme et à l’amour, à un homme et à son amour pour cet homme. L’homme marié apparait marié à une femme et au désir, à une femme et à son désir pour cette femme.
« Le conditionnel est pour les femmes le cache-sexe de leur pensée. Le temps présent est leur première forme de tutoiement. »
La femme tutoie le présent, vouvoie le passé et appelle le futur par son prénom. L’homme vouvoie le présent, tutoie le futur et appelle le passé par son prénom.
« Ôtez aux femmes l’art du mensonge, et vous obtiendrez des femmes vraies, donc fades. »
La femme ne dit pas la vérité afin d’être crue. La femme ne dit pas non plus la vérité pour ne pas être crue autrement dit pour que l’autre pense que c’est un mensonge. La femme dit la vérité afin d’esquiver à la fois la croyance et la non-croyance.
Séduire une femme affirme le jeu d’abolir à la fois le désir de mensonge de la femme et sa vertu vaniteuse de vérité. Séduire une femme affirme le jeu d’abolir le désir de mensonge et la vertu de vérité de cette femme afin de provoquer ainsi l’apparition d’une femme en deçà du vrai et du faux, en dehors du vrai et du faux, afin de provoquer l’apparition d’une femme comme parure de l’exactitude, comme parure impeccable de l’exactitude en dehors du vrai et du faux.
« Beaucoup d’hommes sont plus fidèles à la jalousie qu’à leurs femmes. »
Beaucoup de femmes sont plus fidèles à l’amour qu’à l’homme.
« Pour l’homme, tout amour nouveau est une expérience nouvelle. Pour la femme, c’est seulement l’expérience première qui continue. »
Pour la femme, il y a un seul amour et plusieurs hommes. Pour l’homme, il y a une seule femme et plusieurs amours.
« Ne crains pas les femmes. Crains toutes les femmes qui ne sont, ne peuvent, ni ne veulent être complétement femmes. »
Savoir esquiver sans jamais les craindre les femmes qui n’ont pas le courage d’apparaitre comme des femmes.
« On ne doit jamais la vérité aux femmes … sauf la vérité sur les autres femmes. »
Il reste préférable de dire la vérité aux hommes excepté à propos des femmes, excepté à propos des femmes que nous aimons. Il reste préférable de dire la vérité aux hommes excepté à propos des femmes de notre amour.
« Les femmes n’ont pas de tête, elles n’ont que des cheveux-têtes. »
Les hommes n’ont pas de cheveux, les hommes n’ont que des cheveux-cerveaux.
« Les femmes entre elles se pétrissent du regard. »
Les femmes entre elles se pétrissent du regard, malgré tout les femmes ne se pétrissent pas du regard comme du pain. Les femmes se pétrissent plutôt du regard comme du linge, comme du linge à la fois à laver, à rincer et à essorer.
« Les couples sans enfant sont comme une académie (…) où l‘on ne sait jamais de quoi l’on discute et dont le but est de n’avoir aucun but. »
Lorsqu’un homme et une femme se marient sans avoir d’enfant, ils changent alors leur mariage en un ersatz d’enfant et ils déshonorent ainsi le miracle du mariage. Lorsqu’un homme et une femme se marient sans avoir d’enfant, ils se condamnent alors à changer leur relation même en un ersatz d’enfant, autrement dit ils sont alors obligés de nourrir et d’éduquer cette relation comme si c‘était un enfant, ils sont alors obligés de changer leur amour en témoin, ils sont obligés de changer leur amour en preuve, en témoin vivant, en preuve vivante, ils sont alors obligés de changer leur amour en preuve de lui-même, en témoin de lui-même.
Quand un couple a un enfant, cet enfant a ainsi le choix d’exister selon deux hypothèses, soit en tant que témoin, en tant que témoin de l’amour de son père et de sa mère, soit à l’inverse comme ce qui détruit tout témoignage, comme ce qui détruit toute preuve d’amour c’est-à-dire comme ce qui incarne paradoxalement l’unicité de l’amour de son père et de sa mère, l’unicité sans preuve de l’amour de son père et de sa mère, comme ce qui incarne la solitude de l’amour de son père et de sa mère, la solitude sans témoin de l’amour de son père et de sa mère. Quand un couple a un enfant, cet enfant a ainsi le choix d’exister soit comme celui qui regarde l’amour de son père et de sa mère, soit comme celui que l’amour de son père et de sa mère ne regarde pas.
« Traiter les femmes comme des enfants, on en fait des alliées. »
Parler aux femmes comme des enfants le jour et parler aux femmes comme à des animaux la nuit.
« Le sexe est le soleil de l’imagination. »
Le sexe apparait comme le satellite de l’intuition.
« Plus de femmes ont été poussées dans les bras d’un homme par la curiosité que par le désir. »
La curiosité apparait comme la forme enfantine du désir sexuel. La curiosité apparait comme la forme à la fois enfantine et intuitive du désir sexuel. La curiosité apparait antérieure à l’excitation même. La curiosité n’est pas mentale. La curiosité n’est pas psychique. La curiosité apparait plutôt comme le lieu de coïncidence du cœur et des os. La curiosité apparait comme le lieu de coïncidence du courage et de l’ascèse, du courage du cœur et de l’ascèse des os, du courage des os et de l’ascèse du cœur. La curiosité apparait comme le lieu de coïncidence du courage et de l’équilibre, du courage du cœur et de l’équilibre des os et aussi comme le lieu de coïncidence du courage des os et de l’équilibre du cœur. La curiosité affirme ainsi la forme de courage de l’équilibre comme la forme d’équilibre du courage.
« Les hanches sont le torse des jambes et la poitrine du dos. »
Les hanches apparaissent comme les auréoles des jambes. Les hanches apparaissent comme les auréoles des jambes et le trampoline du dos. Les hanches apparaissent comme les auréoles de volupté des jambes et le trampoline de paix du dos, comme les auréoles de joie des jambes et le trampoline de tranquillité du dos.
« Le poumon est rêvé par la vue et le foie par les hanches. »
Le foie apparait fixé par la vue et les poumons rêvés par les hanches. La vue propulse des voix d’images à l’intérieur du foie. Les hanches projettent des rythmes, des rythmes de voix à l’intérieur des poumons.
« En état de totale nudité nous nous sentons habillés du dedans. »
Quand la nudité apparait en dehors de tout, la chair a la sensation d’apparaitre déshabillée par le jeu de ses muscles et de ses os. Quand la nudité apparait en dehors de tout, la chair a la sensation d’apparaitre déshabillé par le sourire de son équilibre, par le sourire d’équilibre de son âme.
« La volupté est le baiser que la hanche donne à la nuque. »
A l’instant de la volupté, la hanche donne un baiser au crâne. A l’instant de la volupté, le vide du crâne donne un baiser à la hanche. Et à l’instant de la volupté, le vide de merci beaucoup du crâne donne un baiser à la hanche.
« Le plaisir met le regard en escalier. »
Le plaisir transforme le regard en toboggan. Le plaisir transforme le regard en toboggan de la bouche. Le plaisir transforme la bouche en trampoline. Le plaisir transforme la bouche en trampoline des yeux.
« La haine nous rend avares de l’œil, et l’amour nous en rend prodigues. »
L’amour projette le blanc de l’œil à la surface de la bouche. L’amour projette le blanc de l’œil à la surface de la bouche debout. L’amour projette l’excès d’équilibre du blanc de l’œil à la surface de la bouche. L’amour projette l’excès d’équilibre du blanc de l’œil à la surface de la bouche debout. L’amour projette le blanc de l’œil à l’intérieur de la bouche debout du silence. L’amour projette la bombe du blanc de l’œil à l’intérieur de la bouche debout du silence. L’amour projette la jubilation du blanc de l’œil, la bombe de jubilation du blanc de l’œil à l’intérieur de la bouche debout du silence.
L’amour transforme les yeux en lèvres et la bouche en iris.
« Le cœur, ce sont les limites extrêmes de l’intelligence. »
Le cœur révèle à la fois la limite extrême de la pensée et la coïncidence d’illimité de l’imagination. Le cœur affirme à la fois la main d’in extremis de la pensée et le sang d’illimité de l’imagination.
« On remplace l’esprit de mille manières, par la distinction, l’élégance, la beauté physique, le prestige de la fortune et le nom. Le cœur par contre ne connait pas d’ersatz. »
De même l’esprit peut remplacer d’innombrables aspects humains. L’esprit peut remplacer la distinction, l’élégance, la beauté physique, le prestige de la fortune et le nom. Et à l’inverse le cœur ne devient jamais l’ersatz d’autre chose. Le cœur ne devient même jamais l’ersatz d’un sentiment.
« Des sentiments, les idées ne fouillent que la surface. Il faut des sentiments pour approfondir les sentiments. »
Seul le sentiment sait comment approfondir l’intuition. Seul le sentiment sait comment intensifier l’intuition. Seule la sensation sait comment approfondir le sentiment. Seule la sensation sait comment intensifier le sentiment. Seule l’énigme sait comment donner la sensation.
« Le cœur est beaucoup plus intelligent que l’esprit, mais il est à court de mots. »
Le cœur apparait beaucoup plus intuitif que le cerveau. Le cœur apparait beaucoup plus intuitif que le cerveau et le cœur dispose autant de mots que le cerveau. Malgré tout la syntaxe du cœur reste à chaque instant timide. Le cœur dispose de mots innombrables cependant sa syntaxe reste timide.
« La solitude murit la pensée mais vieillit les sentiments. »
La solitude détruit la pensée, épuise les sensations, vivifie l’imagination et vieillit les sentiments. La solitude détruit la pensée, architecture l’intuition et assagit les sentiments.
