Athéisme
Le monde a été créé par l’oubli de Dieu à l’exception de l’homme qui a été pensé à travers le cerveau du diable.
L’oubli de Dieu a inventé le monde comme un artiste crée une œuvre, c’est-à-dire afin de ne plus avoir à y penser. Cependant Dieu continue encore d’y penser et il se croit obligé à chaque seconde de gommer des morceaux du monde pour les corriger.
Il est inutile de se situer en fonction du néant de Dieu. Il apparait seulement préférable de parvenir à provoquer le tournoiement de l’oubli de Dieu. Il apparait seulement préférable d’utoupiser l’oubli de Dieu comme météore satellite de son âme.
L’athéisme détruit l’attente.
Celui qui attend Dieu s’ennuie. Celui qui attend l’absence de Dieu ressuscite en tant qu’anonymat du suicide. Celui que l’absence de Dieu attend survit en tant qu’idiot diabolique.
Celui qui salue l’oubli de Dieu avec la certitude de la main possède l’exclamation de sourire d’une cathédrale à l’intérieur du crâne.
L’athéisme affirme le geste de manger l’oubli de Dieu.
Manger l’oubli de Dieu n’est pas identique à tuer Dieu. Manger l’oubli de Dieu c’est détruire Dieu sans tuer Dieu et affirmer ainsi la décomposition de l’oubli de Dieu à l’intérieur même de sa chair. Manger l’oubli de Dieu c’est refuser que Dieu se décompose à l’infini, c’est refuser que Dieu se décompose à l’air libre. Manger l’oubli de Dieu c’est vouloir devenir le cercueil incarné de l’oubli de Dieu, c’est vouloir devenir la tombe à la fois vivace et transfinie de l’oubli de Dieu. Manger l’oubli de Dieu affirme le paradoxe de vouloir devenir la tombe de chair indestructible de l’oubli de Dieu.
Il y a deux types d’athées. Les athées idiots qui croient néanmoins au calendrier autrement dit les dathées et les athées intenses qui tentent à chaque instant de s’abstraire du calendrier. Le problème éthique des athées intenses est de parvenir à inventer des formes de temps en dehors du christianisme inconscient du calendrier.
Le dathée simule l’athéisme. Le dathée ne croit pas à l’éternité de Dieu, cependant il croit à la chronologie de son absence.
L’athée mystique cherche à savoir à quoi ressemble l’oubli de Dieu à un instant donné.
L’athée mystique essaie d’avoir une conversation de désespoir tranquille avec l’oubli de Dieu.
Le problème de l’athée mystique est de savoir si Dieu est mort et ressuscité avant de naitre ou s’il est mort et ressuscité sans être jamais né.
La souveraineté de l’athéisme considère la lumière de Dieu comme un détail insignifiant du monde.
Pour l’athée mystique, respirer apparait comme un scandale, le scandale de terreur de la grâce.
L’athée mystique affirme l’asthme de la nécessité. Pour l’athée mystique respirer apparait comme un geste rituel, le geste rituel de sentir la chute de poussière du paradis.
L’athée mystique entasse ses sensations à l’intérieur du silence où il demeure. L’athée mystique entasse la certitude de ses sensations à l’intérieur de l’extase de silence où il demeure.