Bonheur
Le bonheur exalte la solitude.
La certitude du bonheur excite le hasard de la solitude.
Le miracle du bonheur affirme le geste de sentir chaque pulsation de la chair comme grâce impardonnable de la nécessité.
Le bonheur révèle une forme d’épouvante frivole.
Le bonheur affirme la coquetterie de l’obscénité.
Le bonheur peaufine le regard de l’abime.
Le bonheur provoque l’exubérance de l’anesthésie.
Le bonheur révèle la décomposition virtuose de la paix.
Le bonheur n’est pas d’avoir raison. Le bonheur donne à sentir l’équilibre de la déraison.
L’efficacité du bonheur affirme le geste d’apparaitre comme hésitation d’un gag. L’efficacité du bonheur affirme le geste d’apparaitre comme hésitation de gag de la grâce.
L’extrême bonheur affirme une forme d’ouverture souveraine au monde si intense que le désir même de protéger son existence disparait. Ainsi, à l’instant de l’extrême bonheur l’existence apparait intégralement vulnérable. C’est pourquoi les hommes ont si peur de la naïveté scandaleuse du bonheur.
Il apparait préférable plutôt que de désirer connaitre les raisons de sa souffrance, de symboliser l’insensé de son bonheur. Symboliser l’insensé de son bonheur transforme son bonheur en jeu de l’immanence souveraine, en jeu de l’immanence absolue.
Lorsque le bonheur désire s’adresser à la totalité des hommes il se change en signe d’une angoisse ignoble.
Il apparait préférable d’exister tranquillement malheureux plutôt que de simuler frénétiquement le bonheur.
L’élégance du bonheur affirme le geste de déposer le lit inexorable de sa lucidité entre la lecture de son existence et le mur tranquille de son oubli.
Seul l’homme a l’aptitude de contempler ce qu’il va ensuite détruire. C’est pourquoi même les habitudes de bonheur de l’homme sont effrayantes.