« L’ennui est sexuel chez la femme, intellectuel chez l’homme et viscéral chez l’animal. »
Le désespoir apparait charnel pour l’homme. Le désespoir apparait sentimental pour la femme. Le désespoir apparait postural pour le minéral, le végétal et l’animal.
« L’ange de l’inspiration ne s’assied généralement qu’au chevet des désespérés, c’est que l’homme a atteint l’état de réception parfait, le vide en soi. »
Le désespoir apparait comme la forme de la grâce, comme la forme paradoxale de la grâce. Le désespoir donne à sentir non seulement le vide de la pensée, le vide à l’intérieur de la pensée. Le désespoir donne surtout à sentir le vide de la chair, le vide à l’intérieur de la chair. Par le vide à l‘intérieur de la pensée apparaissent les formes. Par le vide à l’intérieur de la chair surviennent les postures.
« La minutie nous donne des gestes triangulaires. »
La désinvolture donne des gestes trapézoïdaux. Le courage donne des gestes carrés. La démence donne des gestes spiraloidaux. La volonté donne de gestes sphériques.
« Il ne faut pas trop vouloir pour bien oser. »
L’audace apparait comme la forme candide de la volonté. L’audace apparait comme la forme enfantine de la volonté.
« On s’habitue mal à soi-même. C’est pour cela que la solitude est considérée par la plupart des hommes comme le plus grand de tous les maux. »
L’ascète ne s’habitue jamais au monde. L’ascète ne s’habitue à aucune chose du monde. L’ascète s’habitue à la pensée des hommes sans jamais s’habituer à la présence du monde.
« Le charme est l’intelligence de la beauté. C’est l’élément qui fait que la beauté a une langue et parle. »
Le charme apparait comme la forme intuitive de la beauté. Par le charme, la beauté stylise sa bêtise. Par le charme, la beauté stylise les éclairs de sa bêtise. Le charme parle ainsi afin de donner à sentir les éclairs de bêtise de la beauté, les éclairs de bêtise subtile de la beauté.
« Chez les très grand tempéraments, l’épiderme se prolonge dans les cheveux. »
Pour les grands cyniques, les poils et les cheveux se prolongent à l’intérieur des nerfs.
Pour les grands sentimentaux les intestins se prolongent à l‘intérieur des cheveux. Pour les grands intuitifs, les cheveux se prolongent à l’intérieur du cœur. Pour les grands contemplatifs, le crâne se projette à l’intérieur de la peau.
« Dans le mépris, nous regardons en deçà de la personne. »
Le mépris contemple en deçà du corps de l’autre. Le mépris contemple en deçà du lieu de l’autre. Le mépris contemple l’écorce de terre où l’autre se trouve et d’où il n’a pas l’audace, il n’a pas le courage de s’envoler. Le mépris contemple le lieu de la terre où l’autre choisit de se fixer plutôt que de s’envoler, plutôt que de s’envoler à l’intérieur du monde.
« L’enfant et le vieillard sont de tous les humains ceux qui ont le regard le plus longtemps posé au sol. »
L’enfant et le vieillard regardent longtemps par terre. L’enfant et le vieillard regardent longtemps par terre par mépris. L’enfance et la vieillesse apparaissent comme les âges du mépris, comme les âges du mépris intense.
« Le mépris est rarement un sentiment neutre. Il est le plus souvent la soupape de sureté d’un trop-plein de haine ou d’un trop-plein d’amour. »
Le mépris apparait comme une camisole de force. Le mépris apparait comme la camisole de force du courage. Le mépris apparait comme la camisole de force de l’amour.
« La vérité est nue dans les choses et voilée dans les idées. »
Les idées voilent la vérité. Les choses dénudent la certitude. L’enchainement des idées voile la vérité. L’apparition des choses dénude la trajectoire de la certitude. La posture des choses dénude la trajectoire de la certitude. La posture d’apparition des choses dénude la trajectoire d’extase de la certitude.
« On est d’autant plus dogmatique que l’on ne pense pas ce que l’on sent et que l’on ne sent pas ce que l’on pense. »
La certitude affirme le geste d’imaginer la sensation de la chair comme le geste de sentir l’imagination de l’âme.
« Seule une conscience claire nous rend hilare du menton. »
Seule la clarté de l’inconnu provoque le fou-rire du crâne.
« La grande chose de la vie est d’arriver à l’estimer. »
Le sage apparait comme celui qui parvient d’un seul et même geste à s’oublier et à se saluer, à s’oublier et à se vouloir. Le sage apparait comme celui qui parvient à la fois à s’oublier et à saluer son existence. Le sage apparait comme celui qui parvient à saluer son existence par son oubli, à saluer son existence par l’oubli de sa vie. Le sage apparait comme celui qui parvient à vouloir son existence par le geste d’oublier sa vie.
« Le bien est le plaisir à la longue . Ainsi fait-on toujours le mal quand on est pressé d’être heureux. »
La sagesse a l’intuition des formes de temps de chaque plaisir particulier. Le sage sait que chaque plaisir a un âge, un âge unique. Le sage sait que chaque plaisir survient par une forme particulière de temps. C’est pourquoi le sage ne désire pas jouir n’importe quand et de tous les bonheurs à la fois. Le sage savoure le tact de temps de chaque plaisir. (A l’inverse l’impatient parce qu’il désire s’approprier le plaisir sans jamais devenir attentif au temps de chaque plaisir, à l’âge de chaque plaisir, change alors le plaisir en son ersatz autrement dit en jouissance, jouissance sans temps, jouissance qui se condamne à l’éternité, à la distraction de l’éternité.
« S’oublier est la clef du bonheur. »
Celui qui s’oublie trouve le bonheur. Celui qui s’oublie trouve le bonheur de ne pas chercher de clef. Celui qui s’oublie trouve le bonheur de posséder une clef sans l’avoir jamais cherchée.
« Le bonheur est le meilleur des fards. »
Le bonheur n’est ni le cosmétique du corps ni le cosmétique de l’âme. Le bonheur apparait comme le cosmétique de l’oubli. Le bonheur apparait comme le cosmétique de la fatalité de l’oubli. Le bonheur apparait comme le cosmétique de la fatalité réflexe de l’oubli.
« Il n’est pas de timidité en face du bonheur. »
Le bonheur terrorise. Le bonheur terrorise sans intimider. Le malheur intimide. Le malheur intimide sans terroriser.
« Notre bonheur s’accroit du bonheur des autres. »
Le bonheur des autres amplifie notre bonheur. La solitude de la joie amplifie la joie.
« Dans l’extrême danger, on pense avec tout son corps. »
A l’intérieur de la joie extrême, chaque fragment de la chair imagine un monde particulier. A l’intérieur de la joie extrême, chaque fragment de la chair imagine un monde d’une nécessité particulière. A l’intérieur de la joie extrême, chaque fragment de la chair imagine le destin d’un monde, le destin particulier d’un monde.
« La bonté ne s’ennuie jamais. »
La bonté ne s’ennuie jamais parce qu’elle apparait heureuse de parvenir à chaque instant à esquiver le mal ou à détruire le mal.
« Le charme met dans chaque ride une bouche qui sourit. »
La malveillance met dans chaque trait du visage une ride qui vomit.
« Nous haïssons beaucoup trop l’homme en le méchant et pas assez le mal. »
Le saint parvient à dissocier le mal et l’homme méchant. Le saint parvient à détruire le mal sans jamais haïr l’homme, sans jamais haïr l’homme cependant suppôt du mal.
« Dans la honte, le nez sert de civière au regard. »
Dans l’angoisse, le nez sert de fauteuil au regard. Dans l’angoisse, le nez sert de canapé au regard.
« L’inconnu nous fait peur parce que nous lui donnons visage d’Irréel. (…) Le progrès consiste à libérer l’inconnu de ce fantôme encombrant. »
L’angoisse du psychisme c’est de changer l’inconnu en fantôme. L’angoisse du psychisme c’est l’acte de changer l’inconnu en inconscient. Quand l’inconnu apparait comme présence matérielle, il n’y a plus de peur. Quand l’inconnu apparait comme présence matérielle, survient la forme exacte de la terreur, survient la forme à la fois confiante et enthousiaste de la terreur, survient la forme confiante et euphorique de la terreur, la forme confiante exacte et euphorique de la terreur.
« L’haleine pressée par l’émotion a le toucher d’une main. »
La main tremblante de la honte a la légèreté d’une haleine. La main tremblante de la honte a la légèreté étourdie d’une haleine.
« L’honneur se sent à l’extrémité des cheveux, et la honte à la plante des pieds. »
L’honneur annone l’haleine à l’extrémité des cheveux. La honte soude les cheveux sous la plante des pieds.
« Rapidement vissé au visage chez l’imbécile, le nez chez l’homme intelligent, fait la direction du regard comme sur une table tournante. »
L’intelligence attelle le nez et le regard. La stupidité détache le nez du regard. Le talent scie le regard avec le nez. Le génie scie le nez avec le regard.
« Point de personne plus insupportables que les gens trop conscients de leurs défauts. »
La conscience est le plus inexcusable des défauts. La conscience est le péché d’orgueil même. La conscience redouble chaque vice. La conscience redouble chaque vice en tant que signe de l’infini. Le vice sans conscience reste fini. Le vice conscient est infini.
« La bonté ne s’ennuie jamais. »
Il n’y a pas de générosité de l’ennui. L’ennui est obligatoirement avare.
« La très grande frayeur nous coupe en deux. L’immense joie nous coupe en mille. Pour nous refaire complètement un, il n’est rien de tel que l’ennui. »
L’ennui oblige à l’identité. L’homme n’est égal à lui-même que lorsqu’il s’ennuie. L’homme n’est parfaitement égal à lui-même que lorsqu’il s’ennuie. A l’inverse, la joie multiplie la chair. La joie multiplie les formes de la chair. La joie multiplie les métamorphoses de la chair. La joie multiplie les formes de chute de la chair. La joie multiplie les métamorphoses de chute de la chair.
