Folie
La folie est de se faire une raison.
La folie est de se faire une raison de l’enfer du néant.
La folie est de se faire une raison du confort de la guerre entre les organes de son propre corps.
La folie est de se faire une raison du désir d’éternité de son cadavre.
Le fou est la foule qu’il refuse.
La folie est une foulie. Le fou désire appartenir à une foule. Le fou respecte les phantasmes de la foule. Le fou désire représenter la foule à travers l’isolement de son cerveau.
La folie est d'incorporer la foule en tant que lumière de la loi.
La folie n’est rien d’autre que le manque d’imagination.
La folie est de se croire l’instance même de la différenciation du vrai et du faux. La folie est d’incorporer la différence du vrai et du faux en tant que simulacre de l’infini des possibles.
La folie est de n’avoir plus d’autre sentiment que son insomnie. La folie anéantit les métamorphoses incroyables de la bêtise à travers la succession de têtes-tétines de l’insomnie.
Une farce folle. Sacrifier sa vie à une idée après avoir démontré méthodiquement sa fausseté.
La folie est de confondre la fleur et l’infini.
La folie oblige l’homme à se croire fatigué de dormir.
La folie est le désir d’être crucifié à sa propre absence.
La folie est de ressusciter de profil.
La folie fomente une symphonie d’œufs muets.
Le malheur du fou est de survivre à l’acte d’avaler la totalité de l’univers tel un œuf.
Chaque organe du corps du schizophrène subsiste en tant que masque d’éternité éphémère d'un autre organe.
Le schizophrène survit à travers des morceaux de corps de ressuscités distraits qu’il s’est greffé sur la virgule d’infini de son absence de corps.
Le schizophrène est la fosse commune de Babel. Chacun de ses organes parle une langue que les autres organes ne parlent pas et que cependant ils écoutent en tant que musique d’une germination de guerre.