Pudeur
La pudeur affirme le geste de parer son visage avec sa chair.
La pudeur affirme le geste de parer le jugement dernier de son visage avec l’apocalypse immédiate de sa chair.
La pudeur affirme le jeu incroyable d’apparaitre décapité à blanc par son visage.
La pudeur affirme le geste de sentir l’apparition immédiate du visage comme innocence scandaleuse de l’âme.
La pudeur affirme la paralysie de vide de la chair.
La pudeur approche les statues de sang intact de la chair.
La violence de la pudeur affirme le geste d’abandonner le parachute de sa chair en dehors de tout.
La certitude de la pudeur affirme la pulsion d’oublier l’espèce de l’être par la catastrophe impeccable du dos.
La pudeur affirme le geste d’apparaitre immobile à la surface du temps.
La pudeur survient comme le tact de souveraineté de la chair. La pudeur affirme le tact d’extase de la terreur.
L’extrême pudeur affirme la sensation de la chair déshabillée par son équilibre même. L’extrême pudeur affirme la sensation de la chair dénudée par le vertige de certitude d’apparaitre debout.
La pudeur révèle les formes d’équilibre et de déséquilibre de l’âme. La pudeur sait les postures de l’âme. La pudeur sait qu’il existe une âme debout, une âme allongée, une âme assise, une âme accroupie, une âme à quatre pattes.
La pudeur affirme l’explosion d’intact de la nudité.
La pudeur affirme la nécessité de la nudité comme particularité de la parure en dehors de la pensée. La pudeur affirme la volonté évanouie d’offrir la catastrophe de la nudité comme parure impeccable de l’âme.
La pudeur bande d’oubli.
La pudeur bande par respiration de l’oubli.
La pudeur bande par exubérance de l’anesthésie.
La pudeur bande par respiration d’anesthésie du sang.
La pudeur bande par respiration de silence de l’exubérance immobile. La pudeur bande par respiration d’anesthésie de l’immobilité du sang.
La pudeur bande par obscénité de l’extase.
La pudeur implose de calme. La pudeur affirme la violence impeccable du calme.
La pudeur joue au ping-pong avec la violence du calme.
La pudeur poignarde le dos du ciel. La pudeur amplifie la solitude du ciel.
La pudeur ne pense pas. La forme d’efficacité sans pardon de la pudeur est de ne pas penser.
Il existe un concept de l’excrément et un concept du poil, cependant il n’y a pas de concept de la pudeur.
La pudeur n’est pas d’avoir honte du sexe. La pudeur est d’avoir honte de l’universalité de l’acte sexuel en tant qu’idée.
La voix de translucidité de la pudeur pénètre la peau du sexe sans pénétrer le sexe de la pensée.
La pudeur révèle le tact de celui qui sait que la stupeur du néant a le pouvoir de contaminer chaque chair si la chair n’a pas la volonté de détruire cette stupeur à chaque instant.
La pudeur essaie de détruire la pensée infinie de l’autre afin de sauvegarder intacte l’apparition de son âme. La pudeur révèle la tentation de ne pas sacrifier l’âme de l’autre à travers la distraction infinie de la pensée.
La pudeur révèle la précision de celui qui sait que même la force de la bonté parfois blesse l’autre.
La pudeur n’apparait jamais violée, cependant la pudeur peut être à jamais anéantie.
Ce qu’il reste nécessaire de sauvegarder en dehors de la violence, ce n’est pas le sexe, c’est la pudeur. Il est vain de désirer préserver le sexe du viol, en effet le sexe est toujours déjà violé à travers l’éternel retour de la virginité. La pudeur affirme la forme artificielle du sexe par laquelle le sexe parvient à s’abstraire du viol. La pudeur affirme la forme rituelle du sexe. La pudeur transforme le sexe en excitation cosmétique de l’instinct.
La pudeur allie d’un seul geste mépris et oubli face à ceux que nous ne désirons pas.
La pudeur méprise la vulgarité de la vertu. La pudeur affirme la tentation d’inventer l’éclat de la bienveillance comme parure de l’innommable.
La pudeur préfère adresser la forme particulière de son existence comme parabole de catastrophe du oui.
La pudeur apparaît toujours paradisiaque. La pudeur détruit le diable par l'anesthésie du paradis.
Celui qui n’a peur de rien s’ennuie. La pudeur apparaît terrifiée par la grâce de chaque chose c’est pourquoi elle n’a jamais peur de s’ennuyer.
La pudeur apparait épouvantée par chaque chose du monde sans avoir jamais peur du ridicule.
L'extrême pudeur est de rougir face à la disparition des hommes. L'extrême pudeur est de rougir face au vent, aux arbres, aux pierres, à l’océan.
La pudeur affirme l’ascèse de l’irresponsabilité.
La pudeur affirme le plaisir afini d’apparaître à la surface du destin. La pudeur affirme le plaisir afini de mépriser le désir de la vérité à la surface du destin.
La pudeur affirme le geste de sauvegarder la sensation du destin à l’intérieur de la sauvagerie de son prénom.
L’homme éperdument pudique pare son visage avec ses mains quand il rit.
La fable de la pudeur est d’offusquer le rire de son visage avec le sourire de ses mains.
La pudeur révèle la forme acéphale de la main. La pudeur révèle la forme acéphale de la main à l’instant où elle pense à, c’est à dire à l’instant où elle pense à l’ascèse de la respiration.
La pudeur affirme le miracle d’humour d’apparaitre à l’intérieur de sa disparition.
La pudeur révèle la grâce sans pardon de savoir comment faire disparaître sa mort sans malgré tout devenir éternel. La pudeur révèle le don sans pardon de mourir par la jouissance injuste de sa disparition.
La pudeur révèle ce qui reste du corps avant que nous soyons nés comme ce qui reste de notre regard après que nous soyons morts.
La pudeur n’est pas une vertu. La pudeur n’est pas un vice. La pudeur apparait comme un scandale de gentillesse. La pudeur ne transgresse pas la loi. La pudeur méprise la loi. La pudeur ne désire pas préserver une pureté. La pudeur essaie d’affirmer l’unicité d’une impureté.
La pudeur apparait troublée par l‘ordre du jour. La pudeur préfère la précision de la nuit à l’ordre du jour. La pudeur affirme la pulsion d’apparaitre paré par la précision de la nuit.
La pudeur affirme le déshabillage bestial du langage. La pudeur effectue le strip-tease tacite de la translucidité obscure de l’âme.
La pudeur juxtapose les louanges d’absurdité du sommeil.
La pudeur ne compte pas sur ses doigts. La pudeur ne compte pas avec le cerveau. La pudeur compte avec les vagues de l'océan.
La pudeur pose une goutte d’eau à l’extrémité de la disparition de l’océan.
La pudeur écrit des lettres. La pudeur révèle l’œuvre d’inconnu de l’intime.
Le scandale de sagesse de la pudeur jouit de toucher chaque chair comme lettre de hasard du vide.
La voix de la pudeur a la passion de transformer des montagnes de regards en vitres d’immédiat.