« L’ennui rend les hommes ressemblants et individualise les femmes. »
L’ennui rend les hommes identiques et les femmes différentes. L’ennui rend les hommes identiques en dehors de la ressemblance et rend les femmes différentes en dehors de la singularité.
« Rien ne nous aide autant à nous découvrir comme l’ennui. »
L’ennui aide à découvrir l’odeur de notre schizophrénie. L’ennui aide à découvrir l’odeur de néon de la schizophrénie.
« Il n’est personne d’entièrement bon dans l’ennui. »
L’homme méchant connait la jouissance cependant il ne rencontre jamais la joie. L’homme méchant connait la jouissance du mal cependant cette jouissance du mal n’est qu’une communication du malheur, qu’un échange du malheur. L’homme méchant ignore à la fois la joie et la rencontre. En effet il n’y a pas de joie du mal et il n’y a de rencontre que de la joie.
« Dans la crainte, l’homme pond du regard. »
Dans la peur, le regard de l’homme pond des suicides d’œufs. Dans la peur, le regard de l’homme pond des œufs de suicide, des œufs de suicide infini.
« Les frissons de peur nous parcourent de pieds à la tête et les frémissements de joie de la tête aux pieds. »
Les frémissements de peur nous parcourent de la gorge aux genoux. Les tremblements de joie nous parcourent des orteils au crâne.
« Les grands criminels on les mains timides. »
Les grands timides ont les mains criminelles.
« La crainte d’avoir peur est le grand mal des oisifs. »
La crainte du ridicule de la peur est le grand malheur et le grand crime des oisifs. La crainte du ridicule de la peur est le grand malheur criminel des oisifs.
« Le ridicule est souvent ce qu’on ne comprend pas. »
Le ridicule révèle la charité de l’inconnu. Le ridicule révèle l’aspect charitable de l’inconnu. Le ridicule révèle la sainteté de l’inconnu. Le ridicule révèle l’aspect saint de l’inconnu.
« C’est à tort que l’on croit que le but de l’égoïste c’est lui-même. Son véritable but, c’est que les autres le prennent pour but. »
L’égoïste ne désire pas être le centre du monde ou l’origine de tout. L‘égoïste désire être la finalité du monde, la finalité de tout. L’égoïste désire être la fin du monde. L’égoïste désire être ce qui met fin au monde.
« L’égoïsme a des mains qui mangent. »
L’égoïste a le nez qui digère.
« L’extrême égoïsme met l’œil en surimpression sur la bouche. »
L’extrême altruisme met les oreilles en surimpression sur le nez.
« On ne connait l’envers de ses idées que dans l’action. »
L’action révèle les pieds de la pensée. L’action révèle les pieds de la pensée et le nez du cerveau. L’action révèle les pieds de la pensée et l’estomac du cerveau.
Le désir révèle les dents des idées. Le désir révèle les dents des idées et la chevelure du cerveau.
« L’homme sans désirs … serait le seul homme libre. »
L’homme sans désirs serait libre de corps sans être libre de pensée. L’homme sans besoin serait libre de pensée sans malgré tout apparaitre nécessaire de chair.
« Les hystériques ont la voix en fermeture éclair. »
Les obsessionnels ont la voix en bouton de manchettes.
Chez les paranoïaques, les pieds se substituent aux cheveux et les cheveux se substituent aux pieds. Chez les paranoïaques, les pieds se substituent aux poils et les poils se substituent aux pieds.
« L’homme qui cache son dos est doublement dangereux. »
Le plus dangereux des hommes est celui qui cache sans cesse son dos et qui ne cache jamais son visage. Le plus pudique des hommes est celui qui cache toujours son visage et qui ne cache jamais son dos.
« Le fou fait de l’autophagie visuelle. »
Le fou mange son regard. Le fou mange son regard et mange aussi la faim de son regard. Le fou mange son regard, la faim de son regard et même la faim de son absence de regard. Le fou mange son regard, la faim de son regard et la faim de l’absence de son regard avec les mâchoires de ses paupières, avec les mâchoires de pensée de ses paupières, avec les mâchoires de cerveau de ses paupières.
« Les fous ont le regard en damier. »
A chaque oscillation des paupières, le damier du regard des fous semble soit vide soit saturé des silhouettes de tous les hommes qu’il a vus.
« La colère met des muscles aux dents. »
L’excitation met des muscles aux cils. L’ennui met des nerfs aux ongles. La joie met des muscles au souffle. Le désespoir met des os aux poils. La tristesse met des cartilages aux sourcils.
La vanité met des nerfs aux oreilles. La vanité met de nerfs olfactifs aux oreilles. La sincérité met des nerfs à la salive. L’humilité met des os aux lèvres. L’orgueil met un squelette à la gorge. Le regret met des cartilages à la salive. La jalousie met des nerfs optiques aux narines et aux gencives.
La honte met des cartilages à l’haleine. Le désir met des muscles à la pupille. L’obsession met des os aux cils. Le doute met des cartilages au cristallin. Le désarroi met des doigts aux paupières. La paresse met des nerfs auditifs au pancréas.
La chasteté met des cartilages aux cils. Le courage met des muscles au front. La timidité met des tendons aux yeux. Le remords met des cartilages aux joues.
« La fatigue intense nous fait dormir psychologiquement à l’envers. »
La fatigue plutôt que de nous faire dormir des pieds à la tête nous endort de la tête aux pieds. La fatigue plutôt que de nous endormir des pieds du jour à la tête de la nuit nous endort de la tête du jour aux pieds de la nuit.
« La santé est la forme biologique de la liberté. »
La santé apparait comme la forme sentimentale de la liberté. La santé apparait comme la forme à la fois sentimentale et musicale de la liberté. Le handicap à l’inverse apparait comme la posture à la fois sensuelle et sculpturale du destin. (Et la maladie révèle l’indice à la fois historique et contingent du caractère.)
« La maladie nous rend clairvoyants du dos et aveugle des doigts. »
La santé provoque la clairvoyance des doigts et l’aveuglement de la nuque. La santé provoque la clairvoyance des doigts et l’aveuglement du dos.
A l’instant de l’extrême douleur, le squelette devient la sueur du cri.
« L’argent nous console de ce que nous ne sommes pas. »
L’argent drogue la pensée. L’argent stupéfie la possibilité du néant et angoisse le hasard de la présence.
« L’argent est le côté fatigant du travail. »
L’argent change le travail en fatigue. L’argent change le travail du corps en fatigue de la pensée. L’argent change le travail du corps en fatigue du phantasme.
« L’argent est enfer pour les pauvres, purgatoire pour beaucoup d’autres et paradis pour personne. »
L’argent est le purgatoire de l’enfer même. L’argent développe le purgatoire de l’enfer même. L’argent purge l’enfer à travers l’absence du diable et à l’inverse purge le diable à travers l’absence de l’enfer.
« Les femmes placent leur vertu à ne rien faire de mal qui peut être dit. »
Les hommes confondent la vertu avec l’acte de ne faire aucun mal qui ne puisse être dit et aucun bien qui puisse rester indicible.
« L’homme... l’espèce qui tue pour tuer. »
L’homme ne tue pas pour quelque chose. L’homme ne tue pas pour rien. L’homme ne désire pas le néant à travers le meurtre. L’homme tue pour tuer autrement dit l’homme tautologise le meurtre. Pour l’homme, le sens du meurtre est le meurtre même. Pour l’homme, le meurtre n’est rien d’autre que le meurtre. Pour l’homme, le meurtre ne s’adresse pas à un autre. Pour l’homme, le meurtre ne s’adresse pas même à l’autre qu’il tue. Pour l’homme, le meurtre n’a pas d’autre excepté le châtiment, le châtiment que l’homme conçoit cependant aussi en tant que meurtre. (Pour l’homme il n’y a pas d’autre châtiment au meurtre que le meurtre même.)
« Le plus grand des enfers doit être l’Eden seul. »
Le plus grand des enfers c’est l’enfer isolé. Le plus grand des enfers c’est d’être isolé en enfer sans même que le diable y soit. Le plus grand des enfers c’est d’être isolé en enfer en l’absence même du diable.
« Dieu ne se présente pas deux fois dans le même habit. »
Dieu change d’habit à chaque homme. Dieu c’est la mode du verbe. Dieu c’est la mode de l’infini. Dieu c’est la mode du verbe infini, la mode de l’esprit infini.
« Dieu peut tout, sauf se suicider. »
Le suicidé ne peut rien excepté être la mort de Dieu. Le suicidé ressuscite la mort de Dieu.
Le suicidé ne peut rien excepté ressusciter la mort de Dieu.
« L’espèce humaine commença par un inceste. Elle finira précisément de même. »
L’espèce humaine se reproduit à travers l’inceste de l’être, à travers l’inceste spirituel de l’être. Et de même l’être se reproduit à travers l’inceste de l’espèce humaine, à travers l’inceste spirituel de l’espèce humaine.
« Le suicide est l’inceste du moi. »
Le suicide est l’inceste de l’espèce humaine et de Dieu. Le suicide est l’inceste de l‘espèce humaine et de l‘être de Dieu. Le suicide est l’inceste de l’être humain et de l’espèce de Dieu. Le suicide est l’inceste de l’espèce de l’être.
« On ne peut à la fois croire en Dieu et en l’homme. »
La seule manière de sentir le destin c’est de détruire à la fois la croyance en Dieu et la croyance en l’homme.
