Péché

 

 

 

 

 

 

 

Le péché n’est pas une catégorie de la pensée. Le péché est l’essence même de la pensée. Le péché est la publicité universelle de la pensée.

 

 

 

Le péché est de croire à la vérité. Le péché est de ne pas faire de différence entre la connaissance et la croyance.

 

 

 

Le péché est le désir d’effacer le mal à travers la connaissance. Le péché est de concevoir la loi morale en tant que limite infinie de la connaissance.

 

 

 

Le péché est la vanité de croire qu’il est possible de différencier le bien et le mal à travers la médiation exclusive de la connaissance. Le péché est de nier les événements de la bonté et de la méchanceté à travers l’acte de changer les événements de la bonté et de la méchanceté en objets neutres de la connaissance du bien et du mal.

 

 

 

Il y a une faute plus abjecte que celle de ne pas désirer connaitre, c’est de croire en sa connaissance, c’est de changer sa connaissance en ultimatum de sa croyance.

 

 

 

L’homme jalouse la connaissance divine de la vie. Le péché de l’homme est de jalouser la connaissance de Dieu. Le péché de l’homme est de préférer connaitre ce qui est plutôt que de savourer ce qui apparait. Le péché de l’homme est de parier sur l’éternité de l’arbre de la connaissance plutôt que sur l’immédiateté de l’arbre de la création. Et c’est justement parce que l’homme parie sur l’éternité de la connaissance plutôt que sur l’instant de l’invention qu’il se condamne à être mort pendant la totalité de sa vie.

 

 

 

 

 

Le péché de la pensée est de nier le vouloir. Le péché est de désirer le n’importe quoi de l’éternité.

 

 

 

Le péché est l’espoir insenti de l’espèce de l’être. Le péché est le narcissisme de stupeur de l’espèce de l’être.

 

 

 

Le péché est la peste de pureté de l’espèce de l’être. Le péché est le désir d’être engendré à travers le jugement de pureté du néant.

 

 

 

 

 

Le péché est de diviniser le possible.

 

 

 

Le péché est de douter en Dieu. Le péché est d’employer Dieu pour pouvoir douter à l’infini.

 

 

 

Le péché est d’employer Dieu en tant que miroir. Le péché est de croire être Dieu à la seconde même où l’on est devant l’image de Dieu.

 

 

 

Le péché est de croire qu’il est possible d’être responsable de la totalité de l’espèce humaine. L’orgueil du péché est de se croire identique au Christ. L’orgueil du péché est de se croire identique au Christ comme si de rien n’était.

 

 

 

 

 

Le péché est de croire en la lumière infinie du paradis. Le péché est de croire que l’infini de l’enfer est la limite du paradis. Le péché est de croire que la limite infinie du paradis est la lumière de Dieu.

 

 

 

Le péché n’est pas d’être exclu du paradis. Le péché est d’exclure le paradis de sa chair à travers l’acte de croire que le paradis se situe obligatoirement ailleurs.

 

 

 

La stupidité de péché est de prétendre que le paradis est mensonger et l’enfer authentique.

 

 

 

Le péché est de vivre au paradis et d’y avoir peur en croyant que c’est l’enfer.

 

 

 

Le péché anéantit le miracle de plaisanter au paradis.

 

 

 

 

 

Ce qui est coupable n'est que possible. La pitié universelle est coupable.

 

 

 

La culpabilité est le désir de ressusciter à son insu. La culpabilité est le désir de ressusciter à travers la distraction de sa conscience.

 

 

 

La stupidité de la culpabilité est d’incriminer le miracle du sommeil.

 

 

 

 

 

Le coupable a peur du ridicule. Le coupable a peur du ridicule d’apparaitre. Le coupable a peur du ridicule d’apparaitre comme illusion de nécessité du sang.

 

 

 

La stupidité de la culpabilité est le désir de connaitre la raison de sa chute. La stupidité de la culpabilité est le désir de justifier sa chute.

 

 

 

La culpabilité est la plus vulgaire des perversions. La culpabilité est la perversion d’être haï à travers la lumière de son propre visage.

 

 

 

 

 

La culpabilité est de se divertir de son absence d’âme en annotant des lettres anonymes d’insomnie.

 

 

 

La stupidité de la culpabilité est de flatter sa souffrance en lui envoyant des lettres d’amour anonymes.

 

 

 

La culpabilité est d’envoyer des menaces de mort anonymes à son propre corps en attendant de façon inquiète la non-réponse d’un aveu en retour, aveu identique à une prophétie de l’insignifiant.

 

 

 

 

 

La culpabilité change la faim en phantasme. La culpabilité est la constipation du pur esprit.

 

 

 

Un homme qui n’évacuerait aucun excrément ignorerait le sentiment de la honte, cependant il subsisterait en tant que vérité même de la culpabilité.