« Le mystique est celui qui veut voir Dieu par le trou de la serrure. »
Le mystique essaie de toucher l’oubli de Dieu par l’ouverture de la clef. Le mystique essaie de toucher l’oubli de Dieu par le silence de la clef, par l’ouverture de silence de la clef.
« La mémoire est le magasin de l’esprit. La mémoire est le seul domaine où le désordre est l’inventaire de l’ordre. »
La mémoire n’est ni un magasin ni un dépotoir. La mémoire ressemble plutôt à la fois à un grenier et à une cave. Le problème c’est qu’il n’y a aucune manière de savoir si un fragment de la mémoire se trouve à l’intérieur du grenier du corps ou à l’intérieur de la cave du corps ou à l‘intérieur du grenier du cerveau ou à l‘intérieur de la cave du cerveau. Le problème c’est qu’il n’y a aucune manière de savoir si un souvenir révèle un au-dessus du corps ou un au-dessous du corps, un au-dessus du cerveau ou un au-dessous du cerveau.
A l’intérieur de la mémoire, le désordre révèle la forme des événements et l’ordre révèle la taille des événements, le format des événements.
Utiliser le désordre afin d’accomplir l’inventaire de l’ordre. Utiliser la virtuosité du désordre afin d’accomplir l’inventaire de l’ordre. Utiliser la chance virtuose de l’anarchie afin d’accomplir l’inventaire d’amnésie de l’ordre.
« La mémoire n’a pas de sexe. »
La mémoire a autant de sexes que de choses qu’elle sauvegarde. La mémoire a autant de sexes que les choses du zéro qu’elle sauvegarde. La mémoire a autant de sexes que d’âges de choses qu’elle sauvegarde.
« La mémoire n’a pas de sexe. »
L’oubli a un seul sexe. Le sexe de l’oubli n’apparait ni masculin, ni féminin. L’oubli a le sexe de la solitude. L’oubli a le sexe de l’immédiat. L’oubli a le sexe de la solitude immédiate.
« Le tambour est la plus intime des notes sexuelles. »
Le tambour donne à sentir le sexe de la mémoire. Le tambour donne à sentir le sexe de la mémoire entre l’espace et le temps. Le tambour donne à sentir la mémoire du sexe, le rythme-mémoire du sexe entre l’espace et le temps. Le tambour rebondit le sexe de la mémoire. Le tambour rebondit le sexe de la mémoire comme la mémoire du sexe entre l’espace et le temps.
« L’émotion taille des biseaux dans la voix. »
L’émotion invente la menuiserie de la parole. L’émotion marquette la voix avec la parole et vernit la parole avec la voix.
La voix joue à la balançoire avec le regard. Le blanc de l’œil joue à la balançoire avec la bouche. Le blanc de l’œil joue à la toupie avec la bouche. Le blanc de l’œil joue au bilboquet avec la bouche. Le blanc de l’œil joue au ballon avec la bouche.
« Voix grise de la haine, indigo de l’envie, verte du désespoir, mauve du doute, marron de l’indécision, jaune du double jeu, rouge de la colère, bleu et rose de l’amour tendre. »
Il y a une voix grise du mépris, une voix jaune du désir, une voix violette de l’envie, une voix orangée du doute, une voix vert-noir du désespoir, une voix bleue de la bonté, une voix marron de l’ennui, une voix rouge de la colère, une voix blanche de l’amour et une voix multicolore de la joie.
« La folie met des courts-circuits dans la voix. »
La démence court-circuite la parole avec la voix et court-circuite la voix avec la parole.
« Il nous faut l’esprit d’un autre pour voir l’arrière de nos idées. »
Parler avec l’autre afin de parvenir ainsi à sentir le dos de sa lucidité. Parler avec l’autre afin de parvenir à toucher le dos de sa lucidité. Le feu de la conversation donne à sentir le dos de la lucidité. Le feu de la conversation avec l’autre donne à sentir le dos de hasard de la lucidité.
« La précision des mots équivaut à un dévoilement de la pensée. »
La précision de la parole affirme la dénudation de l’instinct. La précision du silence déclare la dénudation de l’âme.
« La queue et les pattes sont les deux pôles du jugement chez les bêtes. »
La gueule de l’animal apparait comme le pôle de sa certitude. La gueule de l’animal apparait comme le pôle de sa certitude antérieure au jugement.
« Toute plante est en symétrie avec elle-même et en relief sur la nature. »
L’animal apparait comme projection de sa chair. L’animal apparait comme projection de sa chair en asymétrie avec la nature.
« Les animaux n’ont pas d’amour propre. »
Les animaux affirment la forme de leur existence sans revendiquer le sens de leur vie. L’amour propre des hommes revendique au contraire le sens de la vie et dédaigne la forme de l’existence. L’amour propre des hommes substitue la revendication d’un sens de la vie à l’affirmation d’une forme d’existence.
« Chez l’animal, le corps ce sont les embranchements de la face, comme les rayons d’une roue rayonnent du moyeu. »
Pour l’enfant, la face apparait comme l’axe de la roue de la chair. Pour l’animal, les postures de la chair composent la roue du sang. Pour l’animal, les postures de la chair composent la roue à la fois hors centre et hors axe du sang.
« L’animal (n’ayant que peu d’imagination) doit revenir sur les lieux où il éprouva une sensation pour la mémoriser. »
A l’inverse, l’homme revient sur les lieux où il a déjà rencontré la mémoire afin de sentir la mémoire une fois encore, afin de de savourer la répétition de la mémoire.
« L’animal commence gloutonnement son repas et le finit de manière distinguée. Chez l’homme c’est l’inverse. Et il en est de même pour les autres besoins (boire, dormir, aimer). »
Malgré tout à l’intérieur de l’espace du désir, l’animal commence de manière distinguée et finit de façon brutale. A l’inverse à l’intérieur de l’espace du besoin, l’homme commence de façon brutale et finit de façon distinguée. Enfin à l’intérieur de l’espace du jeu, hommes et animaux se ressemblent. Le jeu apparait en effet sans commencement et sans fin. C’est pourquoi à l’intérieur du jeu il n’y a ni brutalité ni distinction. A l’intérieur du jeu, il y seulement la règle et le vertige, la règle du vertige comme le vertige de la règle.
Pour l’homme, la pensée survient comme un désir et la parole survient comme un besoin. C’est pourquoi l’homme commence à penser de manière distinguée et finit de penser de manière brutale. Et à l’inverse, l’homme commence à parler de manière brutale et finit de parler de manière distinguée.
« L’homme pris de démence a les gestes studieux d’une bête. »
L’homme fou n’est pas un homme animal. L’homme fou est l’homme qui examine son animalité. L’homme fou est l’homme qui examine son animalité dans son propre cerveau. L’homme fou est l’animal studieux. L’homme fou est l’animal studieux qui attend dans la cage de son cerveau, qui attend éternellement dans la cage de son cerveau.
« Seuls les animaux ont des passions raisonnables. »
Seuls les animaux ont des passions précises. Seuls les animaux ont des passions précises parce que ces passions surviennent en dehors du vrai et du faux. Seuls les animaux ont des passions démentes. Seuls les animaux ont des passions à la fois démentes et précises.
« Ne riant pas de la face, l’animal a le rire total de la voix … susurrement du tréfonds du gosier, dépassant le dernier cran de l’aigu perceptible par l’oreille humaine. »
L’animal rit avec le rythme de ses muscles. L’animal rit avec le rythme de silence de ses muscles. L’animal rit avec l’intégralité de sa chair, avec le rythme de sa chair, avec le rythme de silence de sa chair. L’animal rit par le rythme de son équilibre. L’animal rit par le rythme de son équilibre comme voix de ses muscles. L’animal rit par le rythme de ses muscles comme voix de son équilibre.
« Les animaux dansent en mangeant, comme il nous arrive lorsque nous mangeons debout. »
Les animaux dansent à l’instant où ils mangent. Les animaux dansent à l’instant où ils cherchent de la nourriture. Et à l’inverse, quand les animaux dorment, les animaux dansent à l’intérieur de la nourriture, Quand les animaux dorment, les animaux dansent immobiles à l’intérieur de la nourriture qu’ils ont déjà mangée, à l’intérieur du tas de nourriture qu’ils ont déjà mangé.
« Le regard et la queue de l’animal sont apparentés (…) A chaque regard de l’homme, réaction du bout de la colonne vertébrale. »
La gueule et la queue animale apparaissent reliées. A chaque geste de la gueule correspond un geste de l’extrémité des vertèbres, soit à la hauteur du coccyx, soit à la hauteur du cou, soit à la fois à la hauteur du coccyx et à la hauteur du cou. (Le cou apparait en relation avec la lèvre supérieure de la gueule et le coccyx en relation avec à la lèvre inférieure.)
« La main gauche a plus d’imagination que la main droite mais la main droite a plus de mémoire. » « Pour suppléer le manque d’imagination de animaux, le créateur les a pourvu d’une queue. »
La main gauche apparait comme la queue de l’homme, comme la queue animale de l’homme. Ainsi à l’inverse des autres animaux, la queue de l’homme n’est pas fixée à son dos, au bas de son dos. La queue de l’homme c’est la main qu’il n’utilise pas, la main qu’il n’utilise pas spontanément, la main de l’oisiveté, la main de la désinvolture, la main du luxe et qui sait aussi la main du salut, la main du salut symbolique. La queue de l’homme, c’est la main de la pauvreté, la main à la fois de la pauvreté et du luxe, la main de pauvreté du luxe, la main de l’ascèse, la main de luxe de l’ascèse. L’étrangeté de la queue de l’homme c’est aussi d’avoir la même forme qu’un autre organe du corps sans avoir malgré tout le même style de tournure, sans avoir le même style de gravitation, sans avoir le même style de tournure de gravitation. La queue de l’homme comme main asymétrise ainsi sa chair à l’intérieur même de la symétrie de sa forme, à l’intérieur de la symétrie de forme du corps. La queue de l’homme comme main asymétrise les tournures de gravitation de la chair à l’intérieur même de la symétrie de forme du corps.
« (Le corps et l’esprit) vivent de la même atmosphère mais ne mangent pas dans le même plat. »
La chair et l’âme mangent le même espace. Malgré tout la chair et l’âme ne respirent pas le même repas. Malgré tout la chair et l’âme ne respirent pas la forme du même repas, la chair et l’âme ne respirent pas le même temps, la chair et l’âme ne respirent pas le temps du même repas, la chair et l’âme ne respirent pas le même repas du temps.
« En tombant, nous sentons plier sous nous l’espace et (…) comprimer sur nous le temps. »
A l’instant de la chute, la chair a la sensation de la simplicité de l’espace comme du volume du temps. A l’instant de la chute, la chair a la sensation de la simplicité de vide de l’espace comme du volume de couleur du temps. A l’instant de la chute, la chair a la sensation de la pulsion de vide de l’espace comme de la démesure de couleur du temps. A l’instant de la chute, la chair a la sensation de la démesure de silence de la couleur. A l’instant de la chute, la chair a la sensation de la pulsion de vide de l’espace comme démesure de silence de la couleur.
« Les faibles ne prennent connaissance d’eux-mêmes que dans la chute, les forts au bord du précipice. »
Le monstre a la sensation du monde à l’instant de la chute. L’homme s’interdit au contraire de tomber à travers la pensée de l’unité, à travers la pensée de l’univers, à travers la pensée d’unité de l’univers. L’homme s’angoisse de sa possible déchéance à travers la pensée de l’univers.
« Chez l’homme, c’est l’esprit qui sert d’interprète entre le cœur et les sens. Chez la femme c’est le cœur l’interprète entre les sens et l’esprit. »
La monstruosité de l’innocence n’interprète jamais. La monstruosité de l’innocence n’interprète jamais ni avec le cœur ni avec le cerveau. Le monstre de l’innocence montre avec le cœur comme avec le crâne. Le monstre de l’innocence montre avec le cœur du crâne comme avec le crâne du cœur. Le monstre de l’innocence compose les présentations entre les sentiments et les sensations avec le cœur du crâne comme avec le crâne du cœur. Le monstre de l’innocence compose les présentations entre les gestes des sentiments et les postures des sensations et entre les gestes de sensations et les postures des sentiments avec le cœur du crâne comme avec le crâne du cœur. Le monstre de l’innocence compose les présentations entre les gestes de la chair et les postures de l’âme comme entre les gestes de l’âme et les postures de la chair. Le monstre de l’innocence compose les présentations entre les gestes de la chair et les postures de l’âme avec le cœur du crâne. Le monstre de l’innocence compose les présentations entre les gestes de l’âme et les postures de la chair avec le crâne du cœur.
« Le visage est le salon du corps. On ne montre le reste de la maison qu’aux intimes. »
Le visage du monstre apparait comme la chambre de ses sentiments. Le visage du monstre apparait comme la chambre de certitude de ses sentiments. Le visage du monstre apparait comme la chambre d’ascèse de ses sentiments. Le visage du monstre apparait comme la chambre d’insouciance de ses sentiments. Le visage du monstre apparait comme la chambre d’ascèse insouciante de se sentiments. Le visage du monstre apparait comme la chambre de certitude insouciante de ses sentiments, comme la chambre de certitude ascétique insouciante de ses sentiments.
« Pour les grands tempéraments de femmes parler d’amour c’est faire l’amour au ralenti. »
Pour le monstre de la volonté, faire l’amour affirme le geste d’anticiper le feu de conversation du silence.
« Tous les sens s’embobinent dans l’odorat. »
L’odorat embobine les sens les uns dans les autres. L’odorat embobine le goûter dans l’ouïe, embobine l’ouïe dans le toucher, embobine le toucher dans la vue et embobine la vue dans le goûter.
« Dans le délire du malheur on tourne en rond. Dans le délire du bonheur, on tourne en spirale. »
L’odorat tourne en spirale à l’intérieur de la voix. L’odorat tourne en spirale à l’intérieur du carré de la voix. Le tact de l’odorat tourne en spirale à l’intérieur du carré de la voix. Le tact iconoclaste de l’odorat tourne en spirale à l’intérieur du carré ambidextre de la voix. Le tact ambidextre de l’odorat tourne en spirale à l’intérieur du carré iconoclaste de la voix.
« L’odeur est le côté le plus nu du corps, raison pour laquelle les femmes, par pudeur, se vêtent de parfums. »
L’odeur apparait comme l’aspect le plus sexuel du corps. L’odeur apparait comme l’aspect le plus sexuel du corps sans apparaitre malgré tout comme l’aspect le plus nu. L’odeur révèle la forme du sexe en dehors du vêtement et de la nudité. L’odeur révèle la forme du sexe qui survient en deçà de la différence entre le vêtement et la nudité.
« Nul n’est complètement chaste de l’odorat. »
C’est pourquoi flairer une chose c’est donner un sexe à cette chose. Flairer une chose c’est donner à cette chose un sexe qui n’est ni masculin, ni féminin. Flairer une chose c’est donner à cette chose un sexe inouï. Flairer une chose c’est donner à cette chose un sexe-nez, un sexe-nez inouï.
Les odeurs dansent en dehors de la musique. Les odeurs dansent en dehors à la fois du silence et de la musique. Les odeurs dansent avec les bruits. Les odeurs dansent selon les bruits. Les odeurs dansent avec selon les bruits.
« Les gestes de la danse furent le premier alphabet humain. »
Les gestes de la danse composent des lettres de chair. Les gestes de la danse composent les lettres de l’instinct, les lettres de chair de l’instinct. Les gestes de la danse composent les lettres de chair de l’instinct en dehors de l’alphabet et du langage.
Seul le danseur sait comment donner à voir le rire des pieds. Seule la chanteuse sait comment donner à entendre les larmes des cheveux.
« Le toucher goûte assis, le goûter allongé, l’ouïe en se balancent, l’odorat en avançant le cou et la vue en se mettant debout. »
Le toucher goûte accroupi, accroupi debout. Le goûter goûte allongé, allongé assis. L’odorat goûte à quatre pattes. L’ouïe goûte à genoux. Et la vue goûte sans avoir de position préférée, sans avoir de position favorite.
« Sur chaque lèvre deux mains rayonnent, pouce contre pouce au beau milieu et petits doigts aux commissures. »
A l’intérieur de la paume de la main, la bouche d’une seule lèvre rayonne. A l’intérieur de la paume de la main, la bouche d’une seule lèvre se projette. A l’intérieur de la paume de la main, la roue d’une seule lèvre apparait, la bouche-roue d’une seule lèvre apparait, la bouche-roue d’une seule lèvre se projette. A l’intérieur de la paume de la main, la bouche d’une seule lèvre parle, la bouche d’une seule lèvre parle en silence, la bouche-roue d’une seule lèvre parle en silence. A l’intérieur de la paume de la main, la roue d’une seule lèvre se tait, la bouche-roue d’une seule lèvre se tait, la bouche-roue d’une seule lèvre se tait en paroles.
« La jeunesse a les doigts feuillus. »
La jeunesse a les doigts brindillés. La jeunesse a les doigts à la fois brindillés et arborescents.
« Les gestes sont la ponctuation des idées et les traits d’union des sentiments. »
Les gestes affirment des phrases de sensations. Les gestes composent des phrases de sensations. Les gestes affirment des lettres de sentiments. Les gestes imaginent des lettres de sentiments.
« Il est plus facile de faire trois choses à la fois que de faire deux choses à la fois, car faire deux choses à la fois scinde l’esprit en deux, tandis que faire trois choses à la fois met l’esprit en triangle. »
Et qui sait même pour les virtuoses de l’amalgame, il apparait plus facile d’accomplir quatre choses à la fois que de faire trois choses à la fois. En effet accomplir quatre choses à la fois allonge la déchirure de l’âme tandis que faire trois choses à la fois incite uniquement l’âme à s’asseoir. Accomplir quatre choses à la fois allonge la déchirure de l’âme à l’intérieur d’un carré. Accomplir trois choses à la fois assoit l’âme à l’intérieur d’un triangle.
« Le centre de gravité de la démarche se déplace avec l’âge, localisé dans les jambes chez l’enfant … et la tête chez les décrépits. »
Le centre de gravité de l’enfant se trouve à l’intérieur de ses pieds. Les pieds de l’enfant apparaissent comme les axes de sa gravité. Les pieds de l’enfant composent l’axe double de l’ellipse de sa gravité. Et les autres fragments du corps de l’enfant tournent autour de ce double axe des pieds à la manière d’une roue, à la manière d’une roue astrale, à la manière d‘une roue-astre.
La tête apparait comme le centre de gravité des vieillards. La tête apparait comme le centre de gravité des vieillards malgré tout elle n’est pas l’axe de gravité des vieillards. A l’époque de la vieillesse, les autres fragments du corps ne tournent pas autour de la tête comme autour de l’axe d’une roue. A l’époque de la vieillesse, les autres fragments du corps s’articulent plutôt autour de la tête comme les lignes d’un triangle.
« Visage poudré met les traits en quiconque. »
Le maquillage compose une marqueterie de peau. Le maquillage compose une marqueterie avec les traits du visage. Le maquillage compose une marqueterie de peau avec les traits du visage.
« L’homme est le seul à conserver dans le mouvement, corps et visage en entités séparées. »
A l’instant de l’immobilité, le corps et le visage de l’homme apparaissent amalgamés. A l’instant de l’immobilité, le corps et le visage de l’homme apparaissent amalgamés par le lointain, amalgamés par la solitude, amalgamés par le lointain de la solitude. A l’instant de l’immobilité, le corps et le visage de l’homme composent ainsi une nébuleuse, une nébuleuse de trajectoires, une nébuleuse de sensations, une nébuleuse de trajectoires-sensations.
« Notre visage est un livre où beaucoup peuvent y lire mais dont Dieu seul connait le titre. »
Notre visage apparait comme un livre où les autres peuvent lire et où malgré tout le titre apparait à jamais illisible. Seul le destin écrit le titre de notre visage. Seul le destin écrit le titre du livre de notre visage que les hommes et même Dieu ne connaissent et ne lisent jamais. Le destin écrit le titre du livre de notre visage comme calligraphie de l’innocence, comme calligraphie de la monstruosité, comme calligraphie d’innocence de la monstruosité. Le destin écrit le titre du livre de notre visage comme trajectoire de l’illisible, comme trajectoire d’immobilité de l’illisible.
« Être bouche bée toujours, afin que vienne la fée. »
Apparaitre à chaque instant bouche bée afin de respirer la trajectoire du fruit de la chute. Apparaitre à chaque instant bouche bée afin de respirer la trajectoire d’immortalité du fruit de la chute. Apparaitre à chaque instant bouche bée afin de respirer la trajectoire de certitude du fruit de la chute, afin de respirer à chaque instant la trajectoire de certitude immortelle du fruit de la chute.
La bouche tourbillonne à chaque instant. La bouche tourbillonne à chaque instant à la surface du visage. La bouche tourbillonne à chaque instant à la surface comme à l’intérieur du visage. La bouche ne tourbillonne pas librement. La bouche tourbillonne alibre. La bouche tourbillonne alibre à la surface comme à l’intérieur du visage. La bouche n’est pas incarcérée par le visage. La bouche n’est pas délivrée par le visage. La bouche apparait livrée par le visage. La bouche tourbillonne comme un livre ouvert. La bouche tourbillonne comme un livre ouvert alibre. La bouche tourbillonne comme un livre ouvert alibre à la surface comme à l’intérieur du visage.
Chaque lèvre de la bouche apparait à chaque instant soit comme un lit soit comme un livre. La bouche apparait comme le lit des émotions. La bouche apparait comme le lit des sentiments. La bouche apparait comme le lit-livre des émotions, comme le lit-livre des sentiments. La bouche apparait comme le lit de certitude des émotions, comme le lit de certitude de sentiments. La bouche apparait comme le lit-livre de la certitude des émotions, comme le lit-livre de certitude des sentiments.
« Par le mouvement du pouce, nous connaissons en partie celui de la bouche. »
Le pouce apparait comme la réponse de la bouche. Le pouce apparait comme la réponse de la bouche à la main et comme la réponse de la main à la bouche. Le pouce apparait comme la réponse de tendresse, la réponse de tendresse parabolique de la bouche à la main et de la main à la bouche.
Le pouce apparait comme le problème de la bouche. Le pouce apparait comme le problème de la bouche aux lèvres. Le pouce apparait comme le problème de parabole de la bouche. Le pouce apparait comme le problème de parabole de la bouche au crâne. Le pouce apparait comme le problème de tendresse de la bouche, le problème de tendresse parabolique de la bouche. Le pouce apparait comme le problème de parabole de tendresse parabolique de la bouche au crâne.
« Lèvres qui se promènent sur la face aimée. Bruit de mandoline aux commissures, violons sur les lèvres, saxophone aux ailes du nez, clairon dans le cou, harpe à l’oreille, cymbales sur le nez, cuivre sur le front, violoncelle mêlé de luth aux creux des yeux. »
Lèvres qui se promènent sur la face aimée. Muguet aux commissures, flûte de muguet aux commissures, trompette sur les lèvres, trompette de menthe sur les lèvres, hautbois aux ailes du nez, hautbois de myosotis aux ailes du nez, saxophone dans le cou, saxophone de lys dans le cou, guitare à l’oreille, guitare de roses à l’oreille, trapèze sur le nez, trapèze de tulipes sur le nez, piano sur le front, piano de seringua sur le front, violons sur les yeux, violons de violettes sur les yeux.
« Rouge sur les lèvres, bleu sur les yeux, jaune dans le cou, rose sur les joues, vert sur le front, le baiser est lilas dans la nuque. »
Le baiser apparait rouge sur les lèvres, bleu sur les yeux, jaune dans le cou, violet sur la gorge, rose-orangé sur les joues, bleu-vert, bleu-vert-noir sur le front, sépia sur le nez et blanc sur la nuque.
« Nous regardons les yeux d’un homme pour le connaitre et sa bouche pour le comprendre. »
Nous regardons les yeux de l’autre pour questionner sa vérité. Nous regardons la bouche de l’autre afin de répondre à sa certitude.
« Tout notre passé est inscrit sur notre bouche et tout notre avenir dans nos yeux. »
Notre passé apparait peint à l’intérieur de nos yeux. Notre futur apparait sculpté à la surface de notre bouche.
« Lorsque pour créer Adam, Dieu souffla sur le limon de la terre, le premier trait à apparaitre dans l’homme fut la bouche. »
La bouche inachève le commencement. La bouche inachève le commencement du visage. Les yeux illimitent la fin. Les yeux ilimitent la fin de la face.
« La gourmandise met l’œil à califourchon sur la bouche. »
La curiosité met la bouche à califourchon sur l’œil.
La connivence insinue des regards à l’intérieur des gencives. La connivence incruste des regards à l’intérieur des gencives.
A l’intérieur de l’excitation, la bouche apparait comme le lit du blanc de l’œil. A l’intérieur de la joie, la bouche apparait comme le trampoline du cœur.
« L’œil donne le poids du tempérament, et la bouche en donne le volume. »
L’œil donne la forme de la volonté. La bouche donne le volume de la volonté. L’œil donne la forme de la gravité. La bouche donne le volume de la gravité.
« Le regard est une main qui saisit. Dans le geste preste de la main du regard, seul le revers de la main des yeux se présente à nos yeux, la paume du regard ne se laissant voir que dans l’amour. »
Le regard apparait comme une main qui saisit. Malgré tout, de ce geste de saisie de la main du regard n’apparaissent le plus souvent visibles que les doigts. Le dos de la main du regard n’apparait visible qu’à l’instant de la séduction et la paume de la main du regard n’apparait visible qu’à l’intérieur de l’amour.
« Le regard intelligent est un pont suspendu. »
Le regard à la fois lucide et heureux apparait comme un pont suspendu. Le regard à la fois lucide et heureux apparait comme un pont suspendu entre le front et la bouche. Le regard à la fois lucide et heureux apparait comme un pont suspendu entre le ciel au-dessus de la tête et le pubis à l’intérieur de la terre.
« Les paupières sont les jambes du regard. »
Les paupières attendent comme les genoux du regard. Les paupières attendent comme les genoux de papier du regard. Les paupières patientent comme les genoux du regard. Les paupières patientent comme les genoux de papier du regard.
« Le blanc de l’œil d’un autre est la verrerie dans laquelle notre regard boit. »
Le blanc de l’œil apparait comme le verre du regard. L’iris apparait comme la cuillère du regard. La pupille apparait comme la seringue du regard. L’orbite apparait comme la bouteille du regard.
« Le blanc de l’œil est le bracelet de la face. La bouche en est la superbroche, pendentifs des narines … collier de perles des dents. »
Le blanc de l’œil apparait comme la bague des joues. La bouche apparait comme le collier du crâne. Les narines apparaissent comme les rubans de la bouche. L’iris apparait comme la pierrerie de la parole.
« De l’œil, la pupille est la bouche, l’iris l’estomac et le blanc de l’œil les boyaux et le croupion. »
La pupille apparait comme le nez de l’œil. L’iris apparait comme la bouche de l’œil. Le blanc de l’œil apparait comme les hanches de l’œil.
La pupille révèle la poupée russe de l’espoir. La pupille révèle la poupée russe de l’infime. La pupille révèle la poupée russe de l’espoir infime.
« La colère nous met le blanc de l’œil dans l’iris et l’iris dans le blanc de l’œil. »
La honte met la pupille à l’intérieur du blanc de l’œil et le blanc de l’œil à l’intérieur de la pupille. L’excitation met la pupille à l’intérieur de l’iris et l’iris à l’intérieur de la pupille.
« Les paupières mettent des guillemets à chaque mot du regard. »
La pupille met un point à chaque mot du regard. L’iris met un point d’exclamation à chaque mot du regard. Le blanc de l’œil met des parenthèses à chaque mot du regard.
La pupille révèle les points, les virgules et les points-virgules du regard. L’iris indique les points d’exclamation du regard. Le blanc de l’œil révèle les parenthèses du regard. Les paupières révèlent les guillemets du regard. Les cils révèlent les alinéas du regard. Les sourcils indiquent les tirets et les points d’interrogation du regard.
« Dans l’iris, la couleur est clouée à la forme. »
L’iris cloue la couleur à la forme. L’iris cloue la posture de la couleur au vide de la forme. L’iris cloue le silence de la couleur au vide de la forme. L’iris cloue le silence de la couleur à l’illusion de la forme. L’iris cloue la posture de silence de la couleur au vide d’illusion de la forme. L’iris cloue la certitude de la couleur à l’illusion de la forme. L’iris cloue le silence de certitude de la couleur au vide d’illusion de la forme.
A l’instant de la méditation, l’homme dessine avec le blanc de l’œil. A l’instant de l’intuition, l’homme sculpte avec l’iris. A l’instant de l’émotion, l’homme peint avec la pupille.
« De deux yeux qui nous regardent, on voit les pupilles un, l’iris deux et le blanc de l’œil innombrable. »
Des yeux qui nous regardent, nous voyons les pupilles deux, l’iris unique et le blanc de l’œil innombrable.
« Sourcils épilés fardent la pupille. Cils peints déshabillent l’iris. »
Les sourcils épilés fardent la pupille et abolissent le blanc de l’œil. Les cils peints déshabillent l’iris et oscillent le blanc de l’œil.
« Le cou est le front du corps. »
Le cou n’appartient ni au visage ni au corps. Le cou apparait comme le lieu où le visage et le corps se rencontrent. Le cou apparait à la fois comme le lieu et le lien où le visage et le corps se rencontrent. Le cou affirme le comme de caoutchouc, le caoutchouc de comme par lequel coïncide le visage et le corps, par lequel coïncide le visage et la chair. Le cou apparait ainsi comme le lien du visage comme et du corps comme. Le cou affirme le comme de caoutchouc, le caoutchouc de comme, par lequel le visage et la chair déclarent leur connivence. Le cou affirme le lieu où le visage et la chair se touchent à leurs sommets. Le cou apparait ainsi à la fois paradoxalement comme le sommet du visage et comme le sommet du corps, comme le sommet du visage et comme le sommet de la chair. Le cou apparait ainsi paradoxalement à la fois comme le sommet de lucidité du visage et comme le sommet du sommeil de la chair. Et qui sait parfois aussi à l’inverse comme le sommet de sommeil du visage et comme le sommet de lucidité de la chair.
« Le cou est sous la dépendance directe du regard. »
La couleur du cou provoque la forme du regard. La couleur du cou crée la forme du regard. La posture de couleur du cou provoque la forme d’habitude du regard. La posture de couleur du cou crée la forme d’habitude du regard. La posture de couleur du cou crée le geste d’habitude du regard. La posture de couleur du cou crée le geste d’hébétude du regard. La posture de couleur du cou crée le geste de certitude du regard, le geste de certitude hébétée du regard.
« Toutes les lignes psychiques du corps et du visage aboutissent à la nuque pour nous relier au monde de l’invisible. La nuque est notre nombril psychique. »
Les trajectoires des sensations de la chair et du visage apparaissent destinées à s’évanouir à l’intérieur de la nuque. Par cet évanouissement à l‘intérieur de la nuque, les sensations nous relient à la certitude du monde, à la certitude immanente du monde.
La nuque apparait comme la guillotine des sensations. La nuque apparait comme la guillotine de distinction des sensations. La nuque apparait comme la guillotine de clandestinité des sensations. La nuque apparait comme la guillotine de distinction clandestine des sensations, comme la guillotine de clandestinité distincte des sensations.
A l’intérieur de la nuque, le destin guillotine la sensation. A l’intérieur de la nuque, le destin guillotine la sensation et transforme ainsi la sensation en certitude.
« Le sourire nous décapite du front. »
Le sourire scalpe la passion du crâne. Le sourire scalpe le vide du crâne. Le sourire scalpe la passion de vide du crâne. Le sourire scalpe la lettre du crâne. Le sourire scalpe la passion de lettre du crâne. Le sourire scalpe la lettre de vide du crâne.
« Le rire est intellectuel et le sourire est sexuel. »
Le rire apparait à la fois cérébral et viscéral. Le sourire s’insinue à la fois par les cils et par le cou. Le sourire évoque les cils du cou. Le sourire inscrit les cils du cou. Le sourire incruste les cils du cou. Le sourire évoque les cils d’illusion du cou. Le sourire inscrit les cils d’illusion du cou. Le sourire incruste les cils d’illusion du cou.
« Le rire bat les cartes des traits, que le sourire de la fin redistribue ensuite sur la face. »
Le rire bat les cartes des traits du visage. Le sourire caresse la règle du jeu de la face. Le sourire à la fois caresse et subtilise la règle du jeu de la face.
« Le rire est un éternuement de l’imagination. »
Le rire éternue l’imagination. Le rire éternue l’imagination à l’intérieur de la poussière du sang. Le rire éternue l’imagination à l’intérieur de la poussière de certitude du sang.
« Ne jamais biaiser, ça coupe le souffle du génie. »
La ruse développe le talent. La candeur intensifie le génie. La ruse développe la tristesse du talent. La candeur provoque la jubilation du génie.
« La société te pardonnera plus facilement ton indépendance de vie que ton indépendance de pensée. »
La société pardonne plus souvent l’indépendance de vie que l’indépendance de pensée et pardonne plus souvent l’indépendance de pensée que la solitude de l’imagination.
« Le savoir est le fard de l’intelligence. »
Le savoir apparait comme le cosmétique de l’imagination. Le savoir apparait comme la saveur de l’imagination, comme la saveur cosmétique de l’imagination.
« Notre nom est le centre nerveux de notre moi. »
Le prénom apparait comme le cœur de l’imagination. Le prénom apparait comme l’os de l’imagination. Le prénom apparait comme le cœur d’os de l’imagination.
« Excès d’imagination raccourcit la volonté. »
L’excès d’imagination met des ongles à la volonté. L’excès d’imagination met des ongles de vide à la volonté. L’excès d’imagination met des ongles de phosphore à la volonté, des ongles de vide phosphorescent à la volonté.
« La mémoire est le dortoir de la pensée et le bureau-bibliothèque de l’imagination. »
Parfois la mémoire apparait comme la table de l’intuition et comme le lit de l’imagination. Parfois la mémoire apparait comme le lit de l’intuition et comme la table de l’imagination.
« La mémoire a cinq portes d’entrées : les cinq sens et une porte unique de sortie : l’imagination. »
Il y a ainsi différents types de poètes. Ceux pour qui l’imagination apparait comme la porte de sortie de la mémoire. Ceux pour qui la mémoire apparait comme la porte d’entrée de l’imagination. Ceux pour l’imagination apparait comme une maison dont la mémoire apparait comme la porte d’entrée et les cinq sens comme les portes de sorties. Ceux pour qui l’imagination apparait comme une maison dont les cinq sens apparaissent comme les portes d’entrée et la mémoire comme la porte de sortie. Ceux pour qui la mémoire apparait comme une maison dont l’imagination apparait comme la porte d’entrée et les cinq sens comme les portes de sorties. Ceux pour qui la mémoire apparait comme une maison dont les cinq sens apparaissent comme les portes d’entrées et l’imagination comme la porte de sortie. Ceux pour qui la sensation apparait comme une maison dont la mémoire apparait comme la porte d’entrée et l’imagination comme la porte de sortie. Ceux pour qui la sensation apparait comme une maison dont l’imagination apparait comme la porte d’entrée et la mémoire comme la porte de sortie.
« Décentrages de la mémoire et de l’imagination sont causes de toutes les formes de bégaiement. »
Ce qui provoque le bégaiement c’est la subsistance de la pensée entre la mémoire et l’imagination. Ce qui provoque le bégaiement c’est la subsistance d’un aspect de la pensée entre la mémoire et l’imagination. A l’inverse quand entre la mémoire et l’imagination se trouve le vide de l‘intuition, le vide impur de l’intuition, le bégaiement disparait et apparait ainsi la grâce de la répétition.
« D’aucuns expliquent le miracle créateur par l’inspiration oublient le nombre de fois que nous sommes inspirés et que nous ne créons pas. »
Lorsqu’un artiste fait l’expérience incessante de moments d’inspiration sans création, il devient fou. L’artiste ne devient jamais fou quand il crée. L’artiste devient fou lorsqu’il est inspiré et qu’il ne crée pas. L’artiste devient fou lorsqu’il est inspiré et que cependant les circonstances sociales dans lesquelles il évolue sont si antagonistes à son inspiration qu’il ne crée pas. L’artiste est alors obligé de changer des formes destinées à apparaitre comme œuvres à savoir comme choses du monde, en idées de son cerveau, en idées de son cerveau qui n’apparaissent pas à l’intérieur du monde parce que le temps de leur apparition est désormais passé. En effet l’artiste ne crée pas uniquement des formes. L’artiste crée surtout des formes à l’intérieur d’un temps et d’un espace précis. Lorsque l’inspiration est incarcérée à travers la gluance sociale, les formes de cette inspiration ne sont plus aptes à apparaitre à l’instant et au lieu de leur adresse exacte, à l’instant et au lieu de leur destination exacte. Ces formes de l’inspiration changées en idées virtuelles du cerveau soit l’artiste choisit de ne pas les montrer au dehors, soit il choisit de les révéler malgré tout à l’intérieur d’un temps et d’un espace inexacts. L’artiste choisit alors de trahir l’instant et le lieu de la venue au monde des formes de son œuvre. Dans ces conditions, il ne fait que révéler des formes sans parvenir à les faire apparaitre, sans parvenir à les donner à apparaitre. Lorsqu’un artiste est inspiré et que sa situation sociale lui interdit de créer, il est alors condamné à produire des ersatz. Soit ces ersatz subsistent alors parmi son cerveau en tant que fantômes d’œuvres, fantômes d’œuvres avortées qui parasitent le vide de son âme. Soit l’artiste accepte d’exposer ces ersatz au dehors, de proposer ces ersatz au regard des autres et ces ersatz parasitent alors l’existence de son œuvre même.
« Le nombre de fois où nous sommes inspirés et que nous ne créons pas : en ces moments nous voyons clairs en nous-mêmes, mais assiégés par l‘ombre… »
L’inspiration devient création quand la clarté du monde qui provoque cette inspiration a plus d’intensité que la puissance d’interdiction de la société humaine. En effet, les sociétés humaines ne désirent pas l’existence de l’art. Ce qui veut l’existence de l’art, ce n’est pas la société des hommes. Ce qui veut l’existence de l’art, c’est le monde même. Et ce qui veut l’existence de l’art ce sont aussi les fragments de monde incrustés à l’intérieur de chaque homme à savoir l’instinct de la civilisation.
« Notre déséquilibre à tous vient de ce que nous ne trouvons pas toujours d’assise à nos pensées dans nos sentiments et pas toujours d’assise à nos sentiments dans nos pensées. »
Le problème de l’éthique c’est le problème du porter. Le problème de l’éthique c’est le problème à la fois de comment porter une pensée avec un sentiment et aussi de comment porter un sentiment avec une pensée. Le problème de l’imagination c’est plutôt le problème de l’ouverture, le problème à la fois de comment ouvrir une intuition avec un sentiment et de comment ouvrir un sentiment avec une sensation.
« Nous sommes dans notre œuvre comme Dieu dans la nature, en projection et déjection. »
L’œuvre d’art apparait à la fois comme une sécrétion du corps et comme une sublimation de la chair de celui qui crée cette œuvre.
« La vérité se laisse parfois photographier mais jamais filmer. »
Le problème de l’art n’est pas celui de révéler la vérité. Le problème de l’art c’est plutôt de savoir comment utiliser la vérité. Le problème de l’art c’est de savoir comme transformer la vérité en outil, comment utiliser la vérité afin d’inventer des formes. Il y a ainsi des écrivains qui utilisent la vérité comme stylo et d’autres écrivains qui utilisent la vérité comme papier. Il y a de même des peintres qui utilisent la vérité comme pinceau et d’autres la vérité comme toile. Il y a enfin des cinéastes qui utilisent la vérité comme caméra et d’autres qui utilisent la vérité comme écran. L’essayiste utilise la vérité comme stylo. Le poète utilise la vérité comme papier.
L’auteur d’aphorismes n’écrit pas sur une page blanche. L’auteur d’aphorismes écrit avec le stylo du blanc, avec le stylo du silence, avec le stylo de blanc du silence. L’auteur d’aphorismes écrit avec le stylo de blanc du silence, avec le stylo de silence du blanc sur la page noire de la vérité.
« On a l’écriture de sa démarche. »
Ecrire c’est marcher à la surface du papier. Ecrire c’est marcher à la surface du papier comme nager à l’intérieur du feu. Ecrire c’est nager à l’intérieur du papier comme marcher à la surface du feu.
« Il faut juger de la musique assis et de la peinture debout. »
Il apparait préférable de contempler la sculpture accroupi et de contempler l’écriture allongé. Il apparait préférable de contempler l’écriture allongé afin d’approcher l’écriture de manière à la fois solennelle et indigne, de manière à la fois tranquille et obscène.
« Le but suprême de l’architecture est d’imiter la forme des arbres. »
L’architecture essaie de créer des arbres de pierres. L’architecture essaie de créer des arbres de pierres comme des demeures de plantes. L’architecture essaie de projeter le temps végétal à la surface de l’espace minéral comme de projeter le temps minéral à la surface de l’espace végétal.
« La pierre immobile a toujours visage sur le sol. »
La pierre immobile a toujours la face sur les fesses de la terre comme les fesses sur la face du ciel.
« L’extrême de la nudité ? L’eau. »
L’eau apparait comme la nudité absolue. L’eau apparait comme la nudité absolue parce que l’apparition de l’eau dénude d’un seul geste l’espace et le temps.
« Dans les torrents, l’eau prend son bain. »
A l’intérieur du torrent, l’eau prend un bain de bonds.
« L’eau a des mains, des bras mais pas de poignets. »
A l’intérieur du torrent, l’eau a des poignets. A l’intérieur du torrent, l’eau a des poitrines de poignets.
« L’eau nous repousse des mains, les objets durs du poignet, la machine du coude, et l’air des bras. »
L’eau nous appelle avec la poitrine. L’air nous appelle avec les mains.
Seul le dos de la main sait comment écouter l’odeur de l’eau.
Avec de l’eau jusqu’au cou, les démarches du corps humain ne sont ni semblables ni singulières. Avec de l’eau jusqu’au cou, ce n’est plus le corps qui marche, c’est la tête. Avec de l’eau jusqu’au cou, chaque tête d’homme marche à la manière d’un animal particulier. Avec de l’eau jusqu’au cou, chaque tête d’homme marche selon un style animal particulier.
« L’arbre a autant de nords que de branches. »
L’arbre a autant de nords que de branches et autant de silences que de racines. L’arbre a autant de paroles que de branches, autant de regards que de feuilles et autant de mains que de racines.
« L’arbre qui tombe semble toujours être tombé sur le dos … L’explication en est simple, à part la fleur, la nature toute entière est en dos. »
L’arbre debout apparait comme une danse immobile composée d’innombrables dos. L’arbre debout apparait comme une danse immobile composée d’innombrables tacts, d’innombrables tacts du dos. Malgré tout quand l’arbre tombe, l’arbre ne tombe pas sur le dos. En effet, tomber pour l’arbre c’est perdre son dos. Quand l’arbre repose allongé sur la terre, l’arbre perd son dos.
« Pour peindre le nu, le corps humain ne pourrait l’aider qu’à en fixer la forme. L’âme même du nu seuls les arbres peuvent la lui révéler. »
L’arbre déclare l’âme de la nudité parce que l’arbre dénude sa forme même. L’arbre dénude sa forme par son immobilité. L’arbre dénude sa forme par la posture de son immobilité. L’arbre dénude sa forme par la posture de sa métamorphose, par la métamorphose de son immobilité, par la posture de métamorphose de son immobilité.
Le feuillage orchestre le regard. Le bruissement du feuillage orchestre le regard. L’odeur du feuillage mélodise la bouche.
« La nature n’est accueillante que pour ceux qui ne s’y cherchent pas. »
La nature inquiète ceux qui y cherchent la révélation d’un sens ou d’une vérité. La nature apaise simplement ceux qui y trouvent des formes de la matière, des postures de la matière.
« Le cube est introuvable chez les plantes, car dans la trame de la nature il aurait fait trou. »
Quadriller la nature révèle le désir de transmuter la nature en un tissu de trous, en un tissu d’écarts, en un tissu d’écarts incarcérés.
« La lumière est assise dans la fleur, étendue sur la feuille, debout contre le tronc, à califourchon sur les branches et à quatre pattes sur le sol. »
La lumière apparait assise à l’intérieur de la fleur, accroupie à l’intérieur du fruit, debout contre le tronc des arbres, allongée sur le dos à la surface des feuilles, allongée sur le ventre à la surface de la terre, et à quatre pattes à la surface des pierres.
« Lorsqu’il leur arrive de se farder, les fleurs se mettent du jaune. »
Les fleurs se maquillent avec la lumière du soleil et se démaquillent avec le bleu du ciel.
« Le sexe est le soleil de l’imagination. »
Le soleil apparait comme le sexe du ciel. Le soleil apparait comme le cerveau du ciel. Le soleil apparait comme le sexe-cerveau du ciel.
« Le clair de lune c’est la lumière gantée. »
La clarté de la lune gante la lumière. La clarté de la lune gante la lumière à l’intérieur de la main de l’œil.
« La terre a toujours une odeur de neuf. »
La terre a toujours une odeur de vieillesse neuve. La terre a toujours une odeur de vieillesse fraiche, une odeur de fraicheur âgée, une odeur de fraicheur immémoriale.
« Toute la nature sous la pluie présente sa nuque. »
La pluie pullule la nuque du vide. La pluie pullule la nuque de vide de la matière. La pluie pullule la nuque de vide de la matière et particularise la poitrine de matière du vide.
« La couleur et la forme sont les deux yeux de l’espace. Le crépuscule qui estompe les couleurs rend l’espace borgne. »
La couleur et la forme apparaissent comme les deux mains du présent. Au crépuscule, le présent semble manchot.
« La couleur est le menuisier de l’espace. »
La couleur sculpte l’espace. La couleur surgit comme le sculpteur de l’espace. Le dessin révèle la menuiserie du temps.
« Le rouge beugle, le vert brame, le vermillon miaule, le violet hulule, le bleu siffle, le rose roucoule, le marron caquette, et le jaune aboie. »
Le rouge aboie. Le jaune miaule. Le vert brame. Le violet roucoule. Le bleu bêle. Le rose zozote. Le marron marmonne. L’orange hulule. Le gris ronronne. Le blanc rabote. Et le noir ânonne.
« La couleur, ce sont les fenêtres de l’espace. »
La fenêtre filtre le temps. La fenêtre filtre les couleurs du temps. La fenêtre filtre le vide du temps. La fenêtre filtre les couleurs de vide du temps.
« L’avenir est devant nous, le passé est derrière nous. Mais de côté quelle sorte de temps trouve-t-on ? »
Sur le côté du corps il y a amalgamés le passé et l’avenir des autres. L’avenir des autres n’est jamais devant notre corps. Le passé des autres n’est jamais derrière notre corps. Et de même sur le côté du corps, il n’y a jamais le présent des autres. Le présent des autres se trouve soit devant soit derrière notre corps C’est pourquoi l’espace-temps de la vie en société est un espace-temps diagonal, oblique. Le temps qui se tient à proximité de la chair, aux alentours de la chair c’est le temps de l’amnésie du destin.
« Temps et espace sont les deux parties d’une même agrafe. »
Le temps et l’espace composent un seul et unique clou. Le temps et l’espace composent le clou du destin. Le temps et l’espace composent la solitude du destin. Le temps et l’espace composent le clou de solitude du